
Face aux défis du changement climatique et de la transition agro-écologique, des agriculteurs redécouvrent l’intérêt d’une sélection variétale artisanale, adaptée à leurs conditions pédo-climatiques.
Sébastien Desgeorges, semencier et maraîcher bio à Bonnevent-Velloreille, est intervenu lors de l’assemblée générale du GAB70 pour présenter les grandes lignes de la création variétale « à la ferme », en s’appuyant sur le compte-rendu des Rencontres Internationales des semences paysannes, en octobre dernier à Antibes. « Plus de 400 participants venus d’une soixantaine de pays étaient présents pour partager les connaissances et les savoir-faire associés aux semences paysannes, tout en mettant en lumière leur rôle central dans l’adaptation aux défis climatiques et géopolitiques de notre époque. », a-t-il exposé, avant de projeter quelques extraits filmés de ces rencontres.
Une réappropriation enthousiasmante
Parmi les participants à ces rencontres, des pionniers, tels le Nord-Américain Joseph Lofthouse, qui cultive en pleine terre de délicieux melons dans les conditions extrêmes de la Cache Valley en Utah… « En hybridant une large gamme de variétés anciennes et en sélectionnant les plus adaptées à son écosystème – et les plus goûteuses – il arrive à produire dans ces conditions arides à l’extrême, en altitude, avec une énorme amplitude de variation de températures entre le jour et la nuit et seulement trois mois sans gel ! »
Présent à Fontenois-lès-Montbozon, Thomas Picard, maraîcher dans le Périgord a exposé les principes de la méthode PEPS (acronyme de Populations Evolutives Pré-Sélectionnées), une technique de sélection variétale massale en ferme, qui se déploie sur une dizaine d'années. Il l'applique sur sa propre exploitation afin de cultiver des pastèques adaptées à son terroir, pourtant réputé trop froid, en plein champ et sans travail du sol. « Le premier critère de sélection des variétés population, c’est la robustesse dans les conditions de ma ferme. », relate-t-il. « De retour de ces rencontres où nous avons participé aux ateliers d’explication des PEPS, un groupe de neuf fermes maraîchères de la région s’est constitué pour lancer une première saison de création variétale à la ferme. », poursuit Sébastien Desgeorges. Une quinzaine de légumes différents vont être cultivés dans ce cadre, pour créer des semences de variétés aptes à répondre aux problématiques locales spécifiques : par exemple la culture de tomates de plein champ résistantes aux maladies dans un climat instables et humides. « Ou bien l’obtention de poivrons de couleurs le 15 juillet pour offrir à nos clients une alternative aux productions espagnoles ! »