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Interporc FC : petit mais costaud !

Légende : Jean-Michel Guignard, éleveur à Chapelle-d’Huin a été élu président d'interporc Franche-Comté en remplacement de Philippe Monnet. Crédit photo : S.Vivot/TCN
Légende : Jean-Michel Guignard, éleveur à Chapelle-d’Huin a été élu président d'interporc Franche-Comté en remplacement de Philippe Monnet. Crédit photo : S.Vivot/TCN

L'assemblée générale d'Interporc Franche-Comté a eu lieu en république du Saugeais, à Gilley le mercredi 29 mai. Au tuyé du Papy Gaby, à quelques mètres de la grande cheminée où sont fumées les spécialités charcutières régionales, Philippe Bizien, président d'Inaporc (interprofession porcine) a découvert les vertus de la filière porcine régionale.

En présence d'une trentaine d'acteurs de la filière régionale porcine, Philippe Monnet a tenu sa dernière assemblée générale en tant que président d'Interporc Franche-comté. À ses côtés, un autre Philippe, venu du Finistère, découvrait la Franche-Comté. « Ma ferme est à moins de 2 km de la mer, les paysages sont magnifiques mais j'avoue que je suis enchanté par la beauté de la Franche-Comté » a commenté Philippe Bizien. Foulant pour première fois le sol franc-comtois, le président d'Inaporc a découvert le travail mené par la filière porcine régionale.

Toujours plus qualitatif

Appui technique aux élevages, gestion des cahiers des charges, contrôles internes mais aussi communication et animation ont mobilisé 5,8 équivalents temps plein œuvrant au quotidien pour la structure. « Après trois ans de mouvement de personnel, notamment un départ en retraite en 2023, nous sommes aujourd'hui au complet » a annoncé la directrice d'Interporc Franche-Comté, Claire Legrand.

Près de 171 sites de production sont recensés. La production régionale représente 0,7 % de la production nationale et 1,3 % des porcs abattus en France. Un tout-petit, voire un minuscule mais qui possède en son arc bien des cordes qui font des envieux. « L'attache régionale est forte. 97 % des porcs produits sont abattus en Franche-Comté sous signes officiels de qualité, label et IGP. Le lien avec les fruitières est conséquent. On a coutume de dire qu'une vache produit 5 porcs, grâce au lactosérum. Les effluents permettent de fertiliser 1 ha de prairies qui sert de fourrage aux bovins. Nous sommes dans une économie circulaire totalement vertueuse car tout se passe en local » précise la directrice. Détaillant la valorisation d'un porc de 100 kg, les participants ont découvert que 14 kg étaient destinés à l'IGP viande de porc de Franche-Comté, 21 kg à destination des deux IGP saucisses de morteau et de montbéliard, le reste sous le signe "viande de porcs français". Ce dernier signe évolue d'ailleurs et deviendra "Le porc français". Il nécessite un nouvel engagement de la part des producteurs.

Des sujets brûlants

Après plusieurs échanges avec l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), un projet de performance environnementale de la filière a vu le jour. Optiporc est une démarche d'optimisation environnementale. « Il est primordial de disposer de données propres à la région. L'élevage franc-comtois est différent de la moyenne des élevages français » argumente Philippe Monnet. Les porcheries sont plus petites, les rations différentes avec l'apport de lactosérum qui varient de 15 à 35 % de la ration. « Nous avons recueilli les données des éleveurs et consolidé celles dont nous disposions pour l'abattage, la découpe et la transformation » ajoute Claire Legrand. Un travail réalisé par Interporc FC qui permettra d'évaluer les travaux à engager pour réduire l'impact environnemental. Ce travail fouillé sera présenté lors de la journée porcine régionale le 4 novembre.

