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Viande bovine : Hausse des coûts de production de 15 %

A la suite d’une année 2022 déjà morose, le mois de mars 2023 vient confirmer une tendance de fond : les cotations s’améliorent, mais à peu près à la même vitesse qu’augmentent les coûts de production. L’écart entre les deux ne diminue que très légèrement sur les diverses catégories animales, par rapport à celui de 2018.

Le mois de février 2023 montre la poursuite des tendances que la FNB (fédération nationale bovine) qualifie de « rupture pour la filière viande bovine ». C’est à la fois la conséquence de problèmes structurels de longue date, et d’effets conjoncturels. La filière fait face en effet à la fois à une décapitalisation du cheptel allaitant (baisse de 494 000 vaches entre le 1er décembre 2016 et le 1er décembre 2022) et à la fois à un contexte inflationniste qui certes se stabilise en février 2023, mais qui reste encore à un niveau très élevé.

Des charges toujours très élevées pour les éleveurs bovins allaitants

Cette inflation inédite se voit par la flambée des prix des matières premières subie par les éleveurs allaitants, sur les 12 derniers mois, comme le montrent les chiffres de l’Idele : aliments achetés +24,0 %, engrais et amendements +74,8 %, énergie et lubrifiants +48,6 %, matériel et petit outillage +17,7 %… Cette hausse conséquente des matières premières, couplée à une revalorisation du Smic, entraîne une augmentation des indicateurs coûts de production de 15 % rien que sur l’année 2022.

Sur le mois de février 2023, cette inflation stagne et diminue très légèrement avec un indice IPAMPA viande bovine à hauteur de 137.9 points, en diminution de 1,3 point par rapport au mois précédent. Cette diminution est due à la baisse, sur un mois, des postes « Engrais et amendements » (-11.8 points) et « Energie et lubrifiants » (-9.0 points). A partir de cette réactualisation Ipampa viande bovine, l’estimation FNB des prix de revient sur le mois de janvier 2023 est la suivante : Vache 6,10 €, génisse 6,66 €, jeune bovin 5,90 €, broutard 4,03 €.

Une embellie des cotations, bien réelles, mais clairement insuffisantes

En parallèle, la décapitalisation du cheptel bovin enclenchée s’est accélérée sur l’année passée (baisse de 110 000 têtes en 2022). Par conséquent, les abattages sont en baisse de 4 % sur l’année passée, quand la consommation en France a augmenté de 1,1 %. Cette tendance à la baisse des abattages se confirme encore sur le début de l’année 2023, avec sur les deux premiers mois de l’année, une diminution légère : -1 % d’abattages sur les 9 premières semaines de 2023 vs 2022, malgré une journée d’abattage supplémentaire en 2023, par rapport à l’année passée.

Cette offre limitée face à une demande dynamique a orienté les cotations à la hausse pour toutes les catégories animales, preuve qu’il n’y a pas de fatalité et que les prix peuvent bel et bien augmenter…

Mais cette embellie est à relativiser au regard de la hausse des coûts de production interprofessionnels. Bien que les cotations aient augmenté de +25 % sur l’année 2022, toutes catégories animales confondues (hausse de 1,04 €/kg sur le Prix Moyen Pondéré), le constat est là : cette embellie des cotations, bien que réelle, ne permet toujours pas de couvrir la hausse des charges subie par les éleveurs sur l’année écoulée. L’écart entre coût de production interprofessionnel et cotation ne diminue que très légèrement sur les diverses catégories animales, par rapport à celui de 2018. Les signes d’une amélioration de la rémunération des éleveurs bovins ne sont donc pas évidents. Le mois de février 2023 ne déroge encore pas à ce constat puisque la diminution de l’écart est surtout due à la baisse légère de l’indice Ipampa (voir graphique ci-contre).

L’indicateur “coût de production” indispensable au sein des contrats

Pour faire face à l’envolée des prix des matières premières, la contractualisation est un levier important. Il convient de rappeler ici que, dans le cadre de la loi Egalim 2, l’éleveur doit établir sa proposition de contrat à son premier acheteur et non l’inverse. Et le coût de production interprofessionnel (selon la méthodologie de calcul en date du 22 mai 2019) est, dans cette proposition, le socle indispensable à toute négociation. Le résultat de la mécanique de prix résultant de cette négociation ne sera alors plus négociable par l’aval de la filière.

Par la prise en compte du coût de production interprofessionnel dans le contrat, l’éleveur a l’assurance que la flambée des prix des matières premières sera supportée par son exploitation, de manière viable et durable. Il convient également de rappeler que la prise en compte du coût de production interprofessionnel dans un contrat, amène toujours à une meilleure valorisation que le prix du marché, même quand celui-ci augmente fortement sur l’année passée !

Enfin, cela permet de donner de la lisibilité aux éleveurs, à la filière, de la visibilité aux banquiers pour accompagner les jeunes… et avec la moitié des éleveurs qui partiront à la retraite dans les 10 années à venir, le renouvellement des générations est urgent.

FNB