Les JA et la FDSEA de Côte-d’Or organisaient une manifestation vendredi dernier devant le Conseil régional de Bourgogne Franche-Comté. Leurs homologues d’autres départements les ont rejoints, notamment les Nivernais : les lenteurs dans l'instruction des dossiers Feader nourrissent la colère syndicale.
Grosse « manif » la semaine dernière dans la capitale des Ducs ! Près de 300 agriculteurs s’étaient donné rendez-vous dans le secteur de la Toison d’Or avant de rejoindre en tracteurs le Conseil régional, au centre-ville. « Que de mal pour y arriver ! Il y avait plus de CRS que de manifestants, c’est inadmissible », tient d’ailleurs à préciser Guillaume Moyot, agriculteur à Étormay qui faisait partie du cortège. Une fois sur place, de la « souplesse réglementaire et des moyens financiers » étaient notamment demandés. En tête de gondole des mécontentements : les retards de paiement des fonds Feader. Une délégation emmenée par Jacques de Loisy et Baptiste Colson, présidents respectifs de la FDSEA et des JA21, a rencontré le Préfet et quelques élus du Conseil régional. D’autres responsables agricoles, notamment de la Nièvre, avaient fait le déplacement et participaient aux échanges. Les manifestants patientaient devant les locaux de la Région et profitaient de l’attente pour laisser quelques « petits souvenirs ».
Des nouvelles
Des « avancées concrètes » étaient attendues avec impatience. Celles-ci ont été annoncées par les responsables syndicaux rejoints par Christian Morel, vice-président du Conseil régional, en charge de l’agriculture. Premier point : pour rattraper le retard des paiements, un conventionnement allait être signé avec les Chambres d’agriculture départementales, probablement dans les jours qui allaient suivre cette manifestation. Le manque de personnel étant a priori responsable de ces retards, des agents de Chambres viendront « en soutien », pour aider à l’instruction des dossiers. Autre point : l’État devrait « mettre des moyens » pour aider la Région. Comme annoncé lors de la visite du Ministre de l’agriculture deux jours plus tôt, l’État va « reprendre et instruire 250 dossiers relatifs à la modernisation des installations agricoles en Saône-et-Loire ». Répondant à la demande de la délégation, ce soutien sera « très rapidement élargi » à tous les départements. La Région s’est également engagée à ce que « tous les dossiers déposés soient payés ». Les agriculteurs qui ont reçu un accusé de réception de leur dossier PCAE (désormais PSN) peuvent commencer leurs travaux. Concernant les DJA, la Région s’est engagée à ce que « l’ensemble des acomptes soient versés avant la fin de l’année », le versement des soldes en attente sera effectué avant la fin du premier semestre 2024. La possibilité de prêt court terme à taux 0 pour les exploitants qui ont des dossiers en attente a été confirmée, le Conseil régional prendra en charge les intérêts.
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D’autres revendications ont été portées lors de cette action syndicale, et notamment celles qui s’intéressent au loup. Nicolas Bayen, de Nod-sur-Seine, représentait les producteurs ovins de la FDSEA et a relayé une annonce du préfet, avec la venue imminente de la brigade loup en Côte-d’Or. La profession agricole reste « très vigilante » sur ces différentes annonces. « Un rendez-vous est programmé chaque mois pour faire un point régulier de l’avancement et du respect des engagements pris. Nous serons très attentifs », signalent Jacques de Loisy et Baptiste Colson.
Directement concerné
Matthieu Javelle, installé depuis deux ans sur la ferme familiale à Puits, dans le Châtillonnais, avait à cœur de participer à cette action syndicale. Ce bi-actif également salarié à la Chambre d’agriculture est directement concerné par les retards de paiement causés par la Région : « Pour ma part, j’ai démarré un projet avec mon père il y a un peu plus d’un an avec une fumière et un stockage des céréales destinées à l’autoconsommation des bovins. Dès le départ, la Région nous certifiait que tout allait bien se passer. La suite a été visiblement un peu plus compliquée… En effet, à ce jour, je n’ai toujours rien reçu, alors que le bâtiment est terminé. Je ne suis sans doute pas le plus à plaindre dans cette histoire, car les porteurs de projets actuels qui n’ont rien commencé auront entre 1 et 1,5 % de taux d’intérêt en plus… Ce montant supplémentaire sera presque plus important que ce que la Région devait initialement apporter en termes de financement… En gros, ils auront davantage perdu à attendre, que d’avoir fait les travaux sans aide. Il devient urgent de retrouver un dialogue avec la Région, nous avons besoin d’être en contact avec des personnes pour pouvoir avancer ».