Olivier Krumbholz, ancien entraîneur emblématique de l’équipe féminine nationale de handball, a partagé avec les participants des assemblées générales de Genia’test et du groupe Umotest une vision riche et captivante des principes de management, applicables tant sur le terrain sportif qu’au sein des entreprises.
A la lumière d’une carrière auréolée de succès, conclue par une médaille d’or olympique à Tokyo, Olivier Krumbholz a su séduire un auditoire conquis d’avance en déroulant une intervention émaillée d’anecdotes, de pointes humoristiques, et de leçons de leadership transposables au monde professionnel.
L’intelligence collective : un levier surmultiplicateur
« Dans un collectif qui fonctionne, 1+1 fait bien plus que 2, et c’est jubilatoire », lance Olivier Krumbholz, pour introduire la puissance potentielle de l’intelligence collective. Au handball, un sport où les décisions tactiques doivent être prises à une vitesse fulgurante, la collaboration et la confiance sont essentielles. Selon lui, cet état d’esprit collectif permet de déjouer des pronostics, à l’image de son équipe ayant régulièrement battu des adversaires plus forts sur le papier. Ce modèle s’applique également à une équipe professionnelle : créer un environnement où chacun peut s’exprimer et contribuer aux stratégies favorise un élan collectif. Toutefois, rappelle l’entraîneur, « la réussite ne repose pas uniquement sur le collectif : il faut aussi des éléments déterminants capables de faire la différence ». Il évoque notamment les aspects matériels, une ambiance sereine, le confort de travail, la sécurité affective…
Au sein d’une équipe, les joueurs incarnent des profils variés, chacun avec ses forces et ses défis. Il y a ceux qui excellent à l’entraînement mais peinent à exceller en compétition, ceux qui progressent lentement mais sûrement, et ceux qui, tels des artisans, exécutent impeccablement les consignes. Enfin, les artistes, ces joueurs au talent indéniable, peuvent être des atouts exceptionnels, mais nécessitent un encadrement délicat pour canaliser leurs élans et éviter qu’ils ne négligent le travail régulier.
Pour Olivier Krumbholz, le défi du management est de faire cohabiter ces profils en harmonie, de les pousser à donner le meilleur d’eux-mêmes tout en les intégrant dans une dynamique commune. « L’artiste, choyé des ses débuts pour ses qualités au-dessus du lot, peut laisser ses talents en friche s’il n’est pas bien accompagné », souligne-t-il, en insistant sur le rôle déterminant de l’entraîneur dans cette orchestration.
Définir des objectifs clairs et partagés
Pour qu’une équipe soit performante, il est crucial de fixer des objectifs à la fois ambitieux et réalistes. Ces objectifs doivent être partagés et jouer le rôle de ciment au sein du collectif. « Si un objectif est inatteignable, il démotive. S’il est trop facile, il perd son sens », avertit Krumbholz. Il préconise une approche en trois étapes pour progresser : fixer l’objectif, en évaluer le prix, et accepter de le payer. L’entraîneur insiste aussi sur l’importance de la conviction, affirmant que l’enthousiasme naît de la combinaison de trois moteurs : la passion, l’ambition, et la conviction.
Gérer les émotions et les conflits
L’entraîneur met en garde contre deux sentiments destructeurs : l’angoisse et le doute. « On vit 100 ans, mais on se fait du souci pour 1 000 ans », résume-t-il avec humour. Selon lui, il est essentiel d’accepter l’échec comme une opportunité d’apprentissage : « L’erreur n’est pas une faute ; sa reproduction, oui. » Dans les moments de tension, une communication claire et bienveillante est primordiale. Krumbholz rappelle aussi l’importance de choisir ses mots avec soin, évitant ceux qui blessent durablement. Il préfère les discussions ouvertes, qui laissent une porte de sortie : « Tes performances ne sont pas à la hauteur de ton potentiel », cite-t-il comme exemple d’encouragement constructif, en tête à tête avec une joueuse décevante depuis plusieurs matchs. Sans oublier le non-verbal, le fameux "body-langage" des anglo-saxons, essentiel dans un sport en salle saturé par les manifestations bruyantes des supporters.
Encourager l’autonomie et l’innovation
Enfin, l’entraîneur insiste sur la nécessité de responsabiliser les membres du collectif. « Tout ce que les joueuses décident entre elles a plus de force que ce qu’on impose d’en haut », affirme-t-il. Il appelle à ne pas avoir peur de prendre des risques et à encourager les initiatives disruptives, même si elles sortent des conventions. Cette autonomie, combinée à une gestion rigoureuse du temps et des ressources, est, selon lui, un facteur clé de succès. Il conclut avec une citation de Théodore Roosevelt : « Tout le mérite revient à celui qui descend vraiment dans l’arène, dont le visage est couvert de sueur, de poussière et de sang, qui lutte vaillamment, qui se trompe, qui échoue encore et encore – car il n’y a pas d’effort sans échec –».
Du terrain au bureau, des leçons intemporelles
Le message d’Olivier Krumbholz résonne bien au-delà du terrain de handball. Il illustre comment les principes du sport collectif peuvent enrichir les pratiques managériales dans tous les domaines, y compris au sein d’une coopérative agricole, où intelligence collective et leadership éclairé sont des atouts majeurs pour relever les défis économiques, règlementaires, sanitaires et climatiques.