Les consommateurs d’aujourd’hui peuvent être un peu désemparés face à la surenchère du marketing agroalimentaire et aux discours dogmatiques qui fleurissent sur les réseaux sociaux… Pour s’informer correctement, rien ne vaut un échange direct avec les producteurs et une visite de ferme !
Le week-end dernier, une dizaine de fermes du département se sont prêtées à des opérations « portes-ouvertes », dans le cadre des Pistes du printemps bio ou des Journées nationales de l’agriculture. Pour le Groupement des agriculteurs biologiques de Haute-Saône, qui renouvelait l’initiative « sur les Pistes du Printemps bio » initiée en 2021, avec l’appui de la Chambre d’agriculture, les objectifs sont clairs « il s’agit de promouvoir les productions bio et locales et de communiquer sur les réalités et le quotidien du métier d’agriculteur, pour valoriser les activités de vente directe et l’agriculture biologique en général. » résume Gérald Pichot, le président du GAB70. Comme l’année dernière, les organisateurs ont aussi souhaité promouvoir la mobilité douce, en donnant aux participants qui le souhaitaient la possibilité de rallier les différents sites à pied, à cheval ou en vélo grâce à un sentier balisé d’une vingtaine de kilomètres. Une cinquantaine de cyclistes en a profité… « Mais la forte chaleur a eu raison de la motivation de nombreuses personnes. Nous avons quand même servi 450 repas sur trois sites. », reconnaît Marion Churout, animatrice bio à la CA70.
Chacune des quatre fermes bio proposait des animations ainsi que de quoi se restaurer et ou se rafraichir sur place, et des producteurs bio locaux étaient également présents pour vendre leurs produits fermiers.
Changement climatique, bien-être animal, biodiversité…
A Bouhans les Lure, Gérald Pichot a pu expliquer sa démarche en faveur de la diversité, avec un troupeau composite, qui tire partie du meilleur de la génétique bovine en matière d’adaptation aux conditions locales. Sans oublier de présenter les différentes cultures de l’exploitation, sélectionnées pour anticiper au mieux le changement climatique (teff-grass, sorgho,…) et nourrir le cheptel.
Flora Loridat, éleveuse de porcs et de vaches allaitantes à Dambenoît-lès-Colombe, a détaillé la philosophie qui oriente ses choix de conduites d’élevage. « L’élevage de porcs en plein air est devenu rare, et les visiteurs ont apprécié de découvrir le comportement des cochons. Ce sont des animaux intelligents, sociables et curieux. Quand on leur donne le cadre pour exprimer leurs besoins naturels et cloisonner leurs activités dans l’espace, ils ont la belle vie. C’est ce que je considère comme ma part du contrat envers eux. Il n’y a pas de lisier, donc pas de mauvaises odeurs. Les cochons s’amusent, fouissent, se tiennent propres. » La jeune éleveuse, qui a bénéficié du coup de main d’une vingtaine de bénévoles pour servir quelques 200 repas bio et confectionnés avec des produits locaux, a aussi pu faire valoir ses arguments éthiques, qui justifient le prix plus élevé du produit bio, transformé par ses soins. « Si on compare deux étiquettes de terrines de porc, je n’utilise que sept ingrédients, tandis qu’un industriel, 31 ! Il n’y a pas de sel nitrité, pas d’additifs ni de conservateurs dans mes terrines, moins de gras… et je paye mon travail. La différence de prix final n’est que d’un euro par kilo. »
Myrtilles et légumes bio
A Franchevelle, chez Philippe et Annemieke Loridat, les visiteurs étaient invités à participer à un atelier de fabrication de confitures. La ferme, au pied des Vosges, profite de ce terroir acide pour produire des petits fruits dont des myrtilles, sur une surface de 4 ha. Annemieke transforme une partie de ces fruits en confiture, coulis, sirop, vinaigre. Un petit troupeau d’Highland vivant en plein air total complète le tableau de cette ferme convertie à l’AB depuis plus de 30 ans.
Au Potager d’Augustine, à la Chapelle-les-Luxueil, les visiteurs ont découvert la grande diversité de légumes bio, de petits fruits rouges, mais aussi les aromatiques séchées, les jeunes plants bio à repiquer, et des produits transformés avec les légumes du potager.
Le Gaec des Potheys a répondu à l’initiative gouvernementale des JNAgri : dans le cadre de l’Année de la Gastronomie, le gouvernement soutient en effet les Journées Nationales de l’Agriculture en leur qualité « d’initiatives de valorisation de la gastronomie » sur tout le territoire. En partenariat avec le comité départemental du tourisme équestre, une vingtaine de bénévoles ont épaulé les exploitants pour une belle journée de découverte des 10 races de chevaux présentes (du poney Shetland au Selle français en passant par le Comtois), des cinq races bovines (charolais, rouge des pré, Galloway, Limousine et Simmental), de la mini-ferme. Au programme des activités proposées, des démonstrations équestres, des balades en calèche, des tontes de mouton, deviner le poids d’une jument comtoise, donner un nom en M au petit poulain de la veille… Côté gastronomie, un grand couscous a réuni 150 couvert pour un beau moment de convivialité partagée. Et pas moins de 250 sandwichs aux chipolatas et merguez de brebis ont été vendu à midi. Rendez-vous en 2023 pour la prochaine édition !