Une formation organisée par cette année par l’AFPASA et la Chambre d’Agriculture de Haute-Saône a permis aux participants d’aller à la rencontre d’agriculteurs pratiquant la récolte de semences prairiales locales à des fins d'amélioration de la composition floristique de leurs parcelles...
Après des décennies d’oubli, les surfaces en herbe reviennent au centre des préoccupations à la fois des agriculteurs, des filières et des territoires. Mais de quelles surfaces parle-t-on ? Qu'elles soient temporaires - de type Ray Grass associé au trèfle blanc intégrée dans une rotation courte - ou bien de type prairie diversifiée en rotation longue, voire prairie permanente, chaque parcelle en herbe est la résultante des choix techniques et économiques de l’éleveur. La prairie est un élément majeur du lien entre la production animale et son territoire. Et à ce titre les objectifs qu'on lui assigne peuvent être multiples : santé animale, typicité des productions, report de stock sur pieds, organisation du travail, biodiversité...
La diversité, gage de résilience et d'adaptation face aux aléas climatiques
Face aux enjeux climatiques, avoir une diversité de typologie de prairies apporte de la sécurité. En effet connaître ses prairies permet de jouer sur la complémentarité possible entre les parcelles : étalement des chantiers de récoltes, potentiel des fourrages, adaptation aux variations climatiques, etc. La multiplication des semences prairiales s’inscrit dans le prolongement de cette réflexion, en amenant à se questionner sur l’état de ces prairies, leurs évolutions possibles (en lien avec ses pratiques) et repérer des prairies à multiplier. Parmi les raisons qui amènent un agriculteur à récolter des semences de ces prairies diversifiées, les motivations suivantes sont ressorties des différents échanges :
- Obtenir des semences natives adaptées aux contextes pédoclimatiques locaux
- Chercher un prix de revient bas (de 108 € en récoltant avec une « brosseuse » à 162 € en récolte-épandage dans le Cantal)
- Agir sur la qualité des fourrages notamment sur le potentiel santé
- Enrichir le territoire grâce aux services qu’elles rendent
La formation organisée par l’AFPASA et la Chambre d’Agriculture de Haute Saône a permis d’aller à la rencontre d’agriculteurs engagés dans cette démarche et des collectivités souhaitant les accompagner à l’échelle de leurs territoires (en Suisse et dans le Cantal).
Expériences suisse et cantalienne
Par exemple, en Suisse, le réseau ''la frontière'' fédère 80 agriculteurs sur 20 communes. Ils ont participé à la création de près de 200 ha de prairies diversifiées en 10 ans, avec le soutien financier des collectivités suisses. Les techniques développées permettent ainsi de réimplanter une prairie diversifiée en 2 à 4 ans dans les conditions climatiques locales (au lieu des 15 à 20 années par le processus de recolonisation naturelle). Le choix des prairies dîtes « sources », la date de récolte des semences, le choix des parcelles receveuses et la date de semis sont déterminantes dans le succès de l’opération.
Autre exemple dans le Cantal, où la communauté de communes de Saint-Flour soutient depuis 2017 une expérimentation de multiplication des semences de prairies. Différentes techniques de récolte des graines ont été ainsi quantifiées et suivies sur plusieurs années, démarche qui a permis à la fois de mieux appréhender les coûts, la composition des mélanges obtenus et le suivi des prairies semées avec ces mélanges. Parallèlement, une réflexion s'est engagée sur la valorisation des différents types de prairies à l’échelle de l’exploitation, sur la base d’un diagnostic multifonctionnel des prairies.
Ces deux exemples confirment l’importance de croiser connaissance des dynamiques de végétations et connaissances agronomiques pour optimiser les contributions des prairies à l’économie des exploitations agricoles. Au-delà des données techniques apportées par les différents intervenants, ce stage au aussi mis en évidence l’intérêt d’un travail collectif autour de l’approche multifonctionnelle des prairies grâce à la multiplication de semences à flore locale.
Le 30 novembre prochain, les participants et les personnes intéressées par le sujet sont invitées à imaginer la suite à donner en Haute-Saône, en s’appuyant sur les données disponibles et les programme en cours.
Pour plus d’informations et contact : Michel Delhon – Conseiller en développement local par téléphone au 03 84 77 14 65 ou courriel michel.delhon@haute-saone.chambagri.fr