Les représentants de la filière du gruyère français tirent un bilan plutôt positif des choix stratégiques en matière d’encadrement de l’offre et de communication : la fabrication et les ventes ont progressé de près de 10% au cours de l’exercice écoulé.
Les acteurs de la filière gruyère et les membres du syndicat interprofessionnel étaient réunis à Port-sur-Saône le 12 avril dernier à l’occasion de l’assemblée générale du syndicat. Port-sur-Saône, un site phare pour le Gruyère, puisque cette bourgade est le siège de la récente fromagerie Bôzieux, mais aussi de la ferme pédagogique du lycée agricole, productrice de lait à gruyère. Laquelle va bientôt faire l’objet de travaux de modernisation de ses bâtiments d’élevage, comme l’a détaillé la nouvelle directrice-adjointe de l’établissement.
Une très bonne année pour le gruyère
Comme l’a illustré le rapport technique, présenté par Nathalie Coronel, l’exercice écoulé a été favorable au gruyère français, qui a vu progresser significativement les tonnages de production et de ventes. « A stock constant la hausse de près de 10% des fabrications et des ventes nous prouve que le travail accompli par tous les membres de la filière va dans le bon sens », s’est félicité le président Julien Couval dans son rapport moral. Des propos confortés par ceux d’Eric Chevalier, de Monts-et-Terroir « C’est une très bonne année, malgré la crise covid : après une croissance de 2,7% l’an dernier on progresse encore et sans augmenter les stocks : il y a une vraie dynamique des ventes. » Un travail qui se décline, notamment, dans le domaine de la communication, avec des campagnes d’affichage remarquées, telles que « le gruyère, c’est nous », sur les tramways bisontins. Mais le gruyère est également très présent sur les réseaux sociaux, avec une Community manager très active, aussi bien sur facebook qu’Instagram : Cindy Corbanese. Celle-ci a eu l’occasion, lors de l’AG, de présenter la nouvelle campagne publicitaire qui vante les mérites du gruyère de manière dynamique… alors que les grandes affiches 4x3, surtaxées, sont vouées à une disparition prochaine.
Naturel, spontané !
Cindy Corbanese a d’ailleurs insisté sur la nécessité d’avoir des photos et de petites vidéos prises sur le vif, afin d’alimenter les réseaux sociaux. « Ce sont les contenus naturels, spontanés, qui ont le plus de succès ! » Aurélien Drouhard, qui préside la commission communication, s’est fait l’écho de cette demande : l’implication des producteurs est essentielle, tant dans le domaine des évènements grand public que sur internet. Instagram, le réseau social de partage de photographies, est d’ailleurs une source importante de trafic sur le site web officiel du gruyère français.
Le travail de fond se poursuit aussi dans le domaine de la qualité technologique. Ainsi Guy Mercier, président de la commission technique, a fait le point sur l’avancement du dossier ‘’lainures’’ (ces fissures qui peuvent apparaître dans les meules) : « 75 fromages ont été expertisés, et les premiers enseignements de ce travail de recherche mette en évidence l’importance du ratio gras/sec ainsi que l’humidité… mais il reste encore des échantillons à analyser. » La qualité gustative n’est pas en reste, avec une commission d’examen organoleptique très active, sous la houlette de Jean-François Rollet. « L’analyse statistique des résultats obtenus par la CEO fait apparaître un très bon taux de cohésion, à 98%. » Ces dégustations permettent aux ateliers de progresser, tant sur l’aspect que sur le goût. « J’en profite pour féliciter l’atelier de Bôzieux, la Coopérative de Trévillers et leur affineur Mont & Terroir pour les deux médaillers d’argent remportées lors du derniers concours général agricole », a déclaré Julien Couval.
Le cahier des charges va évoluer
Comme excellence rime généralement avec exigence, le cahier des charges du gruyère français risque d’évoluer prochainement. « Notre groupe de travail s’est réuni plusieurs fois en 2021 pour aboutir à un projet cohérent », a expliqué le président. Côté producteurs, ce sont les dossiers alimentation, bien-être animal, rythme de traite, fertilisation… qui sont revisités. Dans les ateliers de fabrication, le suivi du traitement des eaux usées est mis sur la table. Tandis qu’en matière d’affinage et de conditionnement, c’est une obligation de résultat pour l’obtention des ouvertures (les trous) qui est avancée, plutôt qu’une contrainte de durée de séjour en cave chaude. A plus long terme, l’IGP s’engage dans une réflexion sur le thème de la durabilité (lire encadré), afin de mieux répondre aux attentes sociétales.