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Grandes cultures : un climat automnal favorable

Ces gros colzas n'ont rien à craindre des coléoptères. Crédit photo : Emeric Courbet (CA70)
Ces gros colzas n'ont rien à craindre des coléoptères. Crédit photo : Emeric Courbet (CA70)

Avec ses températures clémentes et des précipitations suffisantes, le début d’automne a été très favorable aux cultures d’hiver, tant les colzas que les céréales. Du côté des ravageurs, des maladies et des adventices, rien d’alarmant.

En matière de températures, tous les records ont été battus pour cette seconde quinzaine d’octobre. Météo France précise que ce phénomène est lié à une vaste zone dépressionnaire qui s’étend sur le proche Atlantique : « Dans le flux de sud-ouest à l’avant, de l’air très doux, en provenance des Canaries et de la péninsule Ibérique, remonte depuis ce week-end sur une grande partie du pays. L’isolement en goutte froide de la dépression atlantique favorise d’autres poussées chaudes. » Pour l’établissement public de prédictions, c’est la durée du phénomène qui présente un caractère exceptionnel, car des pics de chaleur ont déjà été relevés par le passé, mais ces épisodes étaient relativement courts. Faut-il s’inquiéter pour les cultures d’hiver ? « Au contraire ! Pour l’instant la situation est au top. Les colzas ont reçu beaucoup d’eau, il faut chaud, et du coup ça pousse énormément. On a des biomasses qui vont atteindre des records à l’entrée de l’hiver, au-delà de 3 kg/m²… du jamais vu. Et c’est plutôt une bonne nouvelle dans le contexte actuel, car ces colzas récupèrent un maximum d’éléments minéraux, notamment d’azote du précédent cultural : autant d’azote qui sera restitué au printemps et que les cultivateurs n’auront pas besoin d’apporter. », rassure Emeric Courbet, technicien grandes cultures à la Chambre d’agriculture de Haute-Saône.

Des insectes plutôt discrets pour l’instant

Du côté des ravageurs, en particulier des coléoptères, les colzas bien développés sont bien armés pour supporter charançons et altises, ce qui n’empêche pas de rester attentif aux évolutions de la situation. Le dépôt de ponte des charançons est en cours uniquement sur petits colzas. « Pour l’instant les risques sont faibles, à affiner courant novembre avec un test Berlèze. La parcelle la plus touchée pour l’instant dans mon réseau de surveillance est à deux larves d’altise par pied, bien en dessous de ce qu’on avait l’an dernier à la même période : 7. Avec leurs longs pétioles et leurs grandes feuilles, les gros colzas sont solides. » Les larves de grosses altises rentrent et sortent du pied de colza lorsque les températures sont supérieures à 10 degrés. « Les colzas bien développés cet automne ne nécessiteront pas d’intervention sauf si les infestations en larves d’altises observées courant novembre sont préoccupantes. » L’insecticide Minecto agira sur les larves lorsqu’elles se baladeront sur les pétioles (lire ici les conditions dérogatoires à l’utilisation de cet insecticide).

Excellentes conditions d’implantation pour les céréales d’hiver

Du côté des céréales d’hiver, le technicien confirme les bonnes impressions visuelles des champs semés cet automne. « Après une levée rapide, les céréales poussent très vite. Les premiers semis en sont déjà au stade tallage. Il y a eu d’excellentes conditions de semis, qui ont permis un bon travail du sol, le désherbage mécanique… » Côté insectes, on sait que le temps doux leur est plutôt favorable… « Les pucerons peuvent poser des interrogations, selon la météo : le vol est actuellement en pleine augmentation et les pucerons peuvent arriver massivement. Je conseille d’attendre la fin de la période douce pour éventuellement traiter, les orges en priorité. » En termes de maladies, on sait que les semis précoces auront une pression maladie plus importante, mais pour l’instant il n’y a rien d’alarmant.

Enfin, c’est le moment de tenter le semis d’orges de printemps. « Les conditions sont idéales cet automne, il faut en profiter. Concernant le risque, pour rassurer ceux qui voudraient essayer, on n’a jamais eu d’accidents liés à un gel trop intense depuis qu’on fait des essais. La variété Planet donne de très bons résultats, elle sort mieux en termes de rendement et de calibrage qu’une orge d’hiver semée un mois plus tôt, même dans une terre à cailloux. Il ne faut pas investir ni dans la semence, ni dans le désherbage. »