Toutes les céréales ont atteint le stade épiaison. Les précipitations bienvenues ont atténué l’impact des températures élevées, mais leur caractère orageux et violent est aussi un facteur de risque…
«Cette année, la récolte des orges peut être à peine plus tardive que d’habitude, relève Emeric Courbet », en charge du dossier grandes cultures à la Chambre d’agriculture de Haute-Saône, tout en conseillant d’éviter de semer trop tard une culture dérobée estivale. Les orages qui se sont abattus sur la région au cours de la dernière décade ont apporté des quantités de précipitations significatives – et localement causé d’importants dégâts. Côté températures, il a fait chaud à très chaud « mais les sols étaient encore humides donc l’impact sur le remplissage des céréales devrait être minime », poursuit le technicien.
Maladies fongiques
En cette fin de cycle, les symptômes des maladies fongiques sont faciles à observer. « Les épis blancs sont visibles dans les parcelles de blé. » Cette blancheur est souvent causée par le mycélium d’un champignon qui tapisse les tissus de l’épi… l’incidence sur le rendement dépend de la date d’apparition du symptôme par rapport au stade du grain : les dégâts seront bien sûr plus graves au stade grain en eaux, et minimes si les épis blanchissent au stade pâteux.
De fait, plusieurs causes peuvent être responsables du blanchiment de l’épi : piétin verse, piétin échaudage, fusariose, brûlure d’azote, tordeuses. « On trouve cette année beaucoup de piétin échaudage sur blé précédent blé, orge ou maïs », poursuit Emeric Courbet, qui oriente les cultivateurs concernés vers la grille de diagnostic mise au point par Arvalis – Institut du végétal pour affiner leurs observations.
Si les symptômes sont provoqués par le piétin verse, les épis sont entièrement blancs et répartis au hasard. La tige pâlit un peu et le premier entre nœuds est nécrosé, de couleur brun. En fendant la tige en deux on observe généralement un mycelium blanc à l’intérieur.
Piétin verse vs piétin échaudage
« En cas de piétin échaudage, les épis sont entièrement blancs et la tige se dessèche souvent très rapidement également, jusqu’à parfois présenter un aspect grillé de couleur cuivre », remarque le conseiller. En prélevant délicatement quelques tiges, on peut constater qu’elles sont nécrosées de couleur noire à la base. Le système racinaire est très dégradé et présente des nécroses noires. La parcelle présente des zones plus ou moins touchées, avec parfois des contours très nets liés à des zones plus hydromorphes (battance, tassement, …). Les zones touchées ne sont pas toujours étirées dans le sens du travail du sol, mais quand c’est le cas c’est un indicateur supplémentaire.
Les fusarioses, très présentes aussi cette année, peuvent également causer des « blanchiments d’épis » : F. roseum et M. nivale touchent des épis, répartis au hasard et rarement totalement blancs. La maladie se répand en effet à partir du premier épillet touché en faisant blanchir les épillets situés au-dessus. Les fusarioses posent plus de problèmes en termes de mycotoxines que de rendement où il faut des niveaux d’attaques très élevés pour qu’elles deviennent pénalisantes. « Choisir une variété résistante à la fusariose est primordial pour votre portefeuille ! En zone non traitée fongicide, SY Adoration est la variété qui fait un sans-faute depuis deux ans, ni rouille brune, ni rouille jaune, ni fusa des épis, ni septoriose ! » A contrario, il faudra éviter à l’avenir de cultiver des variétés telles que Nemo ou Complice.