Depuis quelques mois, quelques éleveurs ovins francs-comtois tentent de mieux valoriser collectivement la laine de leurs moutons, une fois transformée en objets du quotidien (couettes, oreillers, semelles et chaussons...) . Une initiative audacieuse, qui pourrait bien susciter l'intérêt de la grande distribution.
Malgré la baisse significative de la valeur de la laine depuis la pandémie de Covid-19, qui cotte désormais 20 centime du kilo (contre 1 euro avant 2020), les éleveurs francs-comtois ne se désespèrent pas. Pour couvrir les coûts de main-d'œuvre liés à la tonte de leurs moutons et trouver des débouchés à leurs stocks, certains d'entre-eux ont eu l'idée ingénieuse de valoriser la laine en créant des produits du quotidien, intégrant ainsi une approche locale et durable. « C'est une véritable expérience laine dans la région », explique Cyril Roussel, président des Éleveurs ovins francs-comtois, à l'origine de cette initiative. Initiée en mars dernier avec le soutien financier des banques, de l'Association régionale de développement agricole et rural, ainsi que la coopérative Franche-Comté élevage, cette expérience a débuté par l'envoi d'une tonne de laine à une entreprise spécialisée à Saugues en Haute-Loire pour y être transformée par un organisme de réinsertion local, avant de partir pour la Creuse pour y être teinte.
Trouver des partenariats commerciaux
D'une tonne de cette laine brute, on obtient 530 kg de laine lavée, de laquelle on peut tirer quelques 7 000 semelles, 3 000 paires de chaussons, 820 oreillers, ou 178 couettes. Ces produits ont été présentés avec succès à Besançon en mai dernier, lors de la Foire comtoise. Bien que la vente directe ait montré ses limites, les éleveurs ont trouvé un nouveau canal en négociant des partenariats avec des points de vente tels qu'Intermarché de Quingey (Doubs), Jura textiles (Orchamps), et le collectif Regain. Ces partenariats permettent aux produits, comme les oreillers en laine de mouton véritable, de trouver leur place sur le marché, offrant aux consommateurs une alternative artisanale face au "tout synthétique". Le prix de vente final élevé de ces produits (compter une cinquantaine d'euros pour un oreiller par exemple) reste cependant un obstacle probable au développement des ventes.
Les débuts sont encourageants, même si Cyril Roussel souligne que l'objectif n'est pas de faire de la vente leur activité principale, mais plutôt d'assurer une petite plus-value financière pour les éleveurs. À terme, l'idée est de créer une coopérative pour que chaque adhérent puisse bénéficier de cette initiative novatrice et participer à la renaissance d'une forme d'artisanat durable et valorisant pour l'élevage ovin local.