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Bovins et porcins : la mixité, atout pour les éleveurs et les territoires herbagers

La production porcine, associée à un atelier laitier, est un gage de résilience : elle diversifie les sources de revenu, diminue la dépendance aux aides, améliore l’autonomie en matière d’engrais…
La production porcine, associée à un atelier laitier, est un gage de résilience : elle diversifie les sources de revenu, diminue la dépendance aux aides, améliore l’autonomie en matière d’engrais…

Des travaux de recherche conduits dans le Massif Central démontrent l’intérêt économique et écologique de l’association de l’élevage porcin à l’élevage bovin, à l’échelle de l’exploitation mais aussi plus largement, à l’échelle du territoire, et battent en brèche certaines idées reçues.

Bruno Douniès, directeur de l'association Porcs de Montagne, a présenté les résultats de travaux de recherche conduits dans le cadre du programme Aporthe pour étudier la complémentarité entre les productions bovine et porcine dans les territoires herbagers du Massif Central, lors de l’assemblée générale d’Interporc Franche-Comté. « L'objectif de cette étude était de fournir des données consolidées et objectives pour mieux comprendre les avantages de cette complémentarité. » Comme la Franche-Comté, la région du Massif Central se caractérise par une faible densité d'élevages porcins, avec seulement 3 porcs par kilomètre carré, contre une moyenne nationale de 21. Mais sur ce territoire 80% des producteurs porcins sont également des éleveurs d'herbivores ruminants. Une coexistence « historique » qui trouve ses fondements dans les synergies et les avantages mutuels de ces deux productions. Comme l’a détaillé Bruno Douniès, les enjeux de cette complémentarité sont multiples. « Ils incluent l'image et l'acceptabilité de l'élevage porcin, la gestion des effluents, l'impact sur l'environnement, la résilience des exploitations agricoles, ainsi que les externalités positives générées. » Le programme de recherche Aporthe a permis de quantifier ces avantages, et de justifier l'investissement des collectivités locales dans le soutien à l'élevage porcin, tant au niveau territorial qu'au niveau des exploitations individuelles.

Résultats d’enquête et de travaux de terrain

Une enquête réalisée auprès de 266 éleveurs a confirmé l'intérêt de l'atelier porcin en termes de revenus, de gestion des effluents, de conditions de travail et de dynamique collective locale. Les résultats de cette enquête ont permis de consolider les arguments en faveur de la mixité territoriale de l'élevage bovin et porcin. Les interactions entre les élevages porcins et bovins se manifestent principalement, dans le Massif Central, dans des élevages allaitants (la production porcine constitue l'OTEX secondaire), mais on peut également les observer avec les élevages de vaches laitières et de petits ruminants. Cette complémentarité offre des opportunités de diversification des revenus, de meilleure gestion des effluents et de valorisation des produits locaux.

Une meilleure efficience, moins d’impacts environnementaux

Les travaux de recherche ont également abordé la question de l'impact des effluents porcins sur les sols. « Les analyses de sol ont démontré que les parcelles historiquement fertilisées avec du lisier de porc présentaient des résultats identiques aux normes nationales en termes de vie des sols : biomasse microbienne et biodiversité. Cette constatation remet en question certaines idées préconçues sur les effets négatifs du lisier de porc sur l'environnement. » Plus surprenant, un atelier porcin améliore l'efficience écologique d'une exploitation de polyculture élevage « en réduisant le ratio des émissions de GES (gaz à effet de serre) ramenés à l'unité de protéines animales produite. »

Des simulations économiques ont aussi été réalisées pour évaluer les avantages de la mixité entre les élevages bovins et porcins. Ces simulations ont démontré une moindre dépendance des systèmes mixtes vis-à-vis des aides publiques, et une meilleure gestion de la fertilisation des sols. Ces résultats chiffrés renforcent les arguments en faveur de la complémentarité entre les deux productions. Rendez-vous fin 2026 pour les résultats du deuxième programme Aporthe II, qui porteront cette fois, sur la flore, la qualité de l’eau, les effets de seuil…

Les résultats des travaux de recherche et les supports de communication sont disponibles sur le site internet d'APORTHE.