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Congrès de la FNSEA : les agriculteurs restent sur leur faim

 Dans son discours d’ouverture, le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, a rappelé le contexte particulier de ce congrès ©Actuagri
Dans son discours d’ouverture, le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, a rappelé le contexte particulier de ce congrès ©Actuagri

Le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau a précisé le calendrier des réformes en clôture du 78ᵉ congrès annuel de la FNSEA à Dunkerque. Les congressistes restent en attente de réponses concrètes du Gouvernement sur les dossiers en cours. 

Gestion de l’eau, retraites agricoles, protection des cultures, prédation, projet de loi d’orientation, agriculture bio, affichage nutritionnel et environnemental, exonérations sur la taxe sur le foncier non bâti, fiscalité plus accommodante sur l'épargne de précaution, … Les sujets n’ont pas manqué d’alimenter les débats du huis-clos. Dans son discours d’ouverture, le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, a rappelé le contexte particulier de ce congrès, rythmé par trois temps politique et syndicaux de première importance. En premier lieu : « Nous sommes au cœur d’une mobilisation agricole historique, qui engage toutes les productions, tous les territoires et nous accapare depuis cinq mois maintenant ». En deuxième lieu « nous avons aussi en ligne de mire les élections européennes de juin prochain. Car, nous devons réfléchir le cadre européen », a-t-il enchaîné. Enfin troisième temps, le leader du syndicat majoritaire a dans sa ligne de mire les élections aux Chambres d’agriculture « C’est dès aujourd’hui que nous devons poser ensemble la base de valeurs et l’état d’esprit qui présideront à cette campagne que nous mènerons conjointement avec les Jeunes Agriculteurs. », a-t-il assuré.

« On ne désarme pas » 

Plus que des paroles, ce sont des actes que veulent les agriculteurs. Ils constatent que les promesses gouvernementales peinent à s’appliquer : « Il va falloir faire un point précis sur ce qui est acquis, sur ce qui ne l’est pas, sur le travail qui reste à faire. Nous avons passé des jours sur les barrages, puis des semaines à multiplier les réunions, les visioconférences, les rendez-vous en préfecture... 2 500 à 3 000 propositions sont remontées du terrain. Nous devons mettre tout cela au clair. Et aussi, de façon positive, prendre la mesure de ce que le réseau a été capable de porter. C’est un motif de satisfaction. », a déclaré Luc Smessaert, vice-président de la FNSEA. Pour le millier de congressistes, c’est le bon sens qui doit primer « pour ramener la confiance dans les fermes », a-t-il ajouté citant quelques exemples : « Arrêter de tailler la haie le 15 mars, ce n'est pas possible quand on n'a pas pu le faire cet hiver. Normer le tas de fumier à 2 mètres 50, c'est juste une aberration ». Derrière le discours, on sent que les braises sont encore chaudes et qu’il ne faudrait pas grand-chose pour ressortir les tracteurs dans la rue et devant les préfectures. C’est d’ailleurs le sens de l’intervention d’Arnaud Rousseau dans un entretien publié par nos confrères de la Voix du Nord le 26 mars « On ne désarme pas tant qu'on ne constate pas concrètement que les choses se mettent en place dans les exploitations », a répété Arnaud Rousseau. 

Un accueil mi-figue mi-raisin réservé au ministre

Le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, s'est exprimé jeudi durant une trentaine de minutes en clôture de ce congrès. Pendant son discours des affichettes "Plan élevage", "Produire plus et vivre mieux", "Liberté d'usage de nos prairies" ont été brandies, tandis que quelques bruits de désapprobation se faisaient entendre au fond de la salle. Autour de la tribune, des militants portaient les noms de leurs régions à l'envers, dans la veine des retournements de panneaux de ville. Le ministre a pris acte d'une certaine inertie administrative à mettre en musique les mesures annoncées par son gouvernement, sans omettre de rappeler la liste de celles qui sont déjà effectives : suppression de la hausse de fiscalité du GNR dès le mois de juillet, accélération du versement des indemnisations pour les éleveurs touchés par la MHE ou encore versement des aides pour les exploitants touchés par les inondations et tempêtes hivernales.

Marc Fesneau a également détaillé le calendrier du gouvernement sur les mesures âprement négociées à l'issue des manifestations des agriculteurs. Le projet de loi d'orientation agricole sera présenté le 13 mai à l'Assemblée nationale, et durant la deuxième quinzaine du mois de juin au Sénat, a-t-il indiqué. « Mon objectif, c'est qu'elle soit votée dans les termes qu'il faut avant l'été », a déclaré le ministre.