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Prairies multi-espèces : côté suisse

Visite de l’entreprise Schweizer, spécialisée dans la production de semences fourragères, de gazon d’ornement. Crédit photo : GAB70
Visite de l’entreprise Schweizer, spécialisée dans la production de semences fourragères, de gazon d’ornement. Crédit photo : GAB70

Fin 2023 un groupe d'éleveurs du GAB de Haute-Saône s'est rendu en Suisse pour échanger autour des prairies multi-espèces en visitant notamment l’usine de semences fourragères « Schweizer » ainsi que deux fermes laitières biologiques. L'occasion d'échanger aussi sur les stratégies de renouvellement du troupeau et l’élevage des génisses.

La dynamique des éleveurs laitiers bio de Haute-Saône est toujours à l'œuvre. Animé sous forme de GIEE (Groupement d’intérêt économique et environnemental), avec un nouveau financement accordé en 2024 pour une durée de cinq ans, ce collectif s'attèle à des thématiques de travail variées ! A commencer par aller voir ailleurs pour enrichir ses réflexions, comme ce fut le cas en décembre dernier, du côté de la Suisse voisine.

Une usine de semences suisses mondiale

La Suisse est réputée pour sa rigueur, que ce soit dans la façon de travailler ou les produits proposés. L’entreprise Schweizer exporte aujourd’hui dans le monde entier son savoir-faire. Elle est spécialisée dans la production de semences fourragères, de gazon d’ornement et développe une gamme autour de l'oisellerie. Proposer des mélanges fourragers diversifiés constitue le cœur de métier de ces semenciers : « l’effet association légumineuses graminées est aussi bénéfique que des engrais » témoigne Tanja, responsable produit. Les Haut-Saônois remarqueront lors de cette journée que peu de réflexions sont portées sur des espèces plus résistantes à la sécheresse car la problématique n'est pas encore actuelle dans les terres fertiles de Suisse. Arnaud Lemercier s’étonne également « on parle de semences suisses en pensant que cela se rapproche de notre terroir mais en réalité elles sont multipliées dans le monde entier alors il n’y a plus de notion d’adaptation ». Effectivement l’exigence que porte l’entreprise sur la qualité des semences s’articule autour d’un taux de germination supérieur aux normes européennes en vigueur et d’une pureté plus stricte notamment au niveau du nombre de graines de rumex, ce qui justifie leur coût élevé.

Des fermes intensives et organisées

Mélangeuse à poste fixe où l'ensilage d'herbe de maïs et le concentré arrivent automatiquement depuis les silos verticaux, la ration est ensuite acheminée devant les cornadis par système de tapis. Crédit photo : GAB70Non soumise au directives européennes, la Suisse possède de nombreuses spécificités, y-compris dans le domaine de l'agriculture. Les deux fermes visitées lors de ce séjour nous ont montré un côté à la fois très intensif et organisé. A la ferme de Mathias et Sarah située au cœur d’une petite montagne verdoyante on produit 300 000 L de lait sur 100 ha, la traite est robotisée et toute la ligne d’alimentation des vaches est automatisée. Des tuyaux reliés aux différents silo (herbe, maïs, céréales) acheminent la ration en proportion pilotée par l’éleveur dans une mélangeuse en poste fixe fonctionnant au GNR. Une fois mélangée la ration est distribuée par tapis fixe au-dessus des auges. Un système de bâche tendue permet de repousser, là aussi de manière automatisée, devant les cornadis. Pour le pâturage, chaque petite parcelle a sa propre porte de pâturage automatique afin de gérer les flux au robot.

Mathieu et Stéphanie témoignent, « nous fonctionnons encore beaucoup sous forme de fruitières ». A la ferme du Saucy, le lait pour la filière gruyère bio est valorisé à un équivalent de 1070 euros la tonne et l’œuf bio est vendu à une GMS locale à 0.42 centimes départ ferme. Un système plus strict, avec des stratégies de production plus intensives, mais protégé par des prix rémunérateurs où le travail de l’agriculteur semble être valorisé à juste titre. Cependant il ne faut pas oublier que de l’autre côté de la frontière, le coût de reprise des fermes s’avère au moins deux fois plus élevé qu’en France avec des fermages tout aussi conséquents. « Le foncier est également très difficile d’accès il est protégé même pour construire en agricole » ajoute Mathieu.