Vous êtes ici

Quantifier les progrès sur l’exposition aux pesticides

Réduire l'exposition des agriculteurs à des molécules toxiques est un des grands enjeux. Crédit photo : LD
Réduire l'exposition des agriculteurs à des molécules toxiques est un des grands enjeux. Crédit photo : LD

L’utilisation des produits phytosanitaires en agriculture relève, encore et toujours, de la balance bénéfices-risques. Côté bénéfice : le contrôle des bio-agresseurs. Côté risques, on peut les classer en trois catégories : exposition des consommateurs, exposition des agriculteurs et impact sur la biodiversité et les organismes non-ciblés.

  1. L’exposition des consommateurs via l’alimentation est la catégorie la plus médiatique, mais aussi la plus surveillée...  et la moins problématique en France. De ce point de vue, il existe peu d’inquiétudes, dans l’état actuel des connaissances scientifiques : il ne s’agit en aucun cas d’un problème de santé publique.
  2. L’exposition des agriculteurs, premiers concernés. A priori, ce sont eux qui sont les plus exposés. Malgré les études de la MSA rassurantes (Agrican), et les progrès dans les pratiques (utilisation des EPI et formation des applicateurs), la baisse de l’exposition à des produits dangereux reste une précaution indéniable. À ce titre, la quasi disparition des produits classés CMR-1 dans les ventes (10 % en 2009, moins de 1 % aujourd’hui : voir graphique ci-dessous) est une bonne nouvelle.
  3. L’impact sur la biodiversité et les organismes non-cibles. Bien que les profils éco-toxicologiques des molécules appliquées soient de plus en plus surveillées, cet aspect reste encore le plus débattu notamment par les ONG environnementales. Car il est très difficile d’imputer une évolution de la biodiversité à l’utilisation d’un pesticide, parmi tant d’autres facteurs environnementaux non agricoles. On l’a vu avec le cas des néo-nicotinoïdes : les pollinisateurs si surveillés n’ont pas réagi au retrait des molécules incriminées.

Ce qui est certain, c’est que les indicateurs utilisés par la France (QSA, Nodu et IFT) ne permettent pas de mesurer les progrès réalisés sur ces trois domaines, contrairement par exemple à l’indicateur utilisé depuis 2017 par le Danemark : le PLI (pesticide load indicator). Celui-ci prend en compte la santé humaine (risque pour l’opérateur), le comportement environnemental (bioaccumulation, dégradation, pollution des nappes) et l’éco-toxicité (impact sur les plantes et animaux non-cibles). Une démarche pragmatique.

Les matières actives à risque cancérigène ont quasiment disparu de l'éventail des produits phytosanitaires utilisés sur le territoire français.
Les matières actives à risque cancérigène ont quasiment disparu de l'éventail des produits phytosanitaires utilisés sur le territoire français.