Supprimer le chaulage et la fertilisation phosphopotassique ? Réduire de 30 à 50% la fertilisation azotée ? Et les phytosanitaires dans les mêmes proportions… tout ça, sans baisse de rendement : cela paraît trop beau pour être vrai ! Ce sont pourtant les promesses du Bactériosol, un fertilisant novateur, qui réensemence les sols d’un complexe microbiologique riche et rustique.
Une quinzaine d’agriculteurs étaient réunis, le 7 février dernier à Bucey-les-Gy, chez Vincent Cheviet, à l’invitation de la société Sobac et de son technico-commercial Julien Sauvet, et charge du département de la Haute-Saône. L’occasion de retracer dans ses grandes lignes l’histoire de Sobac, une entreprise aveyronnaise créée dans le département de l’Aveyron, par Marcel Mézy « un paysan autodidacte » qui s’est intéressé, il y a bientôt cinquante ans, aux mécanismes de formation de l’humus. « Il est parti de ses propres observations : sous certains arbres, le sol prospérait, sous d’autres non… » introduit Ken Poincelet, le responsable régional de la société, en projetant un petit film. En s’intéressant aux mécanismes de formation de l’humus, Marcel Mézy a mis au point un nouveau concept de fertilisation des sols, qui s’appuie… sur leur ensemencement en micro-organismes, présélectionnés en les cultivant sur des composts végétaux. « Rouille, septoriose, fusariose… on a pris l’habitude de voir les micro-organismes seulement comme des pathogènes ! Or les micro-organismes sont indispensables à la vie. Dans une poignée de terre, on a du mal à imaginer qu’il y a 50 km de filaments de champignons, 10 000 espèces de bactéries différentes… autant d’organismes vivants qui participent au fonctionnement du sol et à sa régénération. Des centaines d’espèces de bactéries participent activement au cycle de l’azote, en fixant l’azote atmosphérique, de manière symbiotique ou pas, ou en l’organisant sous forme organique. » D’ailleurs, les écosystèmes forestiers, y-compris ceux qui n’ont pas ou peu de légumineuses, ne prospèrent-ils pas sans aucun apport d’azote minéral ? « C’est la preuve que la méthode des bilans, pour calculer les apports d’azote, de phosphore, de potassium et d’autres minéraux, est une simplification extrême de ce qui se passe en réalité dans vos sols »
Bilan carbone : les pratiques vertueuses seront rémunérées
Henri Clément de Givry, ingénieur développement, est entré dans le détail du cycle de l’azote. Le responsable régional a profité de cette rencontre pour évoquer le développement du label ‘’bas-carbone’’ en France, avec la montée en puissance des injonctions climatiques du GIEC, pour lutter contre l’effet de serre. « Dans le secteur agricole, le ministère de la Transition écologique reconnait quatre méthodes qui permettent de labelliser des projets vertueux pour le climat et l’environnement par la réduction des émissions de gaz à effet de serre et la séquestration de carbone. La méthode Sobac’eco-Tmm en fait partie. Elle permet en effet la valorisation de pratiques agricoles qui limitent à la source la production de gaz à effet de serre. De plus, elle apporte des co-bénéfices environnementaux (protection de la biodiversité et des ressources en eau). Sans oublier que ça va dans le sens de la nouvelle PAC » Les agriculteurs qui s’engagent dans une telle démarche pourront tabler sur la vente de crédits carbone censés compenser les émissions d’autres secteurs d’activité structurellement émetteurs (le transport aérien, l’industrie…)
Economies d’intrants
L’épandage de bactériosol, pour induire un écosystème favorable à la création d’humus et donc la richesse des sols, a aussi des atouts économiques. « Les solutions Soba sont aussi un levier très efficace de diminution des charges. En grandes cultures, c’est une réduction significative sur tous les principaux postes : carburants, herbicides, phytosanitaires, irrigation, et fertilisation azotée. », poursuit Ken Poincelet. Une démonstration appuyée par une simulation chiffrée, basée sur un cas concret d’exploitation : « on arrivait à une amélioration de 135 €/ha de la marge brute en 2021, mais en 2022, avec le renchérissement des engrais azotés, on arrive à 234 € de différence par rapport à une conduite conventionnelle. C’est comme si vous aviez fait 10 qx de plus à l’hectare en blé ! »