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Garder le cap de la qualité sanitaire du lait

Les pratiques d’hygiène de traite permettent de limiter la dégradation sanitaire du lait produit en été. Crédit photo : AC
Les pratiques d’hygiène de traite permettent de limiter la dégradation sanitaire du lait produit en été. Crédit photo : AC

Les mois d'été constituent un défi de taille pour le maintien de la qualité sanitaire du lait. Stress thermique, prolifération des mouches, changements d’alimentation et disponibilité réduite de la main-d'œuvre pour l'hygiène de traite expliquent une dégradation saisonnière des résultats. Ce phénomène est encore plus marqué cette année.

Chaque été, les résultats de numération cellulaire dans le lait (obtenus par comptage des leucocytes) augmente. « 2024 ne fait pas exception, relève Florine Leuvrey, responsable du pôle Conseil élevage de Geniatest : en 2024 nous sommes cependant partis d’un niveau plus élevé ce printemps, ce qui nous amène en juillet autour des 300 000 cellules (résultats contrôle et non laiterie), contre moins de 275 000 en 2023 et 2022 pour ce même mois. » En cause, probablement la difficile mise à l’herbe de ce printemps, marqué par les intempéries et les changements d’alimentation…

La qualité du lait pendant l'été reste un défi majeur pour les éleveurs français, notamment dans la zone continentale où les extrêmes de températures sont plus marqués que sur la façade océanique. Les températures élevées et le stress thermique qu’elles engendrent sont en effet un facteur de dégradation de la qualité sanitaire du lait. Prolifération bactérienne et populations de mouches sont aussi favorisées par la chaleur. La réduction des déplacements, l’espacement plus grands des prises alimentaires et des buvées impactent le bon fonctionnement du rumen, ce qui se répercute indéniablement sur la santé, y-compris de la mamelle. « On ne peut pas exclure d’autre facteurs, comme des stratégies de réformes différées pour continuer à produire », précise la spécialiste.

Détérioration de la qualité sanitaire plus marquée cette année

D’une manière générale, les fluctuations saisonnières des taux butyreux, protéiques et cellulaires sont bien documentées, avec une tendance lourde à la baisse des taux gras et protéiques et à l'augmentation des taux cellulaires pendant les mois chauds. Cette détérioration peut se traduire par une perte économique pouvant atteindre jusqu'à 50€ par 1 000 litres de lait. Une des raisons principales de cette détérioration du prix est la hausse des taux cellulaires en été. Cette tendance n'est pas spécifique à une région, mais plutôt nationale, avec des particularités locales néanmoins.

Les mouches sont là !

Moins sensiblement présentes au début de l’été – toujours du fait des intempéries – les mouches sont bien présentes depuis de retour des conditions estivales. Ces petits insectes transportent des bactéries sur leurs pattes. Elles se posent volontiers sur les trayons, où le cuir et plus tendre et où subsistent des résidus de lait, source de nourriture pour les agaçants diptères. Les pattes de ces insectes déposent les bactéries tout près de l’entrée de la mamelle, ce qui rime avec risque de contaminations, montées cellulaires et déclenchement de mammites. La présence de mouches est un facteur de stress tant pour l’éleveur que pour la vache, notamment durant la traite. Les mouches piquent tout ce qui bouge, les queues se balancent, les pattes se lèvent, les mamelles se salissent, les griffes tombent, les vaches stressent puis bousent. Stress et énervement du trayeur conduisent inévitablement à des fautes d’inattention sur l’hygiène de traite, entraînant ainsi des nouvelles contaminations des vaches.

Orages et salissement des mamelles

D’autres facteurs peuvent expliquer cette situation. Ainsi les conditions de pâturage peuvent jouer un rôle, notamment si les vaches se couchent toujours au même endroit, augmentant ainsi le risque de contamination croisée. Les orages et les précipitations violentes qui les accompagnent peuvent augmenter le salissement des mamelles, et dégrader également la qualité des eaux d’abreuvement. Les changements fréquents dans l'alimentation pendant l'été, souvent liés à des variations de ration, peuvent aussi induire du stress et perturber l’équilibre digestif des laitières. La complémentation minérale reste essentielle, car un apport adéquat de minéraux, en particulier de magnésium et de sélénium, peut aider à prévenir les infections de la mamelle. En outre, les activités saisonnières qui mobilisent les éleveurs peuvent limiter le temps consacré à la traite et aux soins nécessaires, ce qui peut influencer la qualité du lait.

Veiller au bon confort des animaux

Pour prévenir ces problèmes, il est essentiel de limiter le stress des animaux en assurant leur confort et leur bien-être, en particulier en ce qui concerne le logement et l’alimentation. La surveillance de la machine à traire, l'hygiène de la traite, la propreté des animaux et d'autres mesures classiques restent pertinentes, mais il est important de considérer ces facteurs supplémentaires lors de l'élaboration de stratégies pour préserver la qualité sanitaire du lait pendant la période estivale. Des actions supplémentaires peuvent être entreprises pour améliorer le confort général du bâtiment et assurer une bonne ventilation. L'accès à l'eau fraîche doit être assuré en permanence, et des abris ombragés doivent être mis à disposition pour permettre aux animaux de se reposer pendant les heures les plus chaudes de la journée.