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Facteurs de réussite des semis sous couvert

Succès pour la journée organisée par la CA70 sur le thème des semis sous couvert. Crédit photo : Juliette Guespin (CA70)
Succès pour la journée organisée par la CA70 sur le thème des semis sous couvert. Crédit photo : Juliette Guespin (CA70)

Le semis sous couvert de céréales d’hiver ou de méteil favorise l’installation du couvert végétal en dehors des périodes de stress hydrique, puis un redémarrage rapide après moisson. Retours d’expériences d’agriculteurs ‘’pionniers’’ et résultats d’essais locaux permettent d’identifier points de vigilance et facteurs de réussite de cette technique.

24 agriculteurs étaient présents le 15 mars dernier dans le secteur de Noidans-le-Ferroux pour la journée technique organisée par la Chambre d’agriculture de Haute-Saône sur le thème des semis sous couvert au printemps dans des céréales ou des méteil grains d’hiver en agriculture biologique. « Cette journée a aussi attiré des participants des départements voisins : Côte-d’Or, Jura, Doubs, Haute-Marne, se réjouit Juliette Guespin, conseillère bio à la CA70 et animatrice du groupe DEPHY Bio J.V. de Haute-Saône. Ce qui démontre qu’il y a un réel intérêt pour cette pratique que ça soit chez les éleveurs comme chez les céréaliers et ça en bio comme en conventionnel. » Si la technique possède de nombreux avantages agronomiques – notamment dans la production de biomasse pour les animaux et/ou pour le sol – la motivation principale de ceux qui la mettent en œuvre est surtout de réussir l’implantation. « En semant mi-mars dans une céréale d’hiver ou un méteil implanté à l’automne, on devance les périodes de stress hydrique, dont la probabilité augmente à mesure que le printemps avance. », résume la technicienne. « Mais avant de s’interroger sur le choix des meilleures espèces à implanter et sur l’itinéraire technique, c’est important de clarifier ses objectifs : est-ce que la culture implantée est destinée à être pâturée, fauchée ou exportée ou enfouie comme engrais vert ? » En arrière-plan, selon le système d’exploitation, le semis sous couvert peut permettre d’améliorer l’autonomie fourragère en fournissant un appoint, de nourrir son sol, de faciliter la maîtrise des adventices, d’améliorer la structure du sol, etc…

Clarifier les objectifs

« Dans un premier temps, en sous-groupes, les participants ont listé les facteurs de réussite et les points de vigilance, en fonction de leurs propres expériences de semis direct sous couverts. L’objectif était de construire un ‘’itinéraire technique type’’, en fonction du précédent, du travail du sol, de la culture en place, de sa valorisation etc. »

Premier enseignement de cette mise en commun, l’importance de l’accès à la lumière. « La concurrence pour l’eau et les nutriments vis-à-vis de la culture principale est généralement surestimée : même avec des plantes réputées agressives, comme le trèfle violet ou la luzerne, la céréale déjà bien implantée n’est pas gênée et son potentiel de rendement n’est peu ou pas diminué. C’est ce qui ressort aussi bien de l’expérience des agriculteurs qui font du semis sous couvert depuis plus de 20 ans que de nos essais. »

Trèfle blanc intermédiaire ou trèfle violet

En 2020-2021-2022, le groupe DEPHY BIO J.V. a en effet conduit des essais sur ce thème dans cinq exploitations, pour varier les conditions pédo-climatiques, les précédents et les modalités de semis. Plusieurs modalités ont été testées, et les rendements comparés entre eux ainsi qu’avec ceux des bandes-témoin. « Ce qui fonctionne bien, en légumineuse pure, c’est le trèfle blanc intermédiaire (variété Merwi) semé à 4-5 kg/ha. Les trèfles blancs intermédiaires sous couvert fonctionnent bien à très bien notamment en conditions sèches. Cette espèce reste la plus régulière et sécurisante en termes de rendement et couverture du sol. L’autre option efficace, c’est un trèfle violet (10-12 kg/ha pour un diploïde et 12 à 14 kg/ha pour un tétraploïde). Attention, les tétraploïdes, plus riches en eau, se prêtent mal à la fauche. Les trèfles violets permettent d’assurer du rendement avec un développement en biomasse important. Depuis 2022, nous faisons des essais sur des mélanges multi-espèces, dont l’intérêt est la résilience vis-à-vis des aléas climatiques. »

La densité de semis de la céréale apparaît effectivement comme un facteur clé de réussite. La qualité de préparation du sol est déterminante, combinée avec les questions de portance lors de l’implantation. « Outre la date de semis, une météo favorable à la levée (les gelées peuvent être destructrices sur les plantules), la nutrition azotée de la culture peut être décisive. L’enfouissement des petites graines trop en profondeur est aussi un point de vigilance dont il faut tenir compte. A surveiller notamment quand on travaille avec la herse-étrille, c’est un facteur de risque. » Autre moment fort de la journée, le témoignage de trois agriculteurs membres du groupe DEPHY J.V., qui ont pu présenter leurs pratiques et partager leur expérience des semis sous couverts.