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Sclérotinia du colza : adapter la protection à la parcelle

Sclérotinia sur tiges de colza. Crédit photo : L.Jung-Terres Inovia
Sclérotinia sur tiges de colza. Crédit photo : L.Jung-Terres Inovia

Le sclérotinia est la maladie la plus préjudiciable sur colza au printemps. Néanmoins, les attaques sévères sont en net recul depuis plusieurs années. Des conditions climatiques moins favorables au développement du champignon au stade sensible de la culture pourraient expliquer cette baisse de la pression maladie, malgré une présence de l’inoculum dans les parcelles.

La lutte n’est pas systématique : pour décider de l’intervention, il convient en premier lieu d’évaluer le risque sclérotinia. La consultation des bulletins de santé du végétal (BSV) donne une bonne vision d’ensemble du risque régional. Le niveau de risque peut être affiné à la parcelle au regard du nombre de cultures sensibles à la maladie dans la rotation, de l’historique des attaques sur la parcelle, de la densité du couvert et du climat (temps humide avant floraison).

Le positionnement du traitement conditionne son efficacité

Aujourd’hui, le traitement en préventif à la chute des premiers pétales (stade G1) reste la seule solution efficace sur la maladie. Le stade G1 apparait, selon les températures, 6 à 12 jours après le début de la floraison du colza. Des essais menés depuis plusieurs années par Terres Inovia démontrent que le positionnement du fongicide reste un élément majeur pour garantir une bonne efficacité : intervenir trop tôt ou trop tard par rapport au stade G1 réduit significativement l’efficacité sur sclérotinia.

Attention à la variabilité inter et intra-parcellaire !

Pour une même date de semis, l’entrée en floraison peut différer entre les parcelles de l’exploitation. Cette variabilité s’explique d’une part par des différences de précocité entre variétés, par les conditions d’implantation mais également par des problématiques ravageurs (altises, charançon), et/ou le contexte pédoclimatique. Il est donc recommandé de piloter l’intervention fongicide sclérotinia au cas par cas. Au sein d’une même parcelle, l’utilisation d’une variété piège à méligèthes, précoce à floraison, entraine un décalage de stade. Il convient dans ces situations d’observer le stade de la variété d’intérêt pour positionner l’intervention au meilleur moment.

Quelle solution utiliser selon le niveau de risque sclérotinia ?

Les solutions conventionnelles du marché, historiques comme plus récentes, sont des solutions performantes contre le pathogène et permettent une alternance des modes d’action. Cependant, le choix du fongicide doit tenir compte de l’évolution de la résistance du sclérotinia aux SDHI. La note commune publiée en 2024 par l’Anses, INRAE et Terres Inovia recommande d’éviter l’emploi seul d’un fongicide à base de SDHI, tel que le Pictor Pro (boscalid). Il convient de l’associer avec un autre mode d’action efficace (les solutions de biocontrôle restent insuffisantes) et de limiter son emploi à une seule application par campagne.   

En cas de risque agronomique sclérotinia faible à modéré (pression historique modérée, retour colza 1 an/4-5), toutes les solutions fongicides employées à demi-dose présentent un niveau d’efficacité satisfaisant vis-à-vis du sclérotinia. Les triazoles classiques (tébuconazole, metconazole) peuvent également être envisagés, ainsi que les biocontrôles utilisés en mélange avec une demi-dose de produit conventionnel.

En cas de pression sclérotinia élevée (retour colza une année sur trois ou moins, historique d’attaques sévères 2 ans/10, climat favorable, etc.), le mode d’action SDHI doit être associé à un autre mode d’action dont l’efficacité est reconnue comme régulière (par exemple, prothioconazole, metconazole, dimoxystrobine et tébuconazole). Les produits à base de prothioconazole offrent également un haut niveau d’efficacité. L’utilisation de Treso (fludioxonil), au mode d’action unisite, devra quant à lui se faire en association avec un autre mode d’action (triazole (DMI) ou strobilurine (QuoI-P)).

Des solutions de biocontrôle existent :

  • En pré-semis incorporé, Lalstop Contans-WG (C. minitans) vise la destruction des sclérotes du sol. Il permet de réduire les attaques dès la première application (efficacité variable pouvant aller jusque 70%). Le risque de contamination est réduit mais une protection fongicide supplémentaire est souvent nécessaire.
  • En traitement sur chaume, il permet de réduire le stock de l’année afin de limiter le risque pour les cultures suivantes.
  • Au stade G1, les traitements à base de Bacillus pumilus (Ballad), de Bacillus subtilis (Rhapsody) ou de Pythium oligandrum (Polyversum) sont préconisés en association avec un traitement fongicide. En cas d’attaque, le niveau d’efficacité sera déterminé par la demi-dose du fongicide choisi.

Les stratégies à double traitement (2ème traitement 10-15 jours après le stade G1) ne montrent pas de gain d’efficacité vis-à-vis du sclérotinia dans la très grande majorité des situations. Elles trouvent néanmoins un intérêt en termes d’efficacité et de rentabilité lors de fortes pressions en maladies de fin de cycle (du type mycosphaerella ou alternaria) ou en cas d’entrée en floraison très hétérogène d’une parcelle en année humide et qui nécessite alors une protection étalée dans le temps. 

Tableau des spécialités fongicides