Tous les colzas ne présentent pas la même sensibilité aux larves de grosse altise. La clef est d’évaluer le nombre de larves ainsi que les capacités du colza à pousser de manière dynamique à l’automne.
Le bulletin agrosaône n°37 du 17 décembre dernier fait état d’une recrudescence du nombre d’altises dans les parcelles de suivi, après une baisse inexpliquée des infestations fin novembre. « Les Berlèses réalisés cette semaine n’ont séché que 4 jours au lieu de 8 jours. On trouve cependant un grand nombre de larves. Il est donc possible que les infestations observées cette semaine soient sous-estimées ! » Il est fortement conseillé de réaliser un test Berlèse pour connaitre la situation larvaire de vos parcelles !
Dénombrer simplement les larves
Pour dénombrer les larves, utiliser la méthode Berlèse qui consiste à laisser sécher les plantes de colza et à attendre que les larves les quittent. Le risque larves d’altises est évaluer en novembre et à renouveler toutes les 3-4 semaines. Mode opératoire : prélever 6*5 plantes consécutives, couper les limbes des plantes en conservant la nervure centrale, disposer les plantes sur un grillage au-dessus d’une bassine d’eau et de quelques gouttes de mouillant ; placer le tout dans une pièce chauffée pendant au moins 10-15 jours, le temps que les larves en sortent ; compter le nombre de larves tombées dans les bassines tous les 2-3 jours et les en sortir pour éviter de les compter 2 fois. Arrêter les comptages quand plus aucune larve ne tombe depuis 3-4 jours.
Dynamique de croissance automnale
Le risque lié à la présence de larves d’altise est réduit si le colza est suffisamment développé et pousse de manière dynamique en automne jusqu’à l’entrée de l’hiver. La couleur du colza, la qualité de l’enracinement et la disponibilité en azote permettent d’évaluer sa capacité à poursuivre sa croissance. C’est la combinaison de cet état agronomique et du nombre de larves qui permet d’évaluer le risque à la parcelle et a conduit à une grille d’évaluation du risque disponible sur www.terresinovia.fr. En l’absence de risque agronomique, intervenir au seuil indicatif de 5 larves par pied. En cas de risque agronomique identifié, intervenir à partir du seuil indicatif de 2-3 larves par pieds.
Le recours aux insecticides doit tenir compte du statut de résistance connu ou suspecté mais également des insecticides déjà utilisés sur altises adultes ou charançon du bourgeon terminal. En effet, un mauvais choix peut entrainer un échec immédiat et exercer une pression de sélection inutile, dans un contexte ou BORAVI WG est la seule alternative sur populations résistantes et où le nombre d’application de cet insecticide est limité à 2.
Dans les départements de la Marne, de Franche-Comté, Lorraine, Seine et Marne, on signale la présence d’altises d’hiver avec des niveaux de résistance variables (mutation KDR) et de charançon du bourgeon terminal résistants aux pyréthrinoïdes (mutation KDR). BORAVI WG reste la meilleure solution sur larves d’altises. Si BORAVI WG vient d’être appliqué sur charançon du bourgeon terminal, utiliser un pyréthrinoïde sur larves d’altise est envisageable si l’on souhaite conserver la possibilité de faire une deuxième application de BORAVI WG plus tard (décembre/janvier).
Sur les parcelles avec des infestations larvaires supérieures à 4-5 larves par plante, prévoir un BORAVI 1.5 kg/ha dès que les conditions météo seront favorables (4 à 5 jours d’affilée avec des températures mini supérieures à 7°C). Le traitement devra être réalisé le plus rapidement possible. Cela oblige à remettre le pulvé hors-gel mais c’est un gage de bonnes efficacités. Les traitements trop tardifs début mars comme l’an dernier seront inefficaces sur des grosses larves indestructibles et inutiles sur des petites larves qui ne seront certainement pas nuisibles.