La scierie Chauvin, à Mignovillard dans le département du Jura - 5ème scierie française par la taille - a inauguré en octobre 2023 une nouvelle unité de production de pellets, garantis locaux. L'entreprise met en avant le caractère local et responsable de cette production, qui valorise écorces et cendres pendant le procédé.
« Jura Pellets est une marque qui proclame haut et fort son amour du Jura. Sa forêt de résineux et leur odeur sont notre quotidien » a déclaré Fabrice Chauvin, vendredi 6 octobre lors de l’inauguration de la nouvelle entité de production de pellets de la scierie Chauvin, à Mignovillard. Avec son frère Stéphane, les deux dirigeants ont accueilli 300 personnes, parmi lesquels de nombreux élus locaux et partenaires de l’entreprise, pour leur faire visiter la nouvelle unité de production.
L’idée de transformer en pellets les résidus connexes de la scierie, plaquettes et sciure, a germé il y a 10 ans. Construits en 15 mois par des PME locales avec lesquels la scierie travaille depuis longtemps, les nouveaux bâtiments s’étalent sur 5 ha jouxtant la scierie. Les machines sont européennes, notamment allemandes et autrichiennes.
La production a débuté fin mai. Quinze personnes y travaillent. L’objectif est d’y fabriquer 80 000 tonnes de pellets par an. Un objectif réaliste car en quatre mois, 27 000 tonnes sont déjà sorties des chaînes. La matière première est fournie à 60 % par la scierie Chauvin, le reste, soit une dizaine de camions par jours, provenant des autres scieries locales.
« 100 % local, résineux, et responsable »
Une fois broyées, les sciures sont séchées grâce à de l’air pulsé chaud fourni par une nouvelle chaudière à biomasse alimentée avec les résidus de la première transformation, dont les écorces qui ne peuvent pas entrer dans la fabrication du pellet. Outre la chaleur pour le sécheur de Jura Pellets, celle-ci produit aussi l'eau chaude destinée au séchoir à bois de la scierie et au chauffage des bâtiments. D'une puissance totale de 12 mégawatts, elle n'a jusqu'à présent déployé que 5 mégawatts, mais la consommation d'énergie devrait grimper cet hiver. Les cendres sont revalorisées et entrent notamment dans la composition d'engrais pour l'agriculture. Rien ne se perd : les 3 à 4 m³ d’eau qui s’évaporent chaque heure sont récupérés et utilisés dans les presses et pour l’arrosage des grumes.
Les deux presses de l’entreprise sont capables de produire chacune 6 tonnes de pellets à l'heure. Aucun adjuvant, aucune colle ne rentre dans la fabrication, le produit final étant composé à 100% de matière sèche végétale.
Les pellets sont vendus actuellement 410 € la tonne, en palette ou en camion-vrac. Les clients sont principalement francs-comtois, voire de l’Est de la France et de Suisse, mais Jura Pellets a aussi contractualisé avec de plus gros faiseurs comme Total énergies. L’entreprise s’adresse également aux particuliers qui souhaitent acheter des palettes entières.
Au total, l’investissement s’élève à 28 millions d’euros, dont 4 millions de subvention de l’Ademe pour la nouvelle chaudière et 1,5 million de France Relance.
« Une scierie de village devenue l’une des plus belles entreprises du Jura »
« Outre la valorisation des connexes de la scierie en circuit court, cette production de granulés bois améliore notre empreinte carbone », a expliqué Fabrice Chauvin lors de l’inauguration. Son frère Stéphane a remercié en premier lieu les collaborateurs de l’entreprise ainsi que l’ensemble des partenaires de l’opération : élus locaux, pouvoirs publics, banques et entreprises.
Willy Bourgeois, vice-président de la Région BFC, a remercié la fratrie pour son investissement « qui donne du sens au travail et conforte l’identité du territoire, tout en prenant en compte la préservation de ses forêts ». Clément Pernot, qui intervenait avec sa triple casquette de président du conseil départemental et de la communauté de communes, et de sénateur, les a félicités pour leur parcours : « Vous êtes partis d’une scierie de village pour bâtir une des plus belles entreprises de traitement du bois sur notre territoire. La forêt et son industrie sont essentielles pour le Jura, pour ses ressources, pour ses emplois ».
« Votre projet fait sens car il épouse toute la chaîne de la filière bois » a conclu le préfet Serge Castel. « Il entretient une économie en circuit court avec un savoir-faire, des formations d'excellence, une matière première locale… » Il a aussi pointé du doigt les inquiétudes pour cette forêt : incendies, sécheresse, crise des scolytes. « Il faut s’adapter et réfléchir à un modèle de forêt pour demain ».