
La mycosphaerella, maladie foliaire causée par le champignon Mycosphaerella brassicicola était jusqu'à présent localisée dans l’Ouest. Elle étend sa présence dans le Nord-Est, notamment en Champagne-Ardenne et Bourgogne. Transmise par les résidus culturaux et les semences, elle affecte feuilles et siliques, réduisant les rendements (pertes de 2 à 5 q/ha). Terres innovia recommande une vigilance accrue vis à vis de cette maladie au cours des prochaines semaines.
Au cours de la campagne 2024, une forte pression de mycosphaerella a été observée dans certains secteurs du Nord-Est de la France et particulièrement en Champagne-Ardenne. Cette maladie, présente habituellement dans l’Ouest de la France, sévit maintenant sur un plus grand territoire. Cette année, des symptômes sur feuilles sont de nouveau observés sur la Champagne et la Bourgogne. Il faudra être vigilant sur l’évolution de la maladie dans les semaines à venir.
Un préjudice de rendement de 2 à 5 q/ha
L’inoculum est présent sur les résidus de cultures et peut également être transmis par les semences. Les contaminations primaires apparaissent pendant l’hiver sur les feuilles du colza. Le pathogène touche ensuite les autres organes, dont les siliques. Les siliques infectées ne transfèrent plus les nutriments, ce qui réduit le rendement et le poids de mille grains. La perte de rendement dépend de l’intensité de l’attaque et de sa précocité et peut atteindre de 2 à 5 q/ha.
La dispersion des spores et la montée sur les étages supérieurs des plantes sont favorisées par des pluies fréquentes. L’expression de la maladie est favorisée par un climat chaud et humide. Il faut 25 jours à 17°C pour voir apparaitre la maladie en conditions contrôlées.
Favorisée par les températures douces
L’inoculum très présent avec la récolte 2024 et des conditions automnales assez humides et douces ont permis les premières contaminations. L’expression de la maladie commence à être visible dans certaines parcelles de colza. Pour l’instant, la fréquence et l’intensité en parcelle est faible, mais pourrait s’intensifier si les conditions météo restent humides. L’absence de pluie ces derniers jours et les faibles prévisions de pluie à court terme laissent penser que la situation devrait rester pour l’instant maitrisée.
Leviers d'action
Même si on peut observer quelques différences de sensibilité entre variétés face à la maladie, pour l’instant, la gestion passe par la protection fongicide des colzas. Il faut privilégier les spécialités à base de triazole, mode d’action ayant, à ce jour, les meilleures efficacités contre mycosphaerella. La dose et le positionnement seront à adapter selon les conditions favorables et la pression dans la parcelle.
Le traitement appliqué au stade G1 (chute des premiers pétales et 10 premières siliques de moins de 2 cm) contre le sclérotinia reste le pivot de la protection fongicide en colza. Ce traitement permettra également dans la majorité des situations de protéger contre mycosphaerella. En cas de présence bien visible de mycosphaerella au moment du traitement, il faudra appliquer au moins 80 % de la dose homologuée du fongicide à base de triazole seule ou associée.
Si les conditions restent favorables pendant la floraison, un relais à dose modulée pourra être appliqué une quinzaine de jours après la première application. Il est préférable d’utiliser des spécialités à base de difénoconazole.
Lors d’attaque précoce avec une fréquence et une intensité importante (très rares cas sur l’Est de la France à ce jour), un traitement plus précoce (au stade C2-D1) peut limiter la progression vers les étages supérieurs, mais n’apporte pas ou peu de gain de rendement en supplément à une application au stade G1. Sur 5 essais spécifiques menés par Terres Inovia entre 2022 et 2024 (départements 17, 35, 86), l’application de Sunorg Pro 0,6 l/ha (metconazole) au stade C2-D1 n’a procuré aucun gain significatif de rendement, malgré la présence notable de maladie sur feuille. Le traitement Passerelle 0,5 l/ha (difénoconazole) au stade C2-D1 à quant à lui apporté un gain significatif dans 2 essais sur 5 (+ 1,9 q/ha et + 2,9 q/ha).