Dans son rapport moral lors de l'Assemblée Générale d'Interporc, Philippe Monnet, le président, a souligné l'importance d'une meilleure valorisation à tous les stades de la filière porcine. L'objectif est de gagner en indépendance vis-à-vis du cadran breton, d'attirer de nouveaux éleveurs et d'assurer la pérennité de la filière sur le territoire.
Lors de l'Assemblée Générale d'Interporc, le 24 mai, Claire Legrand, la directrice, a évoqué le projet d’accroître la visibilité et la notoriété de l'Indication Géographique Protégée (IGP) de la viande de porc de Franche-Comté. Projet qui a obtenu le soutien de la Région et des pouvoirs publics. Philippe Monnet, le président, a précisé que les évolutions au niveau du personnel, avec le renouvellement d'une partie de l'équipe avaient aussi mobilisé les services comptables pendant l'exercice 2022. « Avec 5,7 UTH (unité de travail humaine), Interporc est une petite structure, sensible, mais nous continuerons à fournir les mêmes services, y compris dans le domaine des prestations pour l'association A2M, notamment pour les saucisses de Morteau et de Montbéliard ainsi que la viande de porc de Franche-Comté. » Le commissaire aux comptes a confirmé la bonne santé financière de l'association.
Un agenda porcin régional qui trouve un écho national
Dans son rapport d'activité, Claire Legrand a détaillé la répartition des moyens humains au sein de l'association. Environ 20% sont consacrés à l'administration, 17% à l'appui technique en élevage, 12% à l'animation, 11% à la communication (notamment la Journée Régionale du Porc et l'agenda), et 5% à la santé animale. En tout, 2,5 équivalents temps plein sont mobilisés pour Interporc. Petit « cocorico », l’agenda porcin, créé en Franche-Comté il y a 20 ans, est désormais repris et décliné dans de nombreuses régions françaises, telles que les Hauts-de-France, ou PACA.
En ce qui concerne l'élevage porcin dans la région, le nombre de porcs charcutiers s'est maintenu en 2022, avec une augmentation de 2% de l'abattage, atteignant 301 750 porcs charcutiers commercialisés. Les volumes de production de saucisse de Morteau ont connu une légère baisse. Denis Creusy, technicien de l’assocaitaion a détaillé l'administration des différentes aides d'urgence et de résilience, ainsi que les dossiers concernant le Programme de Compétitivité et d'Adaptation des Exploitations agricoles (PCAE) et Lacto-Porc. Ces dossiers ont permis d'obtenir des subventions pour des investissements dans les concentrateurs de sérum, avec deux installations subventionnées à hauteur de 35-40%. Un dossier exemplaire a été mis en exergue, celui de la porcherie des Fins, parti d’une couverture de fosses, et hissé vers la méthanisation du lisier de porc, avec concentration du lactosérum en amont, pour améliorer l’efficience du système.
L'amélioration du bien-être animal a également été abordée, avec la tenue de trois sessions en 2022 pour la formation de référents. Côté communication, Interporc a réalisé des interventions dans des écoles et sur le plan administratif, mis à jour sa base de données sur les sites d'élevage porcin, incluant des informations sanitaires (en rapport avec la crise de la fièvre porcine africaine).
Un indicateur de prix régional
Dans son rapport moral Philippe Monnet, le président, a souligné l'importance d'une meilleure valorisation à tous les stades de la filière porcine. « L'objectif est de gagner en indépendance vis-à-vis du cadran breton, d'attirer de nouveaux éleveurs et d'assurer la pérennité de la filière sur le territoire. », insiste l'éleveur. Il a également mis en avant la nécessité de valoriser, au-delà des produits emblématiques sous IGP, toute la production porcine régionale en la différenciant, et évoqué la prochaine étape, l'intégration d'un indicateur de prix de production dans les contrats commerciaux. « ça permettra d’attirer de nouveaux éleveurs et de convaincre les banques de financer leurs projets ». Une marge importante demeure, en effet, pour une meilleure valorisation des porcs élevés en Franche-Comté. Le président a aussi évoqué, en les regrettant, les difficultés dans les échanges avec les Organismes de Défense et de Gestion (OdG) fromagères, soulignant la complémentarité entre les deux filières, notamment à travers l'utilisation du petit-lait.
Interporc poursuit aussi son travail au niveau national pour promouvoir la filière porcine régionale. Claire Legrand, la directrice, a retracé la flambée des prix de l'aliment et le recul du cheptel porcin national, avec une diminution de 24 000 truies. Malgré cela, la filière porcine de Franche-Comté résiste. Les prix à la consommation sont en augmentation, tout comme les volumes, bien que la consommation s'oriente davantage vers les marques de distributeurs et les premiers prix.
Les prévisions font état de tensions persistantes sur les matières premières, en raison de facteurs géopolitiques et énergétiques, ce qui devrait maintenir les prix élevés de l'alimentation des porcs. Par ailleurs, il y a un décrochage de production en Allemagne, au Danemark et en Espagne, qui ne met pourtant pas fin au phénomène de dumping sur certaines pièces. « Au niveau européen, la diminution du cheptel de 500 000 truies en 2022, c’est l’équivalent de la production porcine italienne. », a insisté Philippe Monnet. Grande inconnue du contexte national, le comportement des GMS vis-à-vis des Industries Agroalimentaires, et le pouvoir de coercition des autorités publiques…