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Automie protéique : le soja cru, alternative au tourteau ?

L’emploi de sa graine brute en alimentation animale est limité par la teneur élevée en matière grasse
L’emploi de sa graine brute en alimentation animale est limité par la teneur élevée en matière grasse

La teneur élevée en matière grasse constitue la principale limite technique à l’utilisation du soja cru dans l’alimentation des laitières. D’où l’intérêt de l’extrusion, qui permet d’obtenir un tourteau déshuilé, et du toastage, qui permet d’éliminer une partie des facteurs anti-nutritionnels…

Face à l’envolée du prix des aliments, la recherche de l’autonomie protéique est devenue centrale dans les élevages en agriculture biologique voir conventionnels. Ainsi, de plus en plus d’éleveurs s’intéressent à la graine de soja crue. Celle-ci peut être distribuée aux vaches laitières et permettre de bons résultats techniques, à condition de prendre quelques précautions car il s’agit d’une graine riche en matière grasse difficile à assimiler pour les ruminants.

Une graine intéressante mais à limiter

La graine de soja crue présente des valeurs alimentaires intéressantes tout en ayant une teneur en matière grasse élevée (23% de la matière sèche) et des substances indigestibles. Pour rappel, l’apport de matière grasse dans la ration ne doit pas dépasser 5% de la matière sèche ingérée. 

Les graines crues de soja présentent deux autres contraintes :

  • des facteurs anti-trypsiques (inhibiteurs d’enzyme) : qui limitent la digestibilité des protéines chez les jeunes ruminants et les monogastriques.
  • une richesse en azote soluble couplée à un manque de protéines non dégradables dans le rumen. Cela peut être un atout dans le cas d’une ration déficitaire en azote soluble, c’est notamment le cas des rations foin/regain. En revanche, pour les rations contenant une forte proportion d’ensilage d’herbe ou de méteil, la part d’azote dégradable dans le rumen est généralement suffisante.

Des procédés pour améliorer sa valorisation

L’intérêt de l’apport de graines crues peut être limité. C’est là que le traitement thermique (extrusion, cuisson humide …) intervient : il permet de protéger les protéines de la dégradation ruminale et donc d’augmenter les PDIA et de réduire la part d’azote soluble ruminal. Ce procédé est donc intéressant avec une ration non déficitaire en azote dégradable dans le rumen. 

L’extrusion du soja nécessite un extrudeur, qui  fonctionne sur le principe d’une vis déstructurant la graine de façon mécanique tout en provoquant une élévation de la température.  L’extrusion du soja va permettre entre autres d’améliorer la valeur énergétique de la graine.

Le toastage consiste à chauffer les graines pour diminuer la teneur en facteurs antinutritionnels présents dans la graine de soja crue et augmenter le taux de protéines assimilables. La quantité de matière grasse reste cependant la même. Lors du toastage, il est important de maitriser le couple temps/température utilisé car un chauffage trop fort et/ou trop long peut avoir un effet négatif sur la digestibilité des protéines.

Remarque : Les valeurs UFL et UFV sont identiques pour les graines de soja traitées thermiquement (toastées et extrudées). Elles sont plus importantes que celles des graines de soja crues et du tourteau de soja. Néanmoins les valeurs azotées restent en dessous de celles du tourteau de soja 48.

Et les autres protéagineux ?

Les graines de protéagineux sont toutes riches à la fois en protéines et en énergie. Parmi l’ensemble des légumineuses à graines, on peut distinguer nettement deux groupes de par la composition biochimique des graines. Celui des graines riches en amidon et en protéines, pauvres en huile : pois, féverole, les différentes vesces, la lentille… et celui des graines riches en protéines et en huile, pauvres en amidon : lupin, soja…

Le choix d’un type de protéagineux dépend notamment de la ration fourragère de base, en fonction de la proportion et la qualité d’herbe, de maïs ou de légumineuses fourragères. Le pois et la féverolle, par exemple, sont des aliments complémentaires d’un régime basé sur le pâturage, pour lequel il est nécessaire d’avoir une source d’énergie supplémentaire riche en glucides fermentescibles dans le rumen.

On le rappelle, il ne faut pas négliger la qualité des fourrages présents (ration de base) qui constituent le principal apport d’azote et d’énergie de la ration. Les graines céréales ou protéagineux, ne jouent que le rôle de tampon d’une ration qui évolue en fonction du mélange fourrager, de la saison et de l’année climatique.