L’atout majeur de l’association céréales-légumineuses est la sécurisation de la production. La diversité des espèces semées permet d’avoir des cycles phénologiques différents, qui limitent l’impact des stress abiotiques.
Dans un contexte où les rendements des cultures de protéagineux, essentielles en agriculture biologique pour leur apport en azote, sont en baisse et irréguliers, l’association céréales-légumineuses émerge comme une alternative crédible. Cette pratique agricole consiste à cultiver simultanément une céréale et une légumineuse sur le même espace, pendant une période significative de leur cycle de vie. L’agriculteur est ainsi assuré de récolter un mélange, dont la proportion de chaque espèce varie annuellement mais dont le volume total reste globalement stable.
Quels critères de choix et densité de semis ?
La première étape pour conduire ce type d’association est de choisir les bons « partenaires » en se basant sur des critères agronomiques : le premier est la compatibilité des cycles de culture, afin que la récolte puisse se faire à maturité pour les deux espèces. Le deuxième élément clé est le choix variétal des espèces, où la précocité et la hauteur jouent un rôle crucial en tant que facteurs déterminants pour la réussite de l’association. La prochaine étape cruciale, une fois les partenaires identifiés, est d’ajuster la densité et la profondeur des semis en fonction de l’objectif initial, qu’il s’agisse de favoriser les protéagineux, d’augmenter la teneur en protéines des céréales, ou d’obtenir un mélange équilibré pour l’autoconsommation. A noter que pour une même densité de semis, les résultats obtenus à la récolte sont très différents en fonction des conditions pédoclimatiques. La production de références locales est donc indispensable pour adapter l’itinéraire technique au contexte de production.
Pallier les rendements irréguliers des protéagineux
Les résultats expérimentaux indiquent une amélioration de la productivité des légumineuses et des céréales, et offrant une marge brute moyenne supérieure. Toutefois, dans des conditions idéales pour les légumineuses, les cultures pures peuvent s’avérer plus rentables, tandis que dans des conditions défavorables, les associations limitent les pertes grâce aux revenus des céréales. Le succès de l’association repose aussi sur ses nombreux avantages agronomiques, notamment en matière de gestion des adventices. Les espèces plantées présentent des architectures et des cycles de croissance complémentaires, ce qui permet une occupation optimale de l’espace et une maximisation de l’utilisation de la lumière et des nutriments par les cultures.
Un frein majeur : la commercialisation
Si l’association est vendue à un collecteur, l’agriculteur doit s’assurer de la disponibilité du débouché au risque de ne pas être collecté. Dans ce cadre, les mélanges binaires sont à privilégier car plus simples à trier. Certains organismes stockeurs acceptent de collecter le mélange, mais ils imposent souvent une liste restreinte de mélanges, afin de pouvoir gérer la logistique du stockage et du triage. Par ailleurs, certaines espèces présentent un débouché plus porteur, qui justifie de les privilégier. Enfin, certains mélanges sont plus difficiles à trier, ce qui peut pénaliser la valorisation de l’une des deux espèces pour des débouchés vers l’alimentation humaine. D’autres collecteurs, non équipés, demanderont que le mélange soit trié en amont à la ferme. Le montage de filières à base d’associations doit donc toujours être le fruit d’une entente entre l’ensemble des maillons de la filière, du producteur jusqu’au transformateur, afin de trouver les meilleurs compromis.