L’interprofession viande met les bouchées doubles pour relancer des actions de défense et de promotion de la viande et de ses métiers (Eleveurs, transformateurs, distributeurs), au sortir de la crise sanitaire. C’est plus que jamais nécessaire alors que la configuration de la nouvelle Pac sème le doute dans les rangs des éleveurs.
Le 29 juin, la Commission européenne a validé l’aide de 60 millions d’euros décidé par la France, à destination des élevages en difficulté. Un dispositif qui avait été annoncé le 6 mars par le Premier ministre, Jean Castex et dédié aux éleveurs ayant gagné moins de 11 000 euros en 2020 tout en ayant subi des pertes importantes. Une bonne nouvelle donc, alors qu’en parallèle, le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, se réjouissait de l’accord conclu sur la future Pac et, notamment, de la possibilité d’utiliser les aides couplées pour le développement des protéines végétales. Une dimension qui passe moins bien dans les rangs des éleveurs bovins. Leur inquiétude, sur la volonté qu’ils considèrent comme implicite, de privilégier les protéines végétales aux dépens des protéines animales était palpable, lors de l’assemblée générale d’Interbev, leur interprofession présidée par Yves Largy, organisée le 24 juin en Côte-d’Or, à Pouilly-en-Auxois.
Contradiction entre économie et environnement
Jean-Pierre Fleury ne s’en est pas caché, dans le point sur les négociations Pac qu’il a présenté à cette occasion. « Je suis réaliste sur l’avenir du secteur viande bovin, précisait-il : il est dans le collimateur de beaucoup de détracteurs et on sent aussi un désintérêt de la part du gouvernement français. On a l’impression que personne ne comprend comment fonctionne le secteur. L’élevage va servir à financer le plan protéines végétales et c’est une décision française, ça ne vient pas de l’Europe ! On nous dit que nous serons gagnants sur la convergence mais ça sera très progressif et le couplage proteines végétales va prendre le dessus. On est face au risque d’une sorte de « mort lente ». A la Fédération nationale bovine (FNB) nous avons expliqué qu’en dessous d’une aide de 120 euros par UGB, nous ne savions pas faire... En fait, on en arrive à une contradiction entre la volonté économique et la volonté environnementale ». Pas vraiment de quoi remonter le moral de la profession donc qui constate un vieillissement global des chefs d’exploitation en Bourgogne Franche-Comté.« Tant qu’on n’améliorera pas la rémunération, déplorait-il, on ne pourra pas faire changer cette tendance... », déplore Romaric Gobillot, éleveur nivernais.
Dans cette ambiance morose, Interbev poursuit néanmoins ses actions de promotion des viandes : près d’une vingtaine menées en 2020, dans le contexte sanitaire que l’on connait.