Un collectif de huit exploitations haut-saônoises, constitué en GIEE, travaille sur le thème de la récolte de semences prairiales fourragères dans les prairies permanentes. Les enjeux sont multiples : autonomie fourragère et résilience vis-à-vis du changement climatique, préservation de la biodiversité ordinaire, santé du troupeau…
« Le ''bouquet pour maman'' illustre bien la perte de biodiversité dans nos prairies », introduit Gérôme Broutchoux, éleveur à Alaincourt et responsable professionnel du GIEE haut-saônois constitué il y a quelques mois, après une formation organisée par l’AFPASA sur ce thème. « Aujourd’hui, on se rend compte que des décennies de labours, de semis de variétés productives, ont appauvri la flore de nos prairies permanentes : c’est devenu compliqué de trouver des marguerites, des bleuets… » Au-delà de l’aspect anecdotique, la récolte de semences prairiales dans des prairies permanentes riches de leur biodiversité revêt aussi un enjeu économique. C’est la question de l’autonomie fourragère : « cette année par exemple, c’est sur les prairies permanentes que j’ai pu m’appuyer pour faire le stock, avec des graminées précoces qui ont assuré l’essentiel de la matière sèche », poursuit Gérôme Broutchoux, convaincu que dans le contexte d’incertitude climatique actuel, une flore riche et variée est gage de résilience. Valoriser la biodiversité locale dans son exploitation pour conforter l’autonomie fourragère ou créer de la valeur ajoutée sur son exploitation est donc la mission que s’est donnée le collectif des huit exploitations qui constituent le GIEE. « Ce sont des élevages de tous horizons (conventionnel, bio, intensif, extensif, etc..) qui se forment et s’informent sur ce sujet depuis près d’un an », poursuit Michel Delhon de la CA70, en charge de l’animation du groupe.
Au centre de ce projet, réinvestir la prairie naturelle, part de l’assolement devenue au fil des évolutions la part la plus méconnue et délaissée : « sa composition (qui détermine quantité et qualité du fourrage), ses coûts de production ainsi que ses différentes contributions à l’économie de l’exploitation (résilience du troupeau, organisation des chantiers), etc… »
Réinvestir la prairie naturelle
« Au fil des voyages d’études, de rencontres avec différents partenaires (naturalistes, universitaire, administration) le programme s’est progressivement construit pour aboutir à une demande de labélisation GIEE sur le thème de la multiplication des semences fourragères issues des prairies naturelles. Une première récolte a été effectué fin juin sur des prairies choisies par les membres du collectif avec l’appui de la société biocenosis et l’association Jura Nature Environnement qui ont déplacé une brosseuse pour cette opération. », poursuit le technicien.
Cette première dans le milieu agricole haut-saônois permettra une approche à la fois économique et environnementale de ce que les Suisses appellent « la fleur de foin ». Durant l’été, les graines seront triées pour être ressemées sur des prairies en fin de cycle correspondant au type de prairies récoltés courant de l’automne. Dans le même temps, le groupe envisage de caractériser les différents types de prairies naturelles disponibles sur le département avec l’appui de Sylvain Plantureux et du Conservatoire des Espaces Naturels à Besançon.
Outre l’intérêt économique de conforter l’autonomie fourragère, Gérôme Broutchoux table aussi sur d’autres vertus de ces foins issus de prairies diversifiées. « Il y a probablement des impacts sur la santé du troupeau, comme j’ai pu le constater empiriquement l’an dernier avec une forte proportion de carottes sauvages dans le fourrage distribué à la mélangeuse. Les résultats de reproduction ont été améliorés. » Enfin, il faut aussi regarder cette action sous l’angle de la préservation d’un patrimoine floristique bien adapté aux conditions pédoclimatiques locales. « Pour les collectivités qui souhaitent fleurir un rond-point, par exemple, ou le long d’un fossé, nous proposerons des graines de plantes sauvages locales. »
Pour toute information complémentaire, prendre contact avec Michel Delhon - Chambre d’Agriculture de Haute-Saône 17 quai Yves Barbier - 70000 Vesoul tel. : 03 84 77 14 64 courriel : michel.delhon@haute-saone.chambagri.fr