Contrairement aux mammites, les boiteries des vaches sont peu prises en considération : une grave erreur de management du troupeau, car ce trouble sanitaire impacte lourdement les élevages concernés, en dégradant les performances de production et de reproduction, ainsi que l’image globale de l’élevage.
Marie-Sophie Pretot, pédicure bovin, était l’invitée de l’AG du GDS 70 le 23 mars dernier à Vesoul. « Je suis pédicure bovin depuis 11 ans, diplômée en Bretagne, et également formatrice », s’est présentée la jeune femme. Devant une assistance attentive, elle a rappelé quelques notions de physiologie du pied de la vache, et les fondamentaux de la locomotion de ce grand ruminant. « Pour gérer correctement les boiteries, il faut une philosophie axée sur le préventif, dont le premier gagnant sera la vache ! Le bien-être animal, c’est aussi au cœur de l’actualité, on ne doit pas l’oublier… » Marie-Sophie Pretot a ainsi rappelé que les conditions de logement des vaches étaient très éloignées des conditions originelles de vie, c’est-à-dire la prairie, un sol élastique… et propre. « Aujourd’hui les boiteries sont devant les mammites en termes d’impact dans les élevages, entrainant de l’infécondité, le plus souvent par méconnaissance et sous-estimation. Les délais d’intervention moyens, c’est 40 jours ! Or une boiterie, même légère, c’est une urgence ! »
La boiterie : une urgence !
« Quand on intervient en curatif, c’est souvent trop tard… et il faut nous laisser le temps de travailler correctement. C’est un travail de précision, en une journée c’est pas possible de passer tout le troupeau. » Elle a listé les facteurs de risque, outre les conditions de logement, notamment l’eau de boisson et le pilotage de la ration. « L’éleveur doit être attentif aux multiples signaux d’alertes émis par la vache et en mesure de pouvoir lever un pied pour regarder… ça passe par une conception de bâtiment qui intègre à l’origine une cage de contention à poste fixe. » Elle a aussi détaillé sa manière de travailler, par lot, comprenant des animaux en de lactations et des primipares. « On ne travaille pas forcément sur les grands pieds, mais sur de l’épaisseur de corne, toutes vaches stressées devraient faire l’objet d’un parage préventif car les traumatismes se répercutent sur la qualité de la corne, comme une torsion de matrice par exemple, une fièvre de lait… » En rétablissant l’équilibre des onglons, la pareuse permet à l’animal de retrouver une qualité de locomotion, le fractionnement des prises alimentaires, l’expression des chaleurs… « Il faut rompre le cercle vicieux des boiteries – acidoses par des interventions précoces. »
La professionnelle a aussi alerté les éleveurs sur le risque de contagion de certaines maladies des pieds en concours, comme la mortellaro. « Quand je vois les pieds de certaines vaches qui participent aux rassemblements, je fais des bonds ! » a-t-elle assuré. Tout en mettant en garde vis-à-vis de l’usage des antibiotiques. « Seul le panaris justifie l’utilisation d’antibiotiques en première intention. Un panaris, c’est une boiterie franche, brutale et symétrique. »