Réduire l’écart inter-rang d’un semis de maïs, à densité de peuplement égale, optimise la répartition des pieds et de leur système racinaire, ce qui est un atout en cas de sècheresse. C’est aussi une simplification de la chaîne de semis et binage…
La Chambre d’agriculture a reconduit cette année des essais sur la thématique de la densité du peuplement et l’écartement des semis de maïs. Une parcelle d’essais de Mathieu Constantin était justement au programme des visites grandes cultures proposées le 21 juin dernier dans le secteur de Cugney. Dates de semis, indice de précocité et écartement inter-rang sont étudiés, pour déterminer la meilleure combinaison de ces paramètres. « Le principal intérêt d’une réduction de l’inter-rang est de favoriser l’exploration racinaire, grâce à une meilleure répartition des plantes dans l’espace. C’est un levier à étudier pour les années à venir, avec l’augmentation du risque de sécheresse estivale. Avec un écartement à 50 cm, on a une couverture du sol plus rapide, moins d’adventices, moins d’asséchement du sol en cas de semis tardif et une moindre concurrence sur le rang, car les graines sont plus écartées entre-elles. », introduit Emeric Courbet, le technicien responsable du suivi de ce programme d’expérimentations. « Dans les années 90, la réduction de l’inter-rang avait été testée sans réduire l’écart entre les plantes sur le rang, pour augmenter la densité du peuplement et le rendement à l’hectare. On avait une augmentation du rendement matière sèche, au détriment de la production de grain. L’idée maintenant c’est de garder la densité de peuplement objectif, de l’ordre de 95 000 pieds à l’hectare. En réduisant l’inter-rang de 80 à 60 cm, on passe d’un écart sur le rang de 13 à 18 cm, soit +50% d’espace entre les pieds. On en attend un effet favorable pour l’exploration racinaire, qui devrait faire la différence dans un contexte où le facteur limitant est l’alimentation hydrique… Cette année ça ne sera vraisemblablement pas le cas, mais l’essai garde tout son intérêt. »
Cohérence avec les autres itinéraires techniques
La synthèse des essais conduits par la CA70 en 2023 a mis en évidence que l’avantage en termes de rendement est plus marqué (+13%) pour un indice de précocité faible (380), que pour un indice élevé (530), où il s’établit à +6,5%. Mathieu Constantin, qui exploite cette parcelle, expose les motifs de son intérêt à la réduction des inter-rangs. « C’est principalement la simplification de ma chaîne de semis qui m’intéresse : pour le matériel de semis et de préparation du sol, avec le tournesol, le blé… ça évite les manipulations et les réglages. La seule difficulté pour nous, ça a été de convaincre l’entrepreneur qui récolte notre maïs grain de s’équiper en becs écartés à 50, pour éviter les pertes à la moisson. »
Sur le plan agronomique, outre une meilleure exploration racinaire, l’inter-rang réduit permet aussi d’atteindre plus rapidement « l’effet parapluie », ce stade où la couverture du maïs intercepte suffisamment la lumière pour étouffer les adventices. Le peuplement valorise aussi plus rapidement la lumière qu’il reçoit : ce sera peut-être plus visible cette année, dans un contexte de déficit d’ensoleillement printanier ? Rendez-vous aux réunions techniques de l’automne prochain pour tirer les enseignements de cette nouvelle vague d’essais.
« En matière de densité, on évitera de descendre en dessous de 75 000 pieds/ha pour ne pas limiter le rendement, et avec de petits indices on peut augmenter la densité de semis. Pour les gros indices, le semis à 75 000 pieds offre la meilleure rentabilité. », conclut Emeric Courbet.