Interporc a chiffré la consommation d’eau des porcs charcutiers alimentés au lactosérum : celle-ci va de 1 à 1,3 l/porc/jour en moyenne, avec des pics à 5 l/jours par forte chaleur.
Quand ils en ont la possibilité physique, les porcs consomment de l’eau en plus de la soupe. Interporc s’est penché sur cette question pour accompagner les éleveurs dans la recherche de solutions techniquement satisfaisantes, dans un contexte de réinterprétation réglementaire par l’administration. L’arrêté du 16 janvier 2003, établissant les normes minimales relatives à la protection des porcs, spécifie en effet : « tous les porcs âgés de plus de deux semaines doivent avoir un accès permanent à de l’eau fraîche en quantité suffisante ». Ce point s’applique aux porcs en croissance, depuis les porcelets en maternité jusqu’au départ des charcutiers sur le quai d’embarquement, aussi bien qu’aux reproducteurs (cochettes, truies et verrats), et ce quel que soit le mode d’alimentation : alimentation sèche ou alimentation liquide sous forme de soupe.
Les éleveurs ont dû s’adapter
« Jusqu’au début de l’année 2018, l’administration considérait que la présence de liquide dans la soupe des porcs alimentés par ce système était suffisante. Cette interprétation réglementaire n’étant plus retenue, les éleveurs sur toute la France utilisant un système d’alimentation en soupe ont dû se rééquiper soit avec des systèmes de bols soit des systèmes de pipettes », relate Gaële Daniel, chargée de mission à Interporc. Dans les faits, les porcs charcutiers qui recevaient une alimentation liquide disposaient jusqu’alors rarement d’un dispositif complémentaire pour l’abreuvement.
Avec la soupe, le porc ingère une quantité d’eau importante, qui peut couvrir l’essentiel des besoins physiologiques. L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) avance toutefois plusieurs arguments pour justifier l’obligation d’un accès permanent à l’eau, même en alimentation soupe. En premier lieu, le bien-être du porc : l’absence de soif est en effet la première des cinq libertés utilisées pour définir le bien-être. Sans eau, le porc ne peut pas satisfaire son besoin comportemental de boire, et ceci peut se traduire par des comportements déviants telle que la caudophagie. La forte variabilité inter-individuelle des consommations en eau, dans un même lot, a été mise en évidence dans des stations expérimentales. Elle traduit des besoins différents pour chaque porc. Le second argument, plus technique, met en avant le caractère imprévisible des facteurs de risque (température élevée et maladie notamment) qui peuvent entrainer une augmentation importante des besoins physiologiques en eau de boisson, sans que l’éleveur ne puisse anticiper.
Des consommations chiffrées
« En 2019, nous avons suivi la consommation d’eau d’un élevage utilisant du lactosérum brut et en 2020 un élevage utilisant pour partie du lactosérum concentré. Les deux ont mis en place des pipettes (équipement le moins cher) au-dessus de l’auge pour éviter les pertes dans les caillebotis. » Ce dispositif expérimental a permis de quantifier précisément les quantités d’eau utilisées. « Les consommations d’eau par les pipettes sont en moyenne d’environ 1 à 1,3 l/j/porc en engraissement mais peuvent augmenter fortement avec la chaleur. »