Vous êtes ici

La récolte du colza à l'épreuve de la météo et du contexte sanitaire

à gauche mycosphaerella​​​​​​​  à droite : alternaria (photos l.jung-Terres Inovia)
à gauche mycosphaerella​​​​​​​ à droite : alternaria (photos l.jung-Terres Inovia)

La saison de récolte du colza approche à grands pas dans des conditions météorologiques humides et une fin de cycle caractérisée par la propagation de maladies sur les siliques. Deux paramètres qui justifient une approche stratégique, une vigilance accrue et des ajustements précis pour minimiser les pertes et optimiser le rendement final.

Depuis plusieurs semaines, nous observons une dégradation de l'état sanitaire des siliques de colza, particulièrement marquée par des brunissements et noircissements accélérés. Les conditions météorologiques humides ont favorisé la propagation de maladies telles que Mycosphaerella brassicicola et Alternaria brassicae, principalement dans les régions comme le Poitou-Charentes, les Pays de la Loire, la Bretagne, le Centre-Val de Loire et la Champagne-Ardenne. Ces pathogènes causent des symptômes distincts, allant de taches grisâtres à des taches noires circulaires, compromettant la maturation des siliques et réduisant potentiellement le rendement.

​​​​​​​​​​​​​​Impacts potentiels des maladies

Les effets précoces de ces maladies sur les siliques peuvent entraîner des pertes significatives de rendement en perturbant le processus de remplissage des graines. Selon nos essais récents, les pertes dues à Mycosphaerella peuvent atteindre entre 5 et 8 quintaux par hectare, tandis que les attaques sévères d'Alternaria pourraient occasionner des pertes allant jusqu'à 6 quintaux par hectare. En outre, d'autres facteurs comme les ouvertures prématurées des siliques par suite d’événements climatiques (vents, grêle) ou d’attaques de ravageurs (larves de cécidomyies, charançons des siliques) exacerbent les dommages.

Stratégies pour une récolte optimale

Face à ces défis, il est crucial d'adopter une approche prudente pour la récolte du colza :

  1. Vérification de la maturité : assurez-vous que les siliques sont mûres et que les graines atteignent environ 9 % d'humidité. Les enveloppes des siliques doivent être matures, de couleur brun clair, et les tiges de colza doivent avoir des pailles sèches (moins de 20 % d'humidité) pour éviter les pertes de rendement dues à des siliques non battues.
  2. Réglage optimal de la moissonneuse-batteuse : un réglage précis de la machine est essentiel pour minimiser les pertes. Contrôlez la vitesse du batteur, ajustez la hauteur de coupe pour optimiser le secouage des parties sèches de la végétation, et vérifiez la ventilation pour éviter les pertes arrière.
  3. Gestion des tiges vertes : limitez la présence de tiges vertes à moins de 20 % pour assurer une récolte efficace. Les tiges non matures peuvent entraîner des pertes importantes lors du battage.​​​​​
  4. Surveillance continue : soyez vigilant quant à l'évolution des conditions météorologiques et des symptômes sur le terrain. Des ajustements peuvent être nécessaires en fonction de l'évolution des maladies et des prévisions météorologiques.Les tiges vertes à la récolte sont synonymes de pertes.

Dans le contexte de l’année, il est important d’aller observer régulièrement​​​​​​​ l’évolution de l’humidité des siliques. Les maladies de fin de cycle accélèrent le dessèchement des siliques pouvant conduire à des récoltes plus précoces.  Dans les parcelles touchées par des maladies, notamment Mycosphaerella, il convient d’aller récolter dès les premiers signes d’égrenage.

​​​​​​​Pour conclure, cette campagne du colza, marquée par des conditions humides et des maladies, nécessite une gestion stratégique de la récolte pour minimiser les pertes. En surveillant la maturité des siliques, en réglant correctement les moissonneuses, en gérant les tiges vertes et en restant vigilant face aux conditions météorologiques, vous pourrez maximiser le rendement et la qualité de votre récolte.