La journée technique organisée par la chambre d’agriculture de Haute-Saône sur le thème de la matière organique a permis aux participants de mieux appréhender les enjeux de la qualification de ce gisement : bien les caractériser, mesurer leur valeur et les quantités épandues est indispensable !
Comme l’introduit Marion Churout, conseillère en agriculture biologique à la Chambre d’agriculture de Haute-Saône « les agriculteurs bio, faute de pouvoir recourir aux engrais de synthèse, ont acquis une certaine expertise dans le domaine de la caractérisation et de l’emploi des engrais organiques, pour savoir quand et comment les apporter en fonction de leurs objectifs et de leurs problématiques » Cette connaissance passe en amont par une bonne compréhension des mécanismes de fertilité du sol. « Trois axes caractérisent la fertilité : la physique (structure), la chimie (composition) et le compartiment biologique (les êtres vivants). Ces trois piliers sont interdépendants. On peut diagnostiquer assez facilement les dysfonctionnements du sol par une simple observation, par exemple un problème structurel, de compaction, qui empêche la circulation de l’eau, de l’air, et le déploiement des racines. C’est ce que nous avons fait avec la méthode pépone. »
Le 13 avril dernier, une journée sur les matières organiques était organisée par les conseillers de la chambre d’agriculture. Elle a réuni une trentaine de participants au GAEC Métha-Bio à La Villedieu. Durant cette journée, les participants ont pu recevoir des conseils techniques des intervenants et assister à différentes démonstrations. « Evaluer la richesse du gisement de matière organique disponible dans une ferme est un préalable indispensable : il existe différents types de fumiers, certains apporte de l’azote, tandis que la minéralisation d’autres peut en consommer. Racines, engrais verts – dont les compositions diffèrent en fonction de leurs stades - lisiers, composts vieux, compost jeune… sont autant de sources de matières organique. »
A chaque matière organique son intérêt
Chaque type de matière organique peut répondre à un enjeu de fertilité. « L’idée est d’adapter l’utilisation en fonction de ses problématiques propres (plutôt structurante ou plutôt fertilisante) par exemple fertiliser une prairie, fertiliser un blé, résoudre des problèmes de battance… » poursuit la technicienne, qui tenait un stand. La question des règles d’épandage était aussi au menu de cette journée. « Avec des exigences différentes en fonction de la situation géographique et de la taille de l’élevage. »
Si on s’éloigne des fondamentaux de la fertilité du sol (voir encadré) , et que l’on observe des phénomènes de compaction, l’absence de vers de terre, des zones de faible développement racinaire… la présence de plantes indicatrices synonymes de tassement du sol (rumex, renoncule, capselle) « des solutions de remédiation existent ! Notamment par la voie organique en apportant des matières fertilisantes, ou mécaniques pour les cas plus graves. Par exemple avec l’emploi d’un scarificateur de prairie qui va faire une incision dans la croûte de battance, ce qui va permettre une recolonisation des racines, une augmentation du rendement et une augmentation de la diversité floristique. »
En conclusion de cet atelier, la fertilité chimique permet une disponibilité élevée en minéraux et un contexte chimique favorable, la fertilité biologique permet de favoriser une vie du sol abondante, diversifiée et active et enfin la fertilité physique permet de favoriser la levée des plantes, le développement racinaire et la bonne circulation de l’air et de l’eau. Pour cela ces trois leviers se nourrissent de la matière organique, elle est donc l’acteur principal de la vie du sol.
Observer pour identifier la problématique
Il est possible de caractériser la fertilité physique de son sol en effectuant des profils de sols. La méthode pépone permet d’avoir une vue d’ensemble du fonctionnement du sol et d’identifier d’éventuelles dysfonctionnements physiques « observer son sol pour voir sur quel pilier de la fertilité : physique, biologique ou chimique ».
Notre banque de matières organiques
Afin de maintenir cette vie du sol, il est conseillé d’entretenir régulièrement la fertilisation par des apports, même en quantité minime, afin de favoriser une production de qualité et régulière. Pour cela il est possible d’apporter différents types de matières organiques suivant les disponibilités sur votre exploitation (fumiers, lisier, digestat, compost …) « Nourrir son sol c’est comme nourrir son troupeau : c’est le fruit d’arbitrages entre ce dont on dispose, ce qu’on distribue et ce qui est réellement digéré ou assimilé il y a des marges d’erreur. Il est important de savoir caractériser son produit et connaitre les quantités réellement épandues. »
Adapter son matériel
Il est également important d’avoir des outils adaptés à l’épandage afin d’avoir la meilleur répartition, uniformité et le moins de tassement possible qui serait pénalisant pour la fertilité des sols. Comme le suggère Philippe Mondelet conseiller machinisme, « pas plus de 10 tonnes par essieu ». Durant cette journée technique des tests de comparaison ont été réalisés. Un épandage de digestat liquide avec un pendillard a été mis en compétition avec un épandage de digestat solide avec un épandeur à table d’épandage. Pour cela, les engins ont été pesés et paramétrés au préalable. Ils sont ensuite passés sur une bâche pour le digestat solide et des bacs pour le digestat liquide afin de mesurer la matière épandue sur une surface donnée. Nous avons donc pu comparer la quantité épandue suivant la quantité paramétrée ainsi que son uniformité. « A l’issue de ce test, nous avons constaté une meilleure régularité et uniformité de l’épandeur avec 15.25 T épandu pour 15T/ha paramétré contre 27 m 3 /ha épandu pour 20m3 paramétré pour le pendillard. »