« Sur le travail de fond que nous avons engagé, il y a aussi la création d'un indicateur de coût de production propre à notre région » indique Philippe Monnet. Valorisés sous signes officiels de qualité, les porcs francs-comtois sont payés sur la base du marché du porc breton. « L'objectif de cet indicateur est de permettre une connexion entre le prix de vente et le coût de production » détaille la directrice. Ainsi, il inclut une rémunération des éleveurs à hauteur de 1,8 SMIC, le renouvellement du parc bâtiment dans l'intérêt des éleveurs et des animaux et dans l'objectif de favoriser la transmission et les installations.
L'intégration des coûts et des surcoûts spécifiques au territoire. Des états généraux de l'alimentation version régionale en quelque sorte avec à la clé l'assurance pour l'éleveur, trop souvent variable d'ajustement du prix, de ne pas perdre d'argent. Les modalités de calcul ont été finalisées à l'automne 2023. La reconnaissance est maintenant attendue par France Agrimer et Inaporc.

Maintenir la production

Du côté d'Inaporc, Philippe Bizien, président de l'interprofession porcine depuis septembre dernier et éleveur dans le Finistère, a mis quelques éléments clés en lumière. « La viande de porc est la viande la plus consommée en France. Elle est la seule production pour laquelle nous sommes autosuffisants. Malheureusement dès l'an prochain, cela risque de ne plus être le cas » introduit le président. En référence à Egalim, Philippe Bizien s'est dit en accord avec une réflexion sur le coût de production plutôt que sur le seul indicateur qu'est le marché du porc breton. Soulignant que depuis trois ans, 10 % de la production a disparu, que des abattoirs ferment et que certains salaisonniers sont en difficulté, c'est une autoroute à l'importation qui se profile.
« Il faut tout faire pour maintenir la production » poursuit l'éleveur finistérien. « Nous avons l'assentiment des responsables politiques sur les remèdes à apporter mais nous nous heurtons à des forces contraires au sein des ministères et dans les administrations » énumère-t-il.

Le raisonnement qui consiste à diminuer l'élevage pour atteindre les objectifs carbone gagne du terrain. Cependant, le président veut croire qu'à l'image des produits qui sont proposés en Franche-Comté, la filière porcine a de l'avenir. « Il y a 450 recettes charcutières proposées en France. Nos produits sont attendus » constate le responsable de l'interprofession porcine. Avec 60 % des porcs détenus en 2024 par des éleveurs de plus de 55 ans, l'urgence consiste à attirer des jeunes vers la filière porcine. Interrogé sur la relation avec les différentes régions, le président d'Inaporc a rappelé que « nous n'avons lieu d'être au national que si les acteurs en région existent et c'est valable pour toutes les régions ».

Un nouveau visage à la présidence

Jean-Michel Guignard, éleveur de porcs à Chapelle-d’Huin, succède à Philippe Monnet à la tête d'Interporc Franche-Comté. « Cela fait une petite année que je suis les dossiers avec un œil plus assidu. Philippe Monnet nous avait fait part de sa volonté de passer le relais » explique le nouveau président. Âgé de 51 ans, Jean-Michel Guignard a été élu président lors d'un conseil d'administration qui s'est tenu dans la foulée de l'assemblée générale du mercredi 29 mai. Il possède un atelier naisseur et engraisseur qui compte une soixantaine de truies. Il travaille en Gaec à 3 associés sur la commune de Chapelle-d’Huin. La ferme compte également une production laitière collectée par la fruitière du village, qui transforme le lait en comté, ainsi qu'un atelier ovin avec 140 brebis. « Nous récupérons un tiers du lactosérum de la fruitière pour alimenter nos porcs. Nos animaux sont destinés aux trois IGP Porc de Franche-Comté, saucisses de morteau et de montbéliard » précise le nouveau président d'Interporc. Avec les membres du conseil d'administration et l'équipe de collaborateurs conduite par Claire Legrand, le nouveau président poursuivra le travail engagé. « Nous continuerons le travail sur un indicateur de coût de production. Le revenu, c'est le nerf de la guerre ! Il y aura également un gros travail sur la communication. Nous devons gagner le défi générationnel. Pour maintenir un niveau de production en adéquation avec la demande, il faut que des jeunes s'installent en porcs » conclut Jean-Michel Guignard.