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Loulans-Verchamp : histoires de fontes

Les bâtiments de l'ancienne fonderie ont été progressivement occupés par la fromagerie
Les bâtiments de l'ancienne fonderie ont été progressivement occupés par la fromagerie

Aux confins de la Haute-Saône et du Doubs, le village de Loulans-Verchamp accueillera le 2 juillet prochain la fête de la cancoillotte – désormais IGP. Les lieux sont associés à l’histoire de la métallurgie comtoise… même si aujourd’hui, dans l’ancienne forge, c’est du metton qui est fondu !

Le village de Loulans-Verchamp est issu de la fusion des communes de Loulans-les-forges et Verchamp en 1970. Nous sommes dans le sud du département de Haute-Saône, dans le canton de Montbozon, aux confins du Doubs. Le relief est doucement vallonné, traversé par plusieurs cours d'eau : la Linotte, la Quenoche, qui rejoignent l'Ognon, en bordure de la commune. Le charme campagnard des rives de l’Ognon confère aux lieux un certain attrait, apprécié tant par les pêcheurs que par les amoureux de la nature. Les forêts bordant Loulans abritent un magnifique parc à daims privé. Ces dernières sont aujourd'hui traversées par un viaduc de 400 m, emprunté par le TGV. Le Chemin Vert relie Quincey à Loulans-Verchamp. Aménagé sur une ancienne voie de chemin de fer, il est réservé aux piétons, vélos et rollers . Les amateurs de cyclotourisme pourront aussi découvrir le secteur en parcourant la boucle de l’avant-Doubs, sur une trentaine de kilomètres (un circuit labellisé ‘’vélo et fromages’’).

Les forges de Loulans

En arrivant à Loulans, le regard est immédiatement attiré par un château. Entièrement refait à neuf et désormais loué comme complexe de réception (mariages, anniversaires, réunions de famille...), il s’agit de l’ancienne habitation des maîtres de forges. Comme l’indique son ancien nom Loulans-les-Forges, le village est un lieu de l’histoire industrielle de la région, celle de la métallurgie comtoise. Les seigneurs de Loulans, la famille Montmartin, possédaient là un établissement métallurgique composé d’un fourneau et d’une forge de type wallon, dans la seconde moitié du XVIème siècle : « Vers 1585, la production annuelle du fourneau est évaluée à 122 tonnes de fonte. Le fourneau est autorisé pour l'exploitation commune de mines en roche des fourneaux de Loulans et de Larians. L'usine est exploitée au XVIIIe siècle par la famille de maître de forges Rochet, propriété de la famille Boitouset. La production est doublée entre 1772 et 1788. », récapitule la page d’histoire réalisée par le conseil municipal en vue d’un prochain livre. Au fil des décennies, les forges changent plusieurs fois de mains, et, à partir de 1825, une fonderie en seconde fusion permet de convertir les gueuses (masses de fonte brute grossièrement moulée) en objets de fonte moulée (tuyaux, marmites, fourneaux, bornes-fontaines, fontes d'ornement, etc.). « Le site est vraisemblablement réaménagé vers 1836, confirmant son orientation vers la fonderie de seconde fusion. Il se spécialise dans le troisième quart du 19e siècle dans la fabrication des poêles, cuisinières et fourneaux, notamment les appareils de chauffage pour gros volumes (églises). », précise Raphaël Favereaux dans sa notice d’inventaire du patrimoine consacrée à l’ancienne fonderie.

Le site historique de l’industrialisation de la cancoillotte

Après l’extinction et le démantèlement du haut fourneau en 1870, puis la fermeture de l'usine de fonderie en 1888, c’est une fromagerie qui va réinvestir les lieux : la laiterie de Saint Vincent, créée en 1893 par Charles Vincent. Son gendre James Landel sera à l’origine de la société Landel & Cie en 1923. Ce visionnaire développe la production de metton à partir du lait collecté dans les environs et trouve de nouveaux débouchés, en dehors de la région. « Dès la fin de la Première guerre mondiale, le metton est vendu aux crèmeries lyonnaises, lorraines ou parisiennes. » La fromagerie Landel produit alors du beurre et de la cancoillotte, mais aussi des fromages à pâte molle (gérômé, camembert) et pressée cuite (gruyère). En 1929 elle transforme 3,5 millions de litres de lait, 6 millions 10 ans plus tard, pour une production de 431 t de fromage et 100 t de beurre. C’est ici qu’est conçu et mis au point un tapis pour l’affinage en continu du metton, prototype unique en France, toujours en service actuellement... et aujourd’hui exploité par la société Lactalis, qui a absorbé Marcillat, repreneur de Landel, en 1996. Ce n’est donc pas un hasard si, le 2 juillet prochain, le village s’apprête à célébrer la toute nouvelle IGP à l’occasion d’une grande Fête de la cancoillotte !

Le relief valonné et silloné de cours d'eau font du secteur de Loulans-Verchamps un cadre apprécié des promeneurs.
Le relief valonné et silloné de cours d'eau font du secteur de Loulans-Verchamps un cadre apprécié des promeneurs.