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Méteils : enseignements des essais locaux

groupe d'agriculteurs dans un champs
groupe d'agriculteurs dans un champs

Les méteils connaissent un engouement important dans les exploitations d'élevage. Un essai pluriannuel, conduit au Gaec de la vieille Tuilerie sous la supervision de Gen'iatest, livre ses premiers enseignements.

Les aléas climatiques, économiques et géopolitiques fragilisent les approvisionnements extérieurs des exploitations d'élevage... et rendent d'autant plus attractives les options qui renforcent l'autonomie fourragère, énergétique et protéique. Le 22 avril dernier, Germain Bilat, associé du Gaec de la vieille Tuilerie à Oiselay-et-Grachaux, recevait sur sa ferme un groupe d'éleveurs venus s'informer sur les méteils. « Les méteils constituent un outil très intéressant pour sécuriser les systèmes fourragers, par contre les valeurs alimentaires obtenues sont parfois décevantes... », introduit François Dubief, chef de service à Haute-Saône Conseil élevage, qui a supervisé l'essai. Au Gaec de la vieille Tuilerie - 290 ha, 585 000 litres de lait livré - c'est bien la question de l'autonomie fourragère qui a motivé la mise en place des premiers méteils, en 2015, suite à une formation suivie par le jeune installé. « Une partie des terrains de l'exploitation sont très superficiels, ce qui nous expose beaucoup en cas de sécheresse. Dans la réflexion, on a commencé par définir le besoin du cheptel en MAT (matière azotée totale) pour redéfinir l'assolement. L'intérêt des méteils implantés à l'automne pour une récolte au printemps, c'est qu'ils échappent en grande partie à ce risque de sécheresse. » L'exploitant a aussi, en parallèle, implanté des mélanges prairiaux riches en légumineuses (fétuque + trèfle et luzerne), du sainfoin... « 54% de la surface cultivée aujourd'hui l'est avec des légumineuses »

Moins d'intrants, une meilleure marge alimentaire

Un méteil grain (triticale vesce féverole) introduit à hauteur de 2 kg/VL/jour dans une ration de base fondée sur l'ensilage d'herbe (8 kg bruts), l'ensilage de maïs (3 kg), le maïs épi (2kg), de tourteau (2,5 kg) et d'une VL24 permet de bien contenir les coûts alimentaires. « Cet hiver, les quantités de concentré distribuées étaient de 227 g/VL/jour, soit un coût de 86 €/1000 litres », détaille Jérémy Grosjean, conseiller élevage à Gen'iatest. Entre 2015 et 2021, la réorganisation de la sole au profit de la production de protéines végétale destinées au troupeau a permis de faire baisser le coût de concentré de 101 à 87 €/1000 L, et ce tandis que la productivité laitière passait de 7 500 à 8 200 kg/VL... et que le nombre d'UGB de l'exploitation progressait également. Parmi les avantages "colatéraux'' des méteils, l'exploitant met en avant une forte réduction des intrants, tant pour la fertilisation que pour la protection fongicide ou insecticide.

Cette matinée d'échange a aussi permis d'aborder les principaux écueils rencontrés dans la conduite des méteils. « En plus de l'aléa climatique qui va énormément jouer sur la part de protéagineux dans le mélange récolté au final, le taux de germination de certains protéagineux comme la féverole, peut-être très variable », prévient Germain Bilat. Il peut aussi y avoir un décalage important de maturité entre les espèces cultivées ensemble. « C'est la maturité de la céréale qui doit dicter la récolte. Et il faut aussi prendre en compte le type d'animaux auxquels le méteil est destiné. En effet, on mesure une dégradation très rapide de la valeur énergétique en lien avec le stade de la céréale. Cette dynamique est constatée quel que soit le mélange : on part de valeurs très élevée, supérieures à 1,1 UF aux stades feuillus de la céréale, qui s'effondrent à partir du stade fin montaison. », analyse François Dubief. Toute la difficulté consistera alors à trouver des fenêtres météo propices pour pouvoir récolter au bon stade, sur une période qui va se situer de la mi à la fin avril...

Les points-clés pour récolter des fourrages riches en MAT et en énergie :

- semer des mélanges à plus de 70% de protéagineux

- récolter au stade de la céréale "épis au 2ème nœud" ou fin montaison au plus tard

- à ce stade les rendement seront inférieurs de l'ordre d'une tonne de matière sèche à l'hectare par rapport au stade début épiaison

 

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