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Transition progressive au menu des laitières

Les températures clémentes de ce début avril sont favorable à la pousse de l’herbe. Crédit photo : A.Coronel
Les températures clémentes de ce début avril sont favorable à la pousse de l’herbe. Crédit photo : A.Coronel

Le système digestif des herbivores ruminants a besoin de temps pour s'adapter à une nouvelle alimentation, surtout lorsque l'on passe d'une ration foin à une ration herbe. Il faut donc soigner sa transition alimentaire au moment de la mise à l'herbe.

Grâce aux dernières pluies et sous l’effet de températures clémentes, la pousse de l’herbe a démarré dans la plupart des secteurs, notamment en plaine. Le repère pour la mise à l’herbe est de 200°Cj pour les petits ruminants et 300°Cj pour les bovins dans le cas du déprimage de parcelles de foin (on parle ici de cumul de températures en base 0°C au 1er février). Concrètement ce déprimage pourra débuter dès que l’herbe atteint 8 cm pour les bovins « soit la hauteur de la cheville », précise Margaux Reboul Salze, conseillère fourrage à la Chambre d’agriculture de Haute-Saône. Pour les ovins, 6 cm suffisent. Les expériences des précédentes campagnes incitent à tirer parti de la ressource herbagère dès que possible, moyennant certaines précautions. Néanmoins, le seul critère de la hauteur d’herbe ne suffit pas, puisque la portance des sols peut être un facteur limitant…

Premières sorties pour une transition douce

La phase initiale de mise à l’herbe ne répond pas seulement à un objectif de transition alimentaire, elle constitue aussi un levier de gestion de la saison de pâturage. Les premières sorties préparent la transition alimentaire et permettent aux vaches de se réhabituer en douceur au régime herbager. La conseillère insiste d’ailleurs sur l’adaptation indispensable des papilles et de la flore microbienne du rumen (qui prend de trois à six semaines). Le début du pâturage présente en effet une période à risque en matière de besoins alimentaires et métaboliques, risques amplifiés par les caractéristiques de la jeune herbe printanière (riche en eau, en sucres rapidement fermentescibles, en azote soluble et en potassium)… ce qui peut accélérer . « D'où l'importance de faire sortir les animaux progressivement 2h au début, puis une demi-journée puis seulement toute la journée. La transition doit se faire sur une période de deux semaines minimum pour éviter tout problème. Faites également attention à la complémentation en minéraux pour éviter la tétanie d'herbage ! » Pour éviter que les vaches ne fassent des repas trop copieux, il est conseillé de les laisser sortir une fois qu’elles ont le ventre plein, après le premier repas qui suit la traite par exemple. Au cours de cette période où se conjuguent les facteurs de stress (changements d’habitudes de vie du troupeau, activité physique, forte amplitude de températures…) l’observation régulière et attentive du comportement des animaux est de mise, de manière à détecter tout signe de trouble digestif ou de maladie, et pouvoir agir rapidement en cas de besoin. La mise à disposition de foin compense, au moins partiellement, la pauvreté en cellulose de l’herbe printanière. Au bâtiment comme au pâturage, les animaux doivent continuer à disposer de minéraux, de fibres et d’eau de qualité sanitaire correcte.

Repères de hauteur et jours d’avance

Un repère pratique, pour bien gérer la phase de mise à l’herbe, consiste à s’appuyer sur une estimation du stock sur pied, traduit en nombre de jours d’avance. Dès que le seuil des 10 jours d’avance est atteint, la période de déprimage est terminée, et on peut passer sur des niveaux de chargement de pâturage avec lesquels l’herbe assure l’essentiel de la ration. La hauteur d’herbe nécessaire, mesurée à l’herbomètre, varie de 8 centimètres (prairie à faible potentiel) à 10 centimètres (fort potentiel) pour pouvoir sortir avec une marge de sécurité suffisante, et arriver progressivement à environ 20 jours d’avance. Dans le même temps, un apport de foin assure une transition alimentaire optimale. Une sortie précoce permet de terminer suffisamment tôt le premier cycle de pâturage par rapport aux dates d’épiaison de certaines graminées. Cela évite aussi d’être débordé par l’herbe.