
Dans le Jura, le Gaec Beguiot a transformé ses pratiques de pâturage pour faire face aux aléas climatiques. « La première des choses à faire était de repenser entièrement notre système de pâturage pour qu'il soit à la fois plus productif et plus résilient », explique Nicolas Beguiot, l'un des associés de cette exploitation laitière.
Alors que les printemps trop humides et les étés secs se succèdent, le Gaec a mis en place un pâturage tournant dynamique rationné. « Ce système nous permet de nous adapter quasiment en temps réel à la pousse de l'herbe », précise l'éleveur.
Un suivi scientifique pour une gestion précise
Chaque semaine, les conseillers du groupe herbe mesurent méticuleusement la biomasse disponible. « Ces mesures nous donnent une vision claire de nos réserves et nous permettent d'ajuster nos rotations », commente Nicolas. Contrairement aux méthodes traditionnelles où chaque parcelle est broutée pendant une journée fixe, le Gaec a opté pour une approche plus flexible. « Nous déterminons le nombre de repas par paddock en fonction de la saison et de la pousse de l'herbe. Cela va de deux à cinq repas selon les périodes », détaille l'agriculteur. Le fil avant, déplacé deux fois par jour, devient l'outil clé de cette organisation. « C'est un peu plus de travail quotidien, mais les bénéfices sont immédiats en termes de qualité de pâturage. »
Des résultats probants
Après trois ans d'expérience, le bilan est positif. « Même lors des années extrêmes comme 2024 avec ses excès d'eau ou 2023 avec sa sécheresse précoce, le système a montré sa robustesse », constate Nicolas. Les économies réalisées sont notables : moins d'infrastructures nécessaires (seulement onze points d'eau sur l'ensemble des parcelles) et une réduction significative du gaspillage. « Nous observons moins de refus dans les parcelles et une meilleure repousse de l'herbe », souligne l'éleveur. Fort de ces résultats, le Gaec étend maintenant cette méthode à ses génisses. « Nous avons redécoupé leurs parcelles pour mieux adapter la surface à leurs besoins selon les saisons », explique Nicolas.
Une solution adaptable
L'expérience du Gaec Beguiot démontre qu'une gestion dynamique et précise du pâturage peut constituer une réponse efficace aux défis climatiques actuels. « Ce système demande plus de surveillance, mais il offre une réelle marge de manœuvre face aux aléas météorologiques », conclut l'agriculteur. Une approche qui pourrait inspirer de nombreuses exploitations laitières confrontées aux mêmes problématiques. Comme le rappelle Nicolas : « La clé, c'est de rester à l'écoute de ses prairies et de savoir s'adapter. »