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MSA de Franche-Comté : faire face à la crise suicidaire

Stéphane Mougnard et Marine Dargon ont expliqué le cheminement qui peut mener à la crise suicidaire. Crédit photo : MSA
Stéphane Mougnard et Marine Dargon ont expliqué le cheminement qui peut mener à la crise suicidaire. Crédit photo : MSA

Avec un taux de suicide de 12 % supérieur à la moyenne nationale, la profession agricole est particulièrement touchée. Pour prévenir ces drames, la MSA a mis en place des dispositifs comme les réseaux Sentinelle et Phar’andole, visant à former et sensibiliser les professionnels et les proches aux signes de mal-être et aux risques suicidaires.

« Nous ne pouvons pas dire que nous rencontrons souvent des personnes suicidaires mais il ne se passe pas un trimestre sans que nous tombions sur quelqu'un qui va très mal », résume Stéphane Mougnard, assistant social pour la MSA de Franche-Comté.

Les derniers chiffres de la MSA sur le suicide en agriculture remontent à 2016. Cette année, 550 agriculteurs se sont donné la mort, soit un et demi par jour, ce qui est 12% supérieur au régime général. Des chiffres souvent sous-estimés car certains suicides, notamment en voiture, sont comptabilisés dans les accidents. En agriculture le taux de mortalité après une tentative et supérieur de 43,2% par rapport au reste de la population car les moyens employés sont souvent violents. Pour y faire face, l'organisme a créé les réseaux Sentinelle et Phar’andole.

Sentinelle s'adresse en priorité aux professionnels des OPA en contact direct avec les exploitants et leurs salariés. Grâce à une formation de deux jours, suivie de journées de perfectionnement, ils sont formés à repérer les signaux d’alerte du mal-être et du risque suicidaire pour orienter vers les ressources appropriées.

Pour que tout un chacun puisse aussi être sensibilisé au risque, la MSA de Franche-Comté propose aussi des réunions d’information « Phar’andole ». D’une durée de deux à trois heures, elles apportent des clés de compréhension sur la crise suicidaire, afin de permettre de repérer une personne à risque. La crise suicidaire et les orientations possibles y sont abordées.

Beaucoup d'idées reçues, fausses

Une telle réunion était organisée le mardi 8 octobre à Arbois. « Il existe beaucoup d'idées reçues fausses sur le suicide, » explique l’infirmière du travail Marine Dargon. « Beaucoup pensent par exemple que les gens qui en parlent ne passeront jamais à l'acte. C’est faux. »

Le suicide n'arrive pas du jour au lendemain mais après un cheminement.  Les causes pouvant pousser un agriculteur à vouloir mettre fin à ses jours peuvent être nombreuses : contraintes administrative, économique et climatique, conditions de vie et de travail, complexité du métier, isolement, problème de voisinage, mésentente au sein du Gaec, agribashing, etc.

La crise suicidaire survient lorsque la personne a épuisé les ressources et entre doucement dans un état dépressif. Une succession d'événements provoque alors un état de vulnérabilité. La personne se retrouve submergée par ses émotions. Les solutions disparaissent les uns après les autres. Pour finir elle ne voit plus qu’une solution le suicide. « A la fin elle ne pense plus qu’au suicide. Son souhait n'est pas de mourir, elle ne veut pas faire de mal, elle veut juste que ses problèmes s'arrêtent, » poursuit l'infirmière avant de mettre en garde contre les facteurs aggravants que sont l’alcool et la drogue.

Entre la première idée et le passage à l'acte il se passe en moyenne 2 mois. Une fois la décision prise, la personne semble aller mieux. « Elle a convenu du lieu, du moment et de la méthode, Ça lui enlève tous ses poids ».

Ne pas hésiter à poser la question

Pour évaluer le risque, il ne faut pas hésiter à poser clairement des questions, ou demander à quelqu’un de les poser, sans tourner autour du pot : « Est-ce que tu as des idées suicidaires ? Y penses-tu tous les jours ? Quand et comment imagines-tu te suicider ? As-tu le matériel nécessaire ? ». La personne qui pose la question doit être prête à entendre la réponse et à parler avec la personne.

 « En général une personne qui souhaite passer à l'acte répond, » précise Marine Dargon. « Mais il ne faut pas oublier qu'avec les êtres humains rien n'est jamais figé ».

Si les réponses sont positives il faut appeler en urgence le 15, avec ou sans l'accord de la personne concernée, et rester avec elle jusqu'à l'arrivée des secours.

Pour aider les personnes, la MSA a mis en place une aide au répit, soit 14 jours de remplacement. Les personnes au bout du rouleau peuvent aussi bénéficier de 12 séances avec un psychologue. « Heureusement en Franche-Comté, nous travaillons avec un médecin qui peut se déplacer sur les exploitations, » précise Stéphane Mougnard. Des séances avec une diététicienne ou d’activités physiques pour se changer les idées peuvent aussi être financés par la MSA.

Le 3114, numéro national de prévention du suicide

Si vous êtes en détresse et/ou avez des pensées suicidaires, si vous voulez aider une personne en souffrance, vous pouvez contacter le numéro national de prévention du suicide, le 3114, accessible 24h/24 et 7j/7, gratuitement, en France entière. Un professionnel du soin, spécifiquement formé à la prévention du suicide, sera à votre écoute.