Le recours aux antibiotiques en élevage diminue régulièrement, comme le montrent les rapports annuels de l’ANSES. L’enjeu est de préserver l’efficacité des molécules utilisées en santé humaine et de réduire les phénomènes de résistance.
Santé animale et santé humaine sont intrinsèquement liées… Il suffit pour s’en convaincre de dresser une liste des maladies les plus courantes chez l’homme, pour se rendre compte que la majorité sont zoonotiques, c’est-à-dire passées de l’animal à l’homme : rage, peste, variole, tétanos, rougeole, grippe, palud, fièvre charbonneuse… Au moins 75% des agents pathogènes des maladies infectieuses humaines émergentes (Ebola, le VIH et la grippe notamment) sont d'origine animale. Trois des cinq nouvelles maladies qui apparaissent chaque année sont d'origine animale.
Des espèces, une santé
Depuis le début des années 2000, avec la prise de conscience des liens étroits entre la santé humaine, celle des animaux et l’état écologique global, l’approche ‘’one health’’ (santé globale) est née. Elle vise à promouvoir une approche pluridisciplinaire et globale des enjeux sanitaires. Ceci se traduit par un renforcement du partenariat et de la coordination entre la FAO, l’OMS et l’OIE et par la mise en place de réseaux d’expertise, d’un système d’alerte, d’un portail international sur la sécurité sanitaire et la santé animale et végétale, d’un centre de gestion des urgences en santé animale, etc.
Plus une bactérie est en contact avec des antibiotiques, plus elle est susceptible d’acquérir des gènes de résistance à ces molécules. Ce mécanisme préoccupant de l’antibiorésistance ainsi que la nécessité de préserver l’efficacité des antibiotiques, enjeux décisifs de santé publique, ont motivé les plans Ecoantibio 1 et 2.
Les éleveurs et les vétérinaires ont pris à bras-le-corps le défi de la réduction des antibiotiques. Exemple : en 2013, la filière porcine a banni l’usage des molécules stratégiques pour la santé humaine. Elle a diminué de 54 % son exposition aux antibiotiques depuis 2011. « Les éleveurs ont compris que les antibiotiques ne sont pas des molécules comme les autres, qu’elles ne doivent pas servir de béquille pour pallier de mauvaises méthodes d’élevage », analyse Jean-Pierre Orand, directeur de l’Agence nationale du médicament vétérinaire. « Les traitements sont davantage ciblés sur les animaux malades », complète Gilles Salvat. Le directeur général délégué au pôle recherche de l’Anses insiste sur la prévention des maladies par l’amélioration des conditions d’élevage (ventilation, baisse de la densité animale…) et par les vaccins.