Pour Stéphane Amarsy, cofondateur d’Inbox, l’IA déploie déjà son extraordinaire potentiel de transformation et révolutionne des secteurs tels que le marketing et le SAV, réduisant les délais d'exécution de certaines tâches de travail de plusieurs semaines à quelques secondes... avec des dangers néanmoins, tels que des risques de fraudes et d'impostures décuplés ! Il appelle chacun à "désapprendre et réapprendre" pour saisir les opportunités de demain, notamment en agriculture, où la robotique et la gestion des données ouvrent déjà de nouvelles perspectives.
« Mieux vaut s’occuper du changement, avant qu’il ne s’occupe de nous ». La formule choc est reprise par Stéphane Amarsy, conférencier, venu éclairer il y a quelques semaines les adhérents de la Coopération Agricole Grand Est, au sujet de son thème de prédilection : « Le futur est déjà là ! 100 % IA ». Cofondateur de Inbox, une société spécialisée dans le marketing relationnel, le Big Data et les algorithmes, il a expérimenté dans sa propre entreprise la rupture du business model permise par l'introduction de l'intelligence artificielle. Stéphane Amarsy introduit en citant Alvin Toffler « les illettrés du XXIe siècle sont ceux qui ne savent pas apprendre désapprendre et réapprendre »… Traduction : « les limites de l’intelligence artificielle, c’est nous ; tout l’enjeu est de s’ouvrir ».
Usurpations d'identité à bas coût
D’entrée il met en garde son public « ce que vous allez voir n’existe pas ». Et de dialoguer avec son double virtuel en interactivité totale. Quinze jours plus tôt, une telle prestation coûtait 15.000 dollars. Elle est aujourd’hui accessible pour un abonnement mensuel de 50 dollars. Mais, en miroir de ce tour de prestidigitation, des possibilités décuplées d'escroqueries, arnaques et fraudes à bas coût, puisque des avatars peuvent capables de donner des ordres à distance, et usurper l'identité de la personne décisionnaire en responsabilité. « Un conseil, mettez des mots de passe systématiques , notamment pour tout ce qui concerne la famille ». Le danger : l’IA explique mieux que l’humain. Stéphane Amarsy présente une étude qui conclut que l’association des applications KLARNA et CHATGPT conduit au remplacement de 700 agents dans 2,3 millions de conversations, avec la même satisfaction client et une diminution de 25 % des demandes répétées.
Quand ChatGPT apprend à compter
La toute dernière version de CHATGPT contient du raisonnement mathématique, jusqu'alors absent. Lors de l’olympiade internationale des maths, l’IA est passée de 13 à 83% de réponses exactes et s'est révélé « meilleure » que 89 % des humains. Des IA génératives s’illustrent aussi dans d’autres domaines pointus, tels que le Droit ou la médecine... Le propre de l’homme est de simplifier régulièrement, car il a du mal à synthétiser les informations. Le conférencier suggère donc de confier à l’IA l’accès à l’information nouvelle, en veillant à ne pas perdre d’expertise, ni à s’appauvrir intellectuellement.
Après avoir décrypté les sept étapes de la toute jeune histoire de CHATGPT, Stéphane Amarsy en imagine les futures : raisonnement mathématique, autonomisation, robotique, frugalité, IA générale… Mais, car il y a un mais, cette montée en puissance comporte toutefois des conséquences négatives en termes d’environnement, de mobilisation des terres rares, d’infrastructure de stockage de la Data, d’énergie… Sans compter l’acceptabilité sociale, la régulation ou pas, et les ressources financières çà mobiliser.
Cela dit, le travail va changer, c’est certain. « Nous allons devoir cohabiter ». L’agriculture est concernée à travers la robotique, la météo, la prévention des maladies, la biodynamie… La productivité qui en résulte doit être prise en compte. Mais la dimension la plus importante est celle de la croissance de la proposition de valeur avec l’IA. D’ici 2027, seulement 39 % des emplois dits intellectuels ou de bureau ne seront pas impactés par l’intelligence artificielle, affirme le chercheur. La vitesse de progression est exponentielle. « Hier une tâche qui prenait trois semaines est assurée aujourd’hui en quelques secondes ». Une métamorphose collective surgit. Il s’agit de désapprendre pour devenir acteur du futur, en valorisant les qualités humaines. « Tous les jours, il faut se dépasser » conclut Stéphane Amarsy .