Une courte semaine de beau temps a permis de réaliser le plus gros des moissons. Un premier bilan provisoire permet d’évaluer l’impact des précipitations importantes sur les récoltes. Si le colza et les orges d’hiver sont moyens, les blés en revanche, ont davantage pâti de plusieurs accidents climatiques.
C’est avec de fortes inquiétudes et beaucoup d’appréhension que le gros des moissons a eu lieu la semaine dernière, juste avant le retour annoncé des pluies. « Les récoltes n’ont jamais pu se faire en une semaine », annonce d’emblée Emeric Courbet, technicien grandes cultures à la Chambre d’agriculture de Haute-Saône. « Entre la disponibilité du matériel et des entreprises, des conducteurs, toute la logistique, les parcelles impraticables… sans parler des imprévus, c’était impossible d’y arriver. Mais l’essentiel à été fait : quasiment 100% des orges, 70% des blés… un peu moins en colza. » De quoi tirer quelques moyennes un peu plus significatives que les premiers chiffres annoncés la semaine dernière. « Avec la limite que ce qui reste à moissonner ne va pas tirer les moyennes vers le haut », prévient le technicien.
Les blés seraient autour de 68 q/ha, les orges 67 et les colzas 32. « Des chiffres qui cachent aussi d’importantes disparités d’un secteur à un autre. » Ainsi, en blé, les semis tardifs semblent avoir mieux tiré leur épingle du jeu que les plus précoces. « Il est possible qu’ils aient été moins impactés par l’épisode de gel tardif, qui coïncidait à peu près avec le stade méiose, et qui s’est traduit par une baisse du nombre de grains par épi, une composante importante du rendement. Enfin, arrivant plus tardivement à maturité, ils ont moins souffert d’être récoltés à sur-mâturité que des blés qui étaient déjà mûrs avant le 14 juillet. » Restent qu’à 60 quintaux à 60 de PS, c’est le déclassement assuré, catastrophique économiquement. « Là où la casse est la plus importante, c’est quand il y a eu aussi des erreurs agronomiques : blé sur blé, ou blé derrière maïs… des choix qui ont favorisé l’explosion des maladies fongiques, fusariose et piétin verse. »
Qualité en berne
La qualité des récoltes a aussi souffert des excès d’eau en fin de cycle et d’une moisson retardée pour cause d’intempéries. Les poids spécifiques ont fondu, pour sûr, en orge comme en blé. Pour les autres paramètres, il faudra attendre encore un peu les résultats d’analyses. Mais le contexte national, plus favorable climatiquement cette année aux autres bassins de production (c’est surtout le nord-Est qui a souffert des fortes intempéries), complique la donne. France Agrimer annonce une récolte céréalière nationale au-delà de 53 millions de tonnes, soit près de 10 millions de tonnes de plus qu’en 2020. Il sera plus délicat pour les opérateurs régionaux de placer la récolte franc-comtoise et lorraine, alors que globalement la récolte nationale est abondante et de meilleure qualité technologique. « On n’est pas à l’abri de bonnes surprises non plus, tempère Emeric Courbet : j’ai un résultat d’analyse sur le temps de chute de Hagberg à plus de 220… » Côté colza, la germination sur pied, dans les proportions qu’elle a atteinte, ne pose pour l’instant pas trop de problèmes en termes de rendement huile, ni sur les débouchés.
De beaux maïs pour se consoler
Reste, pour se consoler, la vue des champs de maïs extrêmement prometteurs en ce milieu d’été, alors que le stade floraison est déjà atteint dans certaines stations. L’homogénéité des peuplements, la quantité de feuilles… la hauteur de végétation, contrastent visuellement avec les années précédentes. « Même chose en tournesol, où les capitules paraissent du coup petits ! ».