Vous êtes ici

Gustave Courtois : le portraitiste de Pusey

Tableau prêtée par le musée de Besançon au Palais du Quirinal de Rome pendant l'hiver 2021-2022, pour l'exposition "Inferno" consacrée à la mort de Dante.
Tableau prêtée par le musée de Besançon au Palais du Quirinal de Rome pendant l'hiver 2021-2022, pour l'exposition "Inferno" consacrée à la mort de Dante.

Plongeons ensemble dans l’univers de Gustave Courtois, artiste de talent né et enterré à Pusey. Dans le sillage du peintre Gérôme, qui fut son professeur, il s’illustra notamment dans l’art subtil du portrait, à la période charnière entre le réalisme et l’impressionnisme.

Gustave Courtois naît à Pusey le 18 mai 1852, au domicile de son grand-père maternel Pierre Jobard, maréchal-ferrant. D’origine modeste, il est le fils d'Étienne Courtois, garçon charcutier, et de Jeanne Claude Jobard, blanchisseuse exerçant à Vesoul. La Grande Rue de Pusey, renommée depuis rue Gustave Courtois en hommage à l’artiste, abrite aujourd'hui une plaque commémorative sur sa maison natale.

Après avoir fréquenté l'école primaire à Pusey, Gustave poursuit ses études secondaires au Lycée de Vesoul. C'est là que son professeur de dessin, Victor Jeanneney, remarque ses talents précoces. Courtois intègre ensuite l'école municipale de dessin de Vesoul, où Jeanneney enseigne également. Il y perfectionne sa technique en reproduisant des moulages en plâtre de la collection municipale. Certains de ses dessins sont présentés à Jean-Léon Gérôme, ancien élève du lycée (qui sera renommé Lycée Gérôme en 1907).

Un talent précoce repéré par Gérôme

Impressionné, Gérôme conseille à Courtois d'intégrer l'École nationale des Beaux-Arts en 1869, où il enseigne lui-même. Avec le soutien financier du Conseil Général de Haute-Saône et de quelques mécènes, Gustave Courtois peut ainsi suivre les cours de cette prestigieuse école d'art parisienne.

A Paris il devient l'élève de Jean-Léon Gérôme, et se lie d'amitié avec un autre élève du maître vésulien, Pascal Dagnan-Bouveret. Les deux amis, qui ne se quitteront plus, partagent un appartement au 53 de la rue Notre-Dame-des-Champs. Ensemble, ils exposent pour la première fois au Salon en 1875. Courtois présente alors un portrait de sa mère et Dagnan-Bouveret une Atalante. Ils déménagent plusieurs fois dans Paris avant de s’installer en 1887 au 73 boulevard Bineau à Neuilly-sur-Seine. C’est dans cet atelier que les deux artistes travaillent lorsqu’ils préparent le Salon de 1890. Dagnan-Bouveret épousera d’ailleurs sa cousine de Courtois, Anne-Marie Walter, et leur amitié durera toute la vie.

La carrière de Gustave Courtois prend progressivement son essor au Salon des artistes français, où il expose régulièrement ses premières œuvres, se distinguant par son style académique et son approche minutieuse de la peinture historique. Il reçoit des commandes prestigieuses et remporte plusieurs prix, ce qui lui assure une reconnaissance croissante dans les milieux artistiques parisiens. L’époque est profondément marquée par le réalisme et l'académisme prévaut. Dans ce courant très inspiré par l'histoire antique et la mythologie Courtois se distingue – dans la lignée de son maître Gérôme - par sa capacité à capturer les scènes historiques avec une précision quasi photographique, tout en insufflant une émotion intense à ses compositions.

Des tableaux dans la veine de "La Mort de Jeanne d'Arc" deviennent emblématiques de son style, mêlant grandeur épique et détails intimes pour transmettre des récits historiques poignants. À partir des années 1880 enseigne à son tour la peinture à l’Académie de la Grande Chaumière et à l’Académie Colarossi de Paris. Il aura comme élèves les peintres réputés du Haut-Doubs Fernier et Bouroult.

L’élève se détache du maître

Son domaine de prédilection est le portrait ; dans les années 1880 et 1890, Gustave Courtois a été un portraitiste particulièrement prolifique du Paris mondain, ce qui lui a assuré une belle prospérité économique. Il est aussi l'auteur de scènes de genre, de scènes religieuses ou mythologiques souvent peuplées de voluptueux nus masculins, inspirés de son modèle, le lutteur suisse Maurice Deriaz (considéré à l’époque comme l’homme le plus fort du monde).

Au fil des années, le style de Gustave courtois évolue progressivement. Des riches décors et des somptueuses robes on passe à un dépouillement qui supprime les artifices et met en valeur l'expression. Gérôme, le maître de Courtois, de Dagnan, de Muenier, de Prinet... était un farouche opposant du courant impressionniste, mais il ne put empêcher ses élèves de tracer leur propre route. On trouve dans les tableaux de Courtois, au cours de la deuxième partie de sa vie, une influence impressionniste certaine, bien qu'il soit resté le dernier, parmi ses condisciples, à appliquer les canons de l'enseignement académique de l'illustre vésulien. Distingué en 1877 par le 1er second Grant prix de Rome puis par une médaille d’or à l’exposition universelle de 1889, l’artiste se réfugiera dans le Tessin pendant la 1ère guerre mondiale. Il s’éteint à Paris en 1923, et sa tombe se trouve au cimetière de Pusey. Ses plus célèbres œuvres sont conservées aux musées de Besançon, Marseille, Bordeaux et du Luxembourg.

 Portrait de Gustave Courtois (1884) par Pascal Dagnan-Bouveret. Crédit photo Sotheby
Portrait de Gustave Courtois (1884) par Pascal Dagnan-Bouveret. Crédit photo Sotheby
Le « Martyre de Saint-Maurice » est à l’église de Pusey, et d’autres tableaux de Courtois peuvent être admirés à l’église Saint-Georges de Vesoul, au musée Garret, à celui de Besançon ou du Louvre à Paris.
Le « Martyre de Saint-Maurice » est à l’église de Pusey, et d’autres tableaux de Courtois peuvent être admirés à l’église Saint-Georges de Vesoul, au musée Garret, à celui de Besançon ou du Louvre à Paris.