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Installation-transmission : audace et persévérance !

Une table-ronde sur la place des femmes dans l'agriculture était organisée. Crédit photo : A.Coronel
Une table-ronde sur la place des femmes dans l'agriculture était organisée. Crédit photo : A.Coronel

Dans l’agriculture la reconnaissance pleine et entière des femmes sur les plans juridique et social s’est construite au fil des décennies. D’autres combats restent d’actualité, comme ceux de l’ergonomie du travail, de la considération… et de l’image de l’agriculture !

Plein succès pour le forum installation-transmission organisé par les JA et la CA70 le 28 mars dernier à Quincey : pas moins de 18 organisations professionnelles agricoles et cinq établissements de formation (soit 150 élèves) avaient répondu présent. Sans oublier les élus locaux, au nombre d’une dizaine. La matinée a permis de diffuser des vidéos sur le thème de l’installation (film tourné chez Rémi Chaudey, Président des Jeunes Agriculteurs du canton de Vesoul-Saulx-Port). Laetitia Fayard, pour l’Odasea, détaillait de son côté le parcours à l'installation. Par groupes de huit à 10, les élèves présents ont pu échanger avec les différentes OPA, toutes impliquées de près ou de loin dans le processus d’installation, l’obtention des aides…

Une table ronde consacrée à la place des femmes

L’après-midi, une table-rond sur le thème de l’installation a permis d’entendre le témoignage de plusieurs générations de femmes. Eliane Mantion, désormais retraitée, mais toujours activement impliquée au sein de la SDAE, a relaté comment la mécanisation, et surtout les évolutions statutaires, ont permis aux femmes d’être mieux reconnues dans leur travail « dans les années 70 on était ‘’sans profession’’, c’est pourquoi aujourd’hui on a des retraites de misère. Si on se bat aujourd’hui pour revaloriser ces retraites, c’est surtout pour vous, la nouvelle génération. » Propos corroborés par Chloé Guerbert, animatrice de la SDAE, qui a donné quelques repères historiques : 1985 pour l’Earl entre époux, 2006 le Gaec entre époux, 2019 les congés maternités ouvrant droit à des indemnités journalières…

Aurélie Paulien, Valentine Huguenot et Justine Grangeot, toutes trois agricultrices en activité ont à leur tour délivré des éclairages au sujet des rapports hommes-femmes en agriculture, de la complémentarité des rôles, des progrès qui restent à faire en termes d’ergonomie du matériel agricole pour réduire la pénibilité liée à la manutention… « Pour l’attelage des outils, les cardans, le changement de la bobine de film dans l’enrubanneuse… il y a encore des progrès à faire ! » note Valentine Huguenot, qui a néanmoins donné une dimension d’accueil à sa ferme, depuis son installation « je reçois des scolaires, ça me fait plaisir ». Les trois témoins n’ont pas oublié de mentionner l’intérêt d’adhérer aux services de remplacement, pour sécuriser l’exploitation, mais aussi avoir du temps pour se former, s’investir dans des collectifs (associations, syndicalisme…) et aussi prendre du temps pour soi, du recul. Julien Meyer, de la MSA, a pu détailler les conditions d’accès aux congés maternité, paternité, mais aussi à nombre de prestations sociales auxquelles la grossesse ouvre droit.

Les voyages forment la jeunesse

« Installez-vous, mais pas trop vite, conseille Aurélie Paulien aux jeunes présents dans l’assistance : c’est un métier difficile, et même si à 19 ans ça vous paraît urgent, c’est trop tôt car vous n’avez rien vu… c’est bon d’aller voir ailleurs, quelques mois, quelques années, pour découvrir d’autres méthodes de travail, d’autres manières de penser, avant de revenir ! » Justine Grangeot complète « N’oubliez jamais la question de la viabilité : 500 € par mois de prélèvements, pas de congés, ça ne tiendra pas 10 ans ! »

« Ouverture d’esprit, audace et persévérance : voilà les trois points forts qui ressortent de vos témoignages », a conclut Gérald Pichot, qui animait les débats.

Questions pour une installation : le quizz de l’agriculture haut-saônoise

Mickaël Grevillot, directeur de l’Odasea, animait un petit quizz ludique auquel ont participé deux volontaires de chaque école présente au forum installation-transmission (CFPPA et CFA de Vesoul Agrocampus, MFR de Fougerolles et de Combeaufontaine. L’occasion de préciser, en quelques chiffres, les données agricoles départementales.

La Haute-Saône c’est :

  • Un peu plus de 2 000 exploitations, majoritairement céréalières depuis 2020

  • 49% d’installations hors cadre familial

  • 27% des chefs d’exploitation ont plus de 57 ans

  • 59% des nouveaux installés ne demandent pas la DJA (montant moyen 39 k€)

  • 49% de la surface libérée par les cédants est attribuée aux JA, le reste part principalement à l’agrandissement et 10% à l’artificialisation.

  • Le taux de remplacement (ratio du nombre d’installations sur le nombre de départs en retraite) est de 75% de remplacement (vs 100% dans le département du Doubs)

  • 51 installations ont été aidées en 2022

  • En 2022, les femmes ont représenté 51% des installations