La Communauté de Communes du Val de Gray, en collaboration avec la Chambre d'agriculture de Haute-Saône, organisait le 23 mai dernier une journée technique pour promouvoir l'innovation et l'agronomie afin de protéger la ressource en eau, sans pour autant tourner le dos à la vocation productive de l’agriculture.
Environ 80 participants, exploitants agricoles et étudiants de Vesoul Agrocampus, ont pris part à la journée technique animée par la Chambre d’agriculture de Haute-Saône, le 23 mai dernier, à Gray. La matinée a été consacrée à des présentations techniques et agronomiques portant sur des sujets tels que l’efficacité des leviers alternatifs (décalage de date de semis, choix variétaux, rotation…) mais aussi innovations technologiques (drones, cartographie fine…) axés sur la réduction des doses de matières actives utilisées pour désherber, protéger les plantes des maladies fongiques et des ravageurs. Comme l’a souligné Sylvain Charles, qui représentait la Chambre d’agriculture à cette occasion « les enjeux de l’innovation technique en agriculture recouvrent plusieurs domaines : celui de la protection de l’environnement, bien entendu, mais aussi la protection de l’usager – en tant que président de la MSA j’y suis particulièrement sensible – et ceux de l’image de l’agriculture française, qui doit aller de l’avant, continuer à produire pour nourrir, sans cesser de s’améliorer techniquement et de se remettre en cause. »
Agriculture de précision et nouveautés
Emeric Courbet, technicien spécialiste des grandes cultures à la CA70 a démontré, résultats d’essais et images prises sur le terrain à l’appui, l’intérêt – mais aussi les limites – des leviers agronomiques déployés pour réduire l’emploi des molécules de synthèse en agriculture : rotations, décalage de la date de semis, choix variétal, cultures associées, faux semis, couverts aux propriétés allélopathiques (exudation de molécules toxiques pour les adventices) …
Philipe Mondelet, référent machinisme à la CA 70 a enchaîné sur le terrain de l’innovation en matière de pulvérisation. « L’hygrométrie reste la première condition de l’efficacité d’un traitement ! » a-t-il martelé en préambule, soulignant que l'utilisation d'adjuvants ne supplée pas à de mauvaises conditions d'application. « Le désherbage électrique n’a pas encore réussi à faire ses preuves, à cause de son coût élevé et du faible débit de chantier ». Point d’attention, les dispositifs de pulvérisation à pulsation, qui permettent le traitement par tâche et l'adaptation des doses en fonction de la vitesse de passage et des besoins de la culture. « L'utilisation de buses à pilotage autonome, de systèmes GPS et de pulvérisateurs couplés à la détection des cibles par caméra permet un traitement ciblé. Des développements sont en cours pour détecter les maladies et même les insectes, en utilisant des circuits doubles pour combiner les traitements. Cependant, ces technologies sont encore limitées par des contraintes de poids et de coût. »
L'après-midi, des ateliers de démonstration (lire encadrés) ont permis aux participants de découvrir des outils de nouvelle génération tels que l'Easy Connect, le Smart Sprayer, les stations météo, les matériels alternatifs et l'Ecorobitix ARA. Ces outils contribuent à réduire les doses de produits phytosanitaires tout en préservant leur efficacité, et ils sont également conçus pour améliorer l'ergonomie et la sécurité des utilisateurs. L'objectif de cette journée technique était également de sensibiliser les exploitants agricoles et les étudiants en formation aux dernières innovations dans le domaine, ainsi qu'aux perspectives offertes par la recherche pour réduire la pression des intrants dans les zones à enjeux.
Accompagner la transition
La Chambre d'agriculture de Haute-Saône, mandatée par la Communauté de Communes Val de Gray, est fortement engagée depuis de nombreuses années dans des actions de sensibilisation. Cette journée a été l'occasion de présenter des techniques novatrices visant à réduire les intrants agricoles. Des questions demeurent dans le domaine du soutien financier apporté aux agriculteurs pour accompagner leur transition vers des pratiques plus respectueuses de l'environnement. Les investissements indispensables (matériels, mais aussi formation) s'inscrivent dans une logique de long terme et les résultats en matière de qualité de l’eau ne sont pas forcément immédiats. Malgré ces défis, un plan d'actions est mis en place à l'échelle du Pays graylois, où 55 exploitations participent au programme de "paiement pour services environnementaux", recevant une rémunération proportionnelle à leurs efforts pour réduire l'utilisation des pesticides. Cette initiative est financée une enveloppe de 6 millions d'euros déployée spécifiquement dans ce secteur.