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Energie : le paysage régional de la méthanisation

En Bourgogne-Franche-Comté, on dénombre 97 unités de méthanisation. Crédit photo Berty Robert (TdB)
En Bourgogne-Franche-Comté, on dénombre 97 unités de méthanisation. Crédit photo Berty Robert (TdB)

Le 14 janvier se tenait à Beaune la première Journée régionale de la méthanisation. Organisé par l'Ademe Bourgogne-Franche-Comté et le Conseil régional, l'évènement a esquissé les grandes lignes de ce mode de production énergétique en lien étroit avec l'agriculture en BFC.

La méthanisation n'est plus une activité anecdotique. Le déclenchement de la guerre entre l'Ukraine et la Russie en 2022 avait déjà révélé son importance, à la lumière de notre dépendance énergétique. Elle s'affirme aujourd'hui comme une piste de diversification agricole crédible. C'est dans ce contexte que s'inscrivait la première Journée régionale de la méthanisation, organisée le 14 janvier au palais des congrès de Beaune, en Côte-d'Or, par le Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté (BFC) et l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe BFC). L'objectif était de s'adresser aux exploitants agricoles, aux porteurs de projets et aux collectivités souhaitant s'informer sur les technologies à l'œuvre et sur les accompagnements possibles. Des témoignages d'agriculteurs méthaniseurs ont ponctué cette journée (sur lesquels nous reviendrons dans d'autres articles). La manifestation a aussi permis de dresser un état des lieux de la méthanisation en BFC, où l'on compte près d'une centaine d'unités de méthanisation.

En quête d'un cadre économique

Cet état des lieux s'appuyait sur les résultats d'une enquête menée par MéthaBFC(*), une structure régionale d'information et d'accompagnement de la filière. 39 sites ont répondu et ce qui apparaît en filigrane c'est un questionnement existentiel : comment va se dessiner l'avenir de certaines méthanisations alors que plusieurs arrivent au terme de leur contrat de revente de l'énergie produite de 15 ans ? La filière est en quête d'un cadre économique fiable et viable. L'enquête MéthaBFC révèle un paysage où les systèmes en cogénération (une turbine à gaz permet de produire de l'électricité et/ou de la chaleur, pour de l'autoconsommation ou de l'injection sur le réseau électrique) sont largement majoritaires (74 %, contre 67 % au plan national) par rapport à l'injection directe de biogaz dans les réseaux. En cogénération, près de la moitié des enquêtés sont sur une puissance installée comprise entre 140 et 300 Kw. On note aussi une forte proportion de sites de petites taille en BFC. (- de 140 Kw, 28 % du total). La question de l'autonomie de ces installations est importante : l'enquête montre qu'en cogénération, les structures de BFC sont en moyenne à 68 % d'auto-approvisionnement (effluents d'élevage, Cive, résidus de cultures, déchets organiques externes), un chiffre proche de la moyenne nationale, alors qu'en injection, ce taux ne dépasse pas 49 % (62 % au national). La vente de l'énergie produite représente la quasi totalité des revenus générés par ces unités de méthanisation. En mode injection, certaines touchent une redevance pour traitement de biodéchets. Il sera intéressant de voir comment cela pourra évoluer à l'avenir puisque aujourd'hui, la hausse du nombre d'unité de méthanisation inverse la tendance : il faudra bientôt acheter ces biodéchets, plutôt que d'être rémunéré pour les valoriser.

Stocker les digestats

La méthanisation réclame aussi du temps de travail pour les agriculteurs et l'enquête montre que cela est difficile à quantifier précisément. Les systèmes en injection, notamment, se révèlent exigeants : on estime qu'en fonction de leur puissance ils réclament entre 1 500 et 4 500 heures de travail par an. Dernier point mais non des moindres : l'utilisation des digestat produits par les méthaniseurs. Les chantiers d'épandage sont parfois difficiles à mener en raison de « fenêtres » météo favorables réduites. Ce fut particulièrement le cas en 2024. Il est important pour les exploitations, de bénéficier de capacités de stockage suffisantes pour ces digestats. De ce point de vue l'enquête révèle une spécificité de la Région BFC : les méthaniseurs sont ici en majorité équipé d'un système de séparation de phase (qui sépare la partie solide et la partie liquide d'un lisier) ce qui permet de gagner en volume de stockage du digestat liquide.