Chauffage, ventilation, éclairage, alimentation... autant de postes de consommation d'énergie en élevage porcin fortement impactés par la forte augmentation des tarifs de gaz, d'électricité et de fuel. La Journée régionale porcine du 30 novembre à Saône sera l'occasion d'un débat sur les leviers de réduction et sur l’intérêt du développement des énergies renouvelables pour l'autoconsommation.
Selon l'Institut français du porc, la consommation d'énergie moyenne d'un élevage naisseur-engraisseur s'élève à 983 kWh par truie présente et par an, et à 25 kWh par porc produit par an chez les post-sevreurs-engraisseurs. Or le renchérissement de l'énergie, imputé tout d'abord à la reprise post-covid, puis à la guerre en Ukraine, puis à la vétusté du parc nucléaire français... semble finalement être une tendance structurelle lourde, à laquelle les éleveurs de porcs vont devoir s'adapter pour continuer à produire en restant compétitifs. Le thème de l'énergie, des leviers de réduction des consommation et d'autoproduction, a justement été retenu par les organisateurs de la Journée régionale porcine, le 30 novembre prochain à Saône. « Au cours d'une table-ronde qui débutera à 9h45, nous présenterons tout d'abord les consommations d'énergie en élevage, avant d'aborder les pistes de réduction des consommation et les possibilités de production d'énergie par le photovoltaïque ou la méthanisation, pour alléger les factures des élevages de porc, explique Denis Creusy, d'Interporc Franche-Comté. Nous entendrons aussi le témoignage de Christophe Durand, de l'Interprofession porcine d'Occitanie, qui partagera avec nous son expérience au sujet de l'achat groupé d'électricité. »
Un impact de 9 € par porc charcutier
Yannick Pourchet est éleveur porcin naisseur-engraisseur au Gaec de la Ricorne à Maisons-du-Bois-Lièvremont, dans le Doubs, à 950 mètres d'altitude. Son contrat de fourniture d'électricité par Total énergie se termine fin décembre. Il a chiffré l'impact de l'inflation des prix de l'énergie sur sa production. « Heureusement que la production d'électricité photovoltaïque en toiture, pour l'autoconsommation (55 kWh) nous permet d'atténuer un peu la hausse des prix. Notre puissance souscrite dépasse les 36 kVA, ce qui nous empêche de revenir aux tarifs réglementés, et les nouveaux tarifs d'électricité qui nous sont proposés à partir de janvier 2023 sont au minimum multipliés par quatre : à l'échelle de l'élevage ça fait une augmentation de 42 000 €. L'impact serait de 9 ct/kg de carcasse, soit 9 €/porc. On cherche des solutions alternatives parce qu'à ce prix-là ça ne sera plus possible. On a déjà beaucoup travaillé à la réduction de nos consommations, en s'équipant de modulateurs de fréquence électrique, de radiateurs à gaz variable, économes en énergie, de nids à porcelets. Mais une telle augmentation est au-delà de nos capacités d'optimisation. »
Du côté de la SCEA du Mont Vouillot, porcherie collective des Fins qui valorise le lactosérum des fruitières de Noël Cerneux/Le Bélieu, Les Suchaux et Les Fins-Comté, la recherche d'efficacité énergétique ne date pas d'hier. « Il y a 12 ans nous avons fait construire un lactoduc de neuf kilomètres de longueur pour emmener le lactosérum de nos trois coopératives jusqu'à la porcherie, qui se situe à 200 mètres d'altitude au dessus de la fruitière la plus basse, relate David Roland, cogérant de cette porcherie (1500 places en post-sevrage et 2 800 places de porcs charcutiers). En termes d'économies d'énergie, d'environnement, mais aussi de risques d'accident routier sur les routes enneigées, c'est un investissement qui valait le coup à tout points de vue. Les moteurs thermiques des camions-citernes n'ont pas un bon rendement énergétique, et outre le lactosérum, il faut tracter la citerne et toute la structure du camion. On a remplacé un moteur de 450 chevaux au diesel par trois moteurs pompes de 5 kW qui ne tournent que quelques heures par nuit, pour pousser 30 m3 de lactosérum jusqu'à la porcherie. L'économie réalisée est de 27 000 € par an sur le transport de 10 millions de litres, en intégrant l'amortissement de l'installation sur 15 ans. » La nécessité de couvrir la fosse à lisier, de 27 mètres de diamètre, a aussi orienté récemment les dirigeants de la porcherie vers la réalisation d'une unité de méthanisation d'appoint, qui fonctionne depuis deux mois. « Nous sommes en train de nous équiper d'un concentrateur de lactosérum, afin d'avoir un lisier plus concentré qui permette une production de méthane plus soutenue. L'eau récupérée par osmose inverse du lacto sera utilisée pour le nettoyage des installations. »