Un ambitieux travail de recherche visant à mieux connaître et comprendre le comportement des vaches au pâturage est conduit depuis deux ans sur la ferme expérimentale de l’Inra à Marcenat. Il ouvre d’intéressantes perspectives en matière de sélection…
Matthieu Bouchon, ingénieur d'études à l'Inrae dans l'unité Herbipôle, était l’invité de Montbéliarde association à l’occasion de l’assemblée générale, le 20 avril dernier. L’occasion de présenter les premiers résultats d’un travail de recherche visant à caractériser le comportement alimentaire des vaches laitières au pâturage. « Les systèmes d’élevage de ruminants basés sur le pâturage de l’herbe en montagne sont favorables à la biodiversité, propices au bien-être animal, produisent des aliments à haute valeur nutritionnelle… et n’entrent pas en concurrence avec la production destinée à l’alimentation humaine. Mais il est important de connaître leur efficience. », a-t-il exposé en préambule de son intervention. Or la ferme expérimentale de Marcenat, dans le Massif Central, dispose de bâtiments modernes, et d’un équipement technologique de pointe pour suivre les performances individuelles des animaux. Un troupeau de 180 laitières, dont 30% de montbéliardes, valorise 400 ha de prairies permanentes d’altitude.
Du capteur d’activité au planning de la vache
L’exploitation des données recueillies par les colliers détecteurs d’activité qui équipent les vaches a permis d’identifier plusieurs profils d’animaux, au regard de leur comportement alimentaire. « Ces accéléromètres, destinés initialement à la détection des chaleurs, nous permettent de savoir à tout moment si la vache mange, si elle est couchée ou si elle rumine. », expose le chercheur. Il a ainsi été possible de décrire l’emploi du temps de 20 vaches au pâturage (10 montbéliardes et 10 holsteins). Après analyse statistique des données, trois groupes se distinguent. « Les vaches du premier groupe sont plus sélectives dans leur prise alimentaire : elles font davantage de repas, mais comme elles consomment un fourrage plus digeste, elles passent moins de temps à ruminer. » Un deuxième groupe passe moins de temps à choisir chaque bouchée… ce qui se traduit par des temps de rumination beaucoup plus importants (près de trois heures) pour rendre digeste des fibres qui le sont peu. Enfin le troisième groupe, le plus important en taille, a un comportement intermédiaire. Ces divergences de comportements ont une incidence sur les niveaux de performance des animaux, ceux du premier groupe ayant une meilleure efficience, leur permettant d’assumer des niveaux de production supérieur sans dégrader leur note d’état corporel. Et, avec les précautions que nécessite l’interprétation de résultats obtenus sur un échantillon d’une aussi petite taille, il semble que les montbéliardes soient davantage dans ce profil que leurs congénères holsteins… « Une thèse de doctorat va permettre d’approfondir toutes les questions que pose cette étude : l’influence de la météorologie, la possibilité que des animaux changent de comportement en fonction de la parcelle ou de la météo, la corrélation avec tel ou tel index (tempérament, lait…) »