Dans un contexte où le recours aux molécules herbicides se réduit, la gestion des adventices constitue un problème technique majeur pour les systèmes de grandes cultures. Or une diversité de leviers d’action alternatifs existe, et c’est sur ce thème que la Chambre d’agriculture de Haute-Saône organisait une journée technique à Pesmes.
Une quarantaine d’agriculteurs ont pris part à la demi-journée technique organisée le 20 mai dernier à l’Earl des 3M, à Pesmes. « Dont une majorité en système conventionnel avec des techniques culturales simplifiées et ou raisonnées », note Juliette Guespin, conseillère en agriculture biologique et agroenvironnement à la chambre d’agriculture de Haute-Saône. Elle précise aux participants « il n’existe pas de solution miracle : la gestion des adventices dans un système de cultures est une question complexe, très dépendante du contexte pédoclimatique, de l’historique des parcelles… et ce qui fonctionne dans telle situation ne donnera pas forcément les mêmes résultats ailleurs ! Mais nous sommes là pour échanger, partager des expériences, et profiter en particulier de celle des céréaliculteurs bio, qui ont dû trouver d’autres manières de gérer les adventices. Pas seulement de manière curative, d’ailleurs, mais aussi en activant des leviers préventifs, par la rotation, le travail du sol, etc… »
Echanges d’expériences
Répartis en trois groupes animés par les techniciens de la CA70 les agriculteurs ont été amenés à classer en fonction de leur impact (fort, moyen, faible, négatif) différentes pratiques agronomiques : chaulage, labour occasionnel, profondeur du travail du sol, date de semis, précédent prairie… L’occasion d’un riche échange d’expériences et de débats sur la pertinence et les limites de ces leviers, au cours duquel chacun a pu s’exprimer et donner son point de vue.
Les participants ont également pu entendre le témoignage de Pascal Descombes, agriculteur bio depuis 2010 et spécialisé en céréaliculture, qui compense les faiblesses d’une rotation extrêmement courte, donc déconseillée (blé, orge, soja), par un arsenal de mesures agronomiques, pour atteindre des rendements tout à fait honorables : semis tardif à densité élevée du blé (sa tête de rotation) après un labour, désherbage à la herse-étrille « à l’aveugle » à l’automne, passage de houe en sortie d’hiver. Il s’est même essayé un temps à la culture du soja sous couvert de blé, avec un dispositif bricolé sur la barre de coupe de la moissonneuse pour rappuyer le soja, ce qui lui a permis de faire deux récoltes dans la même année. « Le seul problème, c’est que ça ne fonctionne pas en année sèche. Idéalement il faudrait monter la moissonneuse sur un jeu de pneus étroit, car on écrase 25 % de la surface au moment de la récolte. ». Parmi les techniques qu’il déploie, l’enchaînement de faux semis, pour épuiser les réserves de graines adventices dans le sol. « En été je fais quatre ou cinq interventions, de plus en plus profondes. Au printemps c’est l’inverse, je travaille de plus en plus superficiellement. »
Si les conditions de portance n’ont pas permis la tenue des démonstrations d’outils de désherbage initialement programmées, les participants ont assisté à un tour de matériel commenté par Patrice Cote, le nouveau conseiller spécialisé de la Chambre d’agriculture.