Les fortes pluies de la première quinzaine de juillet ont retardé les récoltes et dégradé la qualité des grains… Les moissons se sont faites sous la pression du retour annoncé des précipitations en fin de semaine, avec à la clé beaucoup de stress, de la casse matérielle et des tassements.
Le scénario climatique de cette année 2021 ressemble fortement à celui de 2014, comme le relève Emeric Courbet, technicien en charge des grandes cultures à la Chambre d’agriculture de Haute-Saône : « 2014 était la dernière année où la qualité des qualités des récoltes (germination sur pied) a été impactée par une forte pluviométrie en juillet. Dans certains secteurs, comme celui de Villersexel, la quantité d’eau tombée est quasiment équivalente en 2014 et 2021 ! Depuis le 1er juillet, il est tombé 140 mm, dont 70 à 100 autour du 14 juillet. » Résultat, toutes les rivières sont sorties de leur lit. Dans le département de Haute-Saône, le réseau syndical a évalué les surfaces inondées. « 26 100 hectares de prairies et de cultures ont été immergés au plus fort de la crue, ce qui représente 15% de la SAU ».
Moissons retardées
Avant le 1er juillet, seulement quelques parcelles d’orge d’hiver déjà mûres avaient été moissonnées. Une nouvelle dégradation orageuse étant annoncée pour le week-end du 24-25 juillet, la moisson s’est déroulée dans des conditions compliquées.
Pour l’instant, les retours de moisson sont encore très fragmentaires et partiels. En colza, les rendements s’établiraient autour d’une trentaine de quintaux par hectare, mais avec de fortes disparités. « Cela va de 15 à 50 qx/ha, avec un petit peu de grain germés – localement de gros pourcentages ce qui peut conduire au déclassement de certains lots… », poursuit Emeric Courbet. La germination des graines de colza affecte en premier lieu le potentiel de rendement en huile (teneur en huile) de la graine.
Des poids spécifiques faibles
Du côté des orges, les poids spécifiques des premiers échantillons analysés s’avèrent bas, conformément aux attentes. Il s’agit d’un des critères de qualité en orge de brasserie, car il a une incidence en termes de stockage, de transport des lots et d’optimisation de la charge des germoirs… Pas encore d’informations sur les autres paramètres, tels que le calibrage, et le taux de protéines. « En termes de rendements, on est pour l’instant dans une petite moyenne, un peu moins de 70 qx/ha, mais c’est quand même supérieur à l’an dernier. »
La situation en blé est plus préoccupante. « Les poids spécifiques sont bas, encore plus bas que ceux prédits par le modèle Arvalis ». Plus ennuyeux, la germination sur pied, constatée dans de nombreux secteurs francs-comtois, risque de poser des problèmes de débouché. « Par chance, la fin de campagne 2020-2021 est tardive en termes de maturité physiologique des blés, beaucoup plus tardive que 2014 : on a grosso modo une dizaine de jours de retard par rapport à une année moyenne, ce qui fait qu’une partie des blés n’est pas encore mûre. »
Problèmes de tassement
Conduits dans des conditions de portance limite, les chantiers de récolte auront des conséquences sur la structure des sols. Il faut savoir que le passage des engins lors de la moisson peut représenter 25% de la surface d’une parcelle ! Le tassement en profondeur n’augmente pas avec la succession de passages, mais dépend plutôt de l’humidité du sol au moment du passage et du poids total de la machine : plus le poids est lourd, plus le tassement sera profond dans le sol. Or les moissonneuses-batteuses sont des engins très lourds… « De toute façon, il n’y a pas le choix, il faut récolter tout ce qui est mûr, les blés en priorité. Il faudra trouver des solutions après pour restaurer la structure des sols. »