L’Autunois-Morvan a fait l’objet d’une étude pour évaluer les impacts du réchauffement climatique sur la production de viande bovine. Baptisé Climaviande, ce projet national conduit par l’Institut de l’Elevage et financé par Interbev, permet d’ores et déjà d’anticiper.
Interbev a financé Climaviande, une étude visant à évaluer les impacts du changement climatique sur les élevages bovins allaitants. Conduit par l’Institut de l’Elevage, ce programme a porté sur trois territoires français : bassin limousin, Pays de Loire et bassin charolais. Pour ce dernier, c’est le nord-ouest de la Saône-et-Loire qui a été retenu (l’Autunois-Morvan) et la Chambre d’agriculture a été le partenaire de terrain de ces travaux inédits.
« Crash test climatique »
La première étape a consisté en un état des lieux des régions concernées avec le relevé des données météo et la caractérisation des itinéraires techniques des exploitations sondées (rendements, dates de semis, mise à l’herbe, vêlage, récolte, fertilisation…). Ce travail a été conduit par les conseillers de la Chambre d’agriculture avec un groupe d’agriculteurs du secteur (La Grande-Verrière, Tavernay, Monthelon).
Eleveurs, experts et conseillers ont pris part à un « Rami Fourrager », outil de « co-conception » imaginé par l’Inrae permettant « de modéliser et de reconfigurer un système ». Partant d’un exemple représentatif des pratiques locales (120 vaches, 155 ha, 2 UTH, finition des vaches, génisses et taurillons, ensilage de maïs) et basé sur les références fourragères moyennes de la période 1989-2018, ils se sont projetés dans les conditions du futur (2035-2064). Le modèle a même subi un « crash test climatique », c’est-à-dire qu’il a été soumis à un aléa climatique typique du futur, de sorte à imaginer la meilleure manière de s’y adapter.
Sécheresses plus fréquentes
Les simulations agronomiques révèlent que l’augmentation de température n’aurait pas que des effets négatifs. Au printemps, cette augmentation pourrait permettre d’avancer la mise à l’herbe (jusqu’à quinze jours plus tôt dans un futur lointain). Mais en été, l’augmentation des épisodes caniculaires impliquerait un arrêt de la croissance de certaines espèces prairiales et un stress thermique plus ou moins marqué chez les animaux, confirme-t-on.
Les simulations réalisées mettent en évidence un démarrage en végétation plus précoce accompagné de bonnes conditions au printemps, qui permettraient ainsi d’avancer la mise à l’herbe, les premières coupes et les semis des cultures de printemps. En été, l’augmentation du déficit hydrique se traduirait par un ralentissement de la croissance de l’herbe plus marqué et plus long. En revanche, la reprise automnale pourrait se prolonger en fin de saison.
L’herbe pousserait donc plus tôt au printemps et plus tard à l’automne, mais avec un ralentissement d’été plus marqué.
Davantage de stocks
À l’échelle des exploitations, ces évolutions risquent d’aller dans le sens d’un accroissement de la part d’herbe stockée, à la fois du fait d’un pic de production printanière accru et de besoins nouveaux d’affouragement en été. L’adaptation serait alors de distribuer cet excédent de printemps aux animaux en été. La période de plein pâturage sans distribution de fourrage serait raccourcie à 4 mois seulement.
Pour parer au déficit fourrager provoqué par un aléa climatique attendu en moyenne une année sur cinq, la solution serait de constituer un stock de secours en générant des excédents quatre années sur cinq.
Des marges de manœuvre
Des solutions agronomiques sont évoquées avec par exemple la culture de méteils ou des doubles fauches précoces, dans la limite des débits de chantier et des fenêtres météorologiques propices. L’accroissement de la sole céréalière est une autre option envisageable. Enfin, la luzerne est un levier d’adaptation intéressant tant elle serait favorisée par ce nouveau contexte climatique.