Vous êtes ici

Printemps arrosé, printemps compliqué

La croissance de l’herbe a repris, mais les épisodes pluvieux qui se succèdent sans répit ne facili-tent pas son exploitation. Crédit photo : AC
La croissance de l’herbe a repris, mais les épisodes pluvieux qui se succèdent sans répit ne facili-tent pas son exploitation. Crédit photo : AC

Depuis le 1er mars, les précipitations sont quasi-quotidiennes, avec seulement deux courtes fenêtres de quatre jours sans pluie. Cette climatologie complique l’exploitation de l’herbe, en fauche comme en pâturage.

Le retour de températures douce, après le coup de froid de la dernière décade d’avril a permis à la pousse de l’herbe de repartir… Malheureusement, la succession quasi ininterrompue d’épisodes pluvieux sur toute la région – plus marqués sur les reliefs en cumuls de pluie - compliquent à la fois le pâturage et la fauche. L’exploitation de l’herbe devient de plus en plus complexe. La portance est régulièrement trop limitante pour le matériel agricole comme pour les animaux, tandis que l’herbe continue à avancer en stade végétatif. Déjà commencée depuis deux semaines, la dégradation de la valeur alimentaire l’herbe (pâturée, comme fauchée), de son appétence et de sa fermentescibilité va se poursuivre, même sous un ciel maussade et parfois orageux. Afin de néanmoins conforter le pâturage durant ces prochaines semaines orageuses, plusieurs leviers peuvent être actionnés et réfléchis, tandis que certains écueils seront à éviter. En premier lieu, essayer d’éviter le pâturage sur des prairies présentant une trop forte hauteur d’herbe pour le pâturage (> 12 cm hauteur écrasée), en débrayant ou en étêtant ces parcelles. Second point, tenter de limiter le matraquage par le piétinement des prairies permanentes ou temporaire de plus de trois ans, moins résilientes. Et systématiser l’incorporation de surfaces additionnelles dans le circuit de pâturage. Enfin, ajuster si possible le mode de valorisation des fourrages, selon les besoins nutritionnels des animaux et le stade végétatif des prairies (éviter d’ensiler des prairies au stade pleine/fin épiaison).

Limiter les conséquences du piétinement

Les séquelles du piétinement des animaux qui pâturent sur des sols saturés en eau peuvent se prolonger durant le reste de l’année, voire plus tard (disparition de certaines espèces d’intérêt fourrager, fertilité physique amoindrie, …). Les effets de ce matraquage peuvent être amplifiés par le maintien sur pied de refus très développés (plus de 25% surface de la parcelle à la sortie des animaux), générés par le pâturage d’une herbe trop haute et peu appétente (épiaison). Plusieurs leviers non exhaustifs peuvent être combinés en attendant une fenêtre de météo favorable pour la fauche. L’essentiel est de disposer de 15 à 21 jours maximum d’avance au pâturage pour ces deux prochaines semaines, avec des hauteurs d’herbe d’entrée à 9-10 cm max). Il convient alors de : débrayer des parcelles de pâturage trop hautes (et trop avancées en stade) pour une fauche dès le prochain créneau (même pour des récoltes de l’ordre d’1,5 t MS/ha) avec pour objectif de disposer de 15 à 21 jours maximum d’avance au pâturage d’herbe ; insérer dans le circuit de pâturage des surfaces additionnelles, partiellement et temporairement ; étêter toutes parcelles dédiées au pâturage ces prochains jours qui risquent d’être un peu trop hautes (> 10-11 cm) et/ou qui sont épiées, et faucher les refus de ces derniers jours, sous condition de sol encore portants.

Penser à la suite

Les conditions météorologiques de ce printemps 2024, avec des prévisions encore pluvieuses à 10 jours semblent promettre un prolongement de la durée de pâturage en fin de printemps et début/plein été, à condition de planifier ces futures surfaces de pâturage dès à présent. Plusieurs leviers peuvent être choisis, voire combinés, selon le contexte pédoclimatique et les besoins des animaux : cibler les prairies de fauche ou de pâturage printanier qui peuvent prolonger le pâturage en juin (dactyle, trèfle violet, certaines prairies multi-espèces) et écarter les prairies les moins adaptées (prairies fortement pâturées ce printemps, par exemple) ; préparer des surfaces de prairies séchantes, poussantes en fin de printemps avec un bon potentiel de valeur alimentaire (riches en graminées non remontantes et légumineuses), en fauchant « haut » au prochain créneau et en ayant une fertilisation adaptée ces prochains jours ; réfléchir dès à présent à implanter des dérobées fourragères estivales pâturables (sorgho multi-coupe, moha ou avoine et trèfle d’Alexandrie, teff-grass, colza fourrager de printemps